Ce dimanche tu décroches l’une de tes plus belles victoires en remportant Gent Wevelgem au sprint massif. Par quelles émotions es-tu passée durant la course ?
Au départ j’étais très détendue, je n’avais pas l’impression d’être sur une Coupe du Monde. En plus, être à côté de sa meilleure amie sur une aussi grosse épreuve, ça te rassure encore plus. Pendant la course, j’étais assez réactive, très motivée et toutes les filles de l’équipe de France me parlaient, c’était important. Lorsque j’ai su que ça allait arriver en sprint massif, j’ai ressenti un peu la pression montée, mais ça devait être du bon stress.
Les pavés, les chutes, les cassures… Comment avez-vous réussi à éviter les pièges de la Belgique avec l’équipe de France ?
Avec les filles nous avons essayé de courir le plus à l’avant possible. Lorsqu’il y a eu la grosse chute à la mi-course, Jade avait été bloquée mais elle est vite rentrée. Après ça, les filles ont attaqué les unes après les autres.
Penses-tu être « taillée » pour ce type de course de guerrières ? As-tu réalisée une préparation spécifique ?
Je pense que ce type de course peut me convenir, car ça ressemble fortement à mes routes d’entraînements. Paris-Roubaix passe à moins de 20 kilomètres de chez moi, il y a beaucoup de vent, des bordures, un temps de flahute et des parcours relativement plat. J’aime aussi beaucoup les circuits très durs et pour puncheurs. J’apprécie également énormément la Belgique. Je n’ai pas fait de préparation spécifique mais je me suis entraînée très dur ces dernières semaines et le travail a été récompensé.
L’an dernier tu as vécu une saison compliquée en étant au repos forcée suite à plusieurs chutes. Penses-tu que cette période a endurci ton mental ? Que tu as plus de rage ?
Ça a endurci mon mental c’est sûr. Sur le coup, j’ai eu du mal à accepter mon sort, ça a été très dur. J’ai dû beaucoup travailler avec mon préparateur mental et maintenant, grâce à cette victoire, la page commence à se tourner. Pour ne pas mentir, quand je suis sur la ligne de départ je n’ai qu’une envie, c’est de montrer de quoi je suis capable, de rattraper mon « année de retard ». Une fois l’arrivée passée dimanche, j’étais tellement heureuse que je n’ai pas arrêté de crier et je n’ai pas su contenir mes larmes.
Plus globalement, quelles sont tes ambitions pour ta dernière année chez les juniors ?
J’aimerai briller sur les Coupes de France qui ont des profils révélateurs ainsi que sur la quatrième Coupe du Monde aux Pays-Bas. Enfin, les championnats d’Europe route et contre-la-montre ainsi que les mondiaux sur piste, sur route et en chrono, seront des moments importants.
Quelle course te fait rêver ?
La course qui me fait rêver ? Bien évidemment les Jeux Olympiques, car c’est la course dont tout le monde se souvient et dont rêve chaque cycliste. Je ne refuserai pas non plus un Paris-Roubaix femmes.
Comment arrives-tu à concilier l’école, les entraînements et les compétitions ? As quoi ressemble une semaine type ?
Je fais en sorte que tout aille pour le mieux. Après avoir roulé, je travaille car je sais que chez les femmes il est difficile de vivre de son sport et c’est bien dommage. Le lundi généralement nous faisons une récupération sur piste puis le mardi nous avons une séance de musculation le matin et du travail de poursuite par équipes le soir. Ensuite, le mercredi nous sortons sur route, le jeudi une séance de renforcement pour le haut du corps et le vendredi une séance spécifique sur piste ou sur wahoo. Enfin, le samedi c’est le déblocage avant la course du dimanche.
Quel est ton péché mignon ?
Les pâtisseries que je prépare avec ma meilleure amie, Jade Wiel.
Si tu veux rajouter des choses, ou faire des remerciements, n’hésites pas.
Je tiens tout d’abord à remercier l’équipe nationale pour ce week-end à Gent-Wevelgem, du gros travail effectué par les filles tout le long de la course aux staffs qui nous met dans les meilleures conditions, Simba, Fabrizo et Julien Guiborel. Merci aussi à mes entraîneurs du pôle France, Léonard Cosnier et Samuel Monnerais mais surtout à ma famille qui me suit au quotidien et qui fait tout pour moi. Enfin je n’oublie pas Alain Midelet (Cafougnette) qui est toujours présent et bien entendu Jade Wiel qui me soutient dans les moments difficiles et qui me motive à chaque moment.
Par Maëlle Grossetête