Phénoménale Amalie Dideriksen. Difficile de qualifier autrement la jeune Danoise, qui s’impose au sprint au nez et à la barbe des roublardes que sont Kristen Wild ou encore Lizzie Deignan (anciennement Armistead), pour empocher son premier maillot arc-en-ciel chez les élites. Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas à Doha. Les gratte-ciels n’ont pas bougé, le vent s’est légèrement levé et les Qataris ne semblent visiblement toujours pas intéressés par ce qui se passe devant chez eux. Mais aucune course ne se ressemble ; si celle des Juniors s’est avérée enthousiasmante, pleine de spectacle, et finalement sacrant un homme seul, devant un groupe d’une quinzaine d’unités.

Le rythme de course reste toujours aussi élevé (42 km/h en moyenne), la faute au parcours sans aucune difficulté à signaler, et avec un vent qui commence à se lever. Le parcours urbain proposé par Doha, avec ses virages constants et ses nombreux rond-points, ont seulement vu une femme prendre la poudre d’escampette, et non des moindres : Amber Neben, sacrée championne du monde du contre-la-montre mardi. La coureuse américaine tente sa chance en solitaire à 42 kilomètres. Derrière, le peloton mené par Marianne Vos et ses coéquipières néerlandaises mènent l’allure, et contrôlent leur retard sur la tête de course, cinquante secondes devant.

Le peloton ne fait qu’une bouchée d’Amber Neben à l’entame du dernier tour, alors que la cloche sonne, et que la quête de l’arc-en-ciel se rapproche de plus en plus. Les Néerlandaises ont alors accéléré l’allure, causant la perte de plusieurs coursières ne pouvant plus suivre le rythme du peloton. L’image d’Annemiek Van Vleuten en tête de peloton fait forcément plaisir à voir. La Néerlandaise s’était en effet causé la frayeur de sa vie, en chutant très durement lors de l’épreuve en ligne des Jeux Olympiques, à Rio. La voir inconsciente sur le bas-côté de la route, est l’un des moments marquants de la saison cycliste, voire sportive. Deux mois plus tard, la voilà en tête de peloton, à durcir l’allure pour Kristen Wild.

Le train orange déraille quelque peu dans les derniers virages, et se désorganise, laissant ainsi la place aux autres trains, danois et italiens. Non loin, la Bretonne Aude Biannic manœuvre pour permettre à Roxane Fournier d’aborder le dernier kilomètres dans les meilleures dispositions possibles. Dans la dernière ligne droite, Kristen Wild semble partie pour remporter le titre, sauf qu’elle se fait dépasser sur la gauche, dans les derniers instants, par la jeune Danoise Amalie Dideriksen, vingt ans seulement. La voilà championne du monde élites, devant Wild et Lotta Lepisto (Finlande).

« Je me suis battue pour prendre la roue de Wild qui était la grande favorite. C’est une surprise pour tout le monde. Je vais vite au sprint mais de là à gagner le championnat du monde… », a réagi la nouvelle porteuse du maillot arc-en-ciel. Pourtant, Amalie Dideriksen est loin d’être une inconnue. La jeune Danoise, vingt ans seulement, s’est fait connaître pour avoir été sacrée double championne du monde juniors, en 2013 et 2014. Elle a également terminé cinquième des derniers Jeux Olympiques de l’omnium, à Rio. Sur l’île artificielle de The Pearl, le monde du cyclisme tient sa perle, c’est le cas de le dire !

Côté Français, Roxane Fournier prend la sixième place du classement. « Je me suis fait enfermer sur la droite, Aude était avec moi jusqu’au kilomètre après je ne l’ai plus vue. J’étais dans la roue de Jolien D’Hoore dans le final, et quand je veux lancer mon sprint, Armistead (NDLR : Elizabeth Deignan depuis quelques semaines), me coince dans les barrières, et je suis obligée de freiner. Je perds de la vitesse, et après le temps de relancer. Je ne peux pas faire mieux, alors qu’il y avait les mieux de faire bien mieux », regrette la coureuse du Poitou-Charentes Futuroscope 86. Les larmes aux yeux, elle rajoute : « Je suis persuadée que si je ne mets pas ce coup de frein, je suis capable d’aller chercher le podium. C’est le sprint, c’est comme ça. Cela fait partie de la course aussi ».

 

1. Amalie Dideriksen (DEN), les 134,1 km en 3 h 10:27.

2. Kirsten Wild (DEN) m.t.

3. Lotta Lepistö (FIN) m.t.

4. Lizzie Deignan (GBR) m.t.

5. Marta Bastianelli (ITA) m.t.

6. Roxane Fournier (FRA) m.t.

7. Chloe Hosking (AUS) m.t.

8. Sheyla Gutierrez (ESP) m.t.

9. Joëlle Numainville (CAN) m.t.

10. Jolien D’Hoore (BEL) m.t.