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 « Vouloir gagner de l’argent trop vite ça n’aide pas à donner le meilleur de soi-même » 

Pouvez-vous nous parler du groupe, de son potentiel, de ses faiblesses?

« Nous avons deux coureurs qui sont capables d’élever le niveau du groupe: Alan Riou et Thibault Guernalec. Ce sont des garçons qui n’hésitent pas à prendre la parole, c’est toujours utile pour les jeunes qui apprennent plus vite de ce fait. On peut prendre l’exemple de Florentin Lecamus-Lambert. Même si il avait une grosse expérience internationale, on se rend compte qu’il y a encore des choses à améliorer, et le fait qu’il soit aux côtés de ces deux garçons ça l’aide. Je pense que c’est la même chose pour Alan Boileau. Pour moi il reste la révélation du championnat de France où il est allé chercher la quatrième place lors du chrono alors qu’il a un problème mécanique. Sans ça, il aurait fait deuxième. Pour un espoir qui était inconnu du public la saison passée, c’est plutôt très encourageant. On arrive à aller chercher des petites pépites, qu’on a la chance d’avoir en Bretagne, et à les faire émerger. Je ne suis pas inquiet pour la saison prochaine. »

Votre mode de fonctionnement semble plutôt pérenne…

« Oui, mais maintenant ça devient parfois compliqué de recruter des jeunes. Heureusement qu’il y en a qui ne voient pas que le côté financer et qui nous font confiance gâce à cette continuité dans nos résultats. Il nous manque peut-être juste une vitrine supplémentaire pour pouvoir être la réserve d’une équipe pro. Après ça reste de l’accessoire, je pense qu’on fonctionne bien dans notre schéma actuel et on arrive à s’en sortir quand même. » 

Et financièrement, comment ça se passe? 

« En ce qui nous concerne, nous fonctionnons avec une partie de subventions et une autre basée sur des investissements privés. On a également monté un club d’entreprises partenaires avec des cotisations. Notre particularité c’est de fonctionner avec des bénévoles. C’est peut-être le secret de notre réussite: avancer avec des passionnés. Je pense que dans d’autres équipes ce n’est plus la passion qui est mise en avant mais plus le côté financier. La différence est peut-être là… Aujourd’hui ça m’écoeure de voir des équipes proposer 300, 500 ou 600 euros à des jeunes qui sortent de la catégorie junior. Ça m’effraie même. Je me dis qu’ils sont en train de tuer le vélo.

Alan Riou, Team Pays de DinanAlan Riou, Team Pays de Dinan | © Team Pays de Dinan

Qu’es-ce que ça vous inspire?

« Pour gagner de l’argent dans le vélo, des garçons comme Alan Riou ou Thibault Guernalec ont compris qu’il fallait « marcher ». Vouloir gagner de l’argent trop vite ça n’aide pas à donner le meilleur de soi-même. D’ailleurs les équipes qui procèdent ainsi ne sortent pas grand monde. Avoir 400 000 ou 500 000 euros de budget ne fait pas sortir des futurs pros automatiquement. Pas plus tard qu’il y a quelques jours nous avons fait la demande auprès d’un jeune coureur mais il prend déjà 300 euros dans un club breton. Forcement on en peut pas rivaliser et on ne veut pas rivaliser, ni même aller sur ce terrain-là. Ce n’est pas notre politique, ça ne le sera jamais. C’est peut-être facile de tenir ce discours aujourd’hui quand on a un petit budget. Si demain l’équipe a un gros sponsor, je ne sais pas ce que je ferai. Une chose est sûre, si l’équipe Team Pays de Dinan perd son âme, ça ne durera pas longtemps; les dirigeants actuels ne s’y retrouveraient pas. La vie des équipes qui fonctionnent comme la nôtre durera tant que les grosses formations n’arriveront pas à tuer ce système. Il faut composer avec la baisse des subventions et rechercher des partenaires privés qui sont de plus en plus compliqués à trouver. Tout ça aura peut-être une fin une jour car on ne pourra pas survivre face à des mastodontes. » 

Vous êtes au sein du club depuis un moment, quel regard portez-vous sur la structure, sur le travail qui est accompli?

« Quand on voit d’où est partie l’équipe et où nous en sommes aujourd’hui, on peut être satisfait. En 2008/2009 c’était l’entente du Pays de Dinan, un rapprochement des trois clubs de Dinan: le V.C Dinannais, l’U.C. Guinefort et Rance Frémur. Depuis, cette entente a évolué en club. Je tire mon chapeau à ceux qui étaient de l’aventure au départ: André Picouët, Michel Danjou, François Journiaux. Si ils n’avaient pas eu autant de patience et d’envie, l’équipe ne serait pas là où elle est. Ces trois personnes-là font partie de ceux qui ont crée l’entente. Merci à eux car aujourd’hui ce sont nous et les coureurs qui en bénéficions. J’imagine que c’est une fierté pour eux d’avoir réussi tout ça. »

A court ou moyen terme, comment aimeriez-vous voir évoluer le club? 

« La DN1 n’est pas adaptée au Team Pays de Dinan à l’heure actuelle, mais si demain un gros sponsor se manifeste pourquoi pas, même si je pense qu’on perdrait un peu de notre âme et c’est ce qui me fait peur. L’objectif c’est d’être en capacité de pouvoir monter. Si on a pas de sponsor ou des subventions supplémentaires on n’ira pas couler le club. A l’heure actuelle on arrive à faire avec peu. »

Avez-vous des relations ou des aides de la part d’équipes professionnelles?

« On a fait la demande à certaines équipes, mais celles qui nous ont répondu nous ont dit qu’elles n’étaient pas dans cette optique là. Le fait que la formation Côtes d’Armor-Marie Morin-Véranda Rideau devienne l’équipe réserve du Team Israël Cycling Academy, ou que le V.C. Pays de Loudéac soit la réserve de Vital Concept, pourrait faire changer le point de vue de certains. Une aide matérielle serait déjà la bienvenue pour nous. Si une équipe veut nous faire cette offre, on est preneurs.

M.L.