Stéphane Bauchaud | © Florian Delage
Le dénouement est cruel. Avec une dix-neuvième place finale en Coupe de France, Océane Top 16 s’est vu relégué en DN2. Evidemment déçu, mais pas abattu pour autant, le directeur sportif de l’équipe charentaise, Stéphane Bauchaud, s’est confié sur ce cru 2018 et sur la prochaine saison, qui s’annonce décisive pour l’avenir d’Océane Top 16.
Quel bilan tirez-vous de cette saison 2018 et de cette relégation en DN2 ?
Nous avons vécu notre pire saison depuis dix ans. Mais à l’époque, il n’y avait pas de montées et de descentes… Cette saison, nous avons été bons en dehors de la Coupe de France avec plusieurs top cinq. Tout n’est pas à jeter. Mais en Coupe de France, nous n’avons jamais réussi à marquer de points. Structurellement, cette descente est difficile. Mais nous devons vivre avec.
Le budget va-t-il être revu à la baisse à cause de cette descente ?
Les collectivités ont décidé de nous accompagner la saison prochaine malgré la descente. La région aussi. Nous avons un an de sursis. Il nous faut donc retrouver absolument la DN1 en 2020. Sinon, nous serons obligés de réduire la voilure.
L’objectif sera donc la remontée immédiate dès l’an prochain ?
Nous souhaitons figurer dans le haut du classement et former nos jeunes coureurs. Notre moyenne d’âge est très faible, aux alentours de vingt-et-un ans. Nous avons donc un an pour les former et restructurer l’ensemble de l’équipe. Nous avons des coureurs très prometteurs.
Quel est votre plus beau souvenir cette saison ?
(Il réfléchit longuement) Je dirais la victoire de Ludovic Nadon au Tour du Piémont Pyrénéen. C’est la victoire d’un taiseux, d’un mec de l’ombre, tout le temps présent pour aider et qui a attendu ses vingt-huit ans pour s’offrir sa première victoire en élite.
Quel regard portez-vous sur Valentin Petiteau et Tom Mainguenaud, auteurs d’une belle saison ?
Tom est un coureur en devenir, qui on l’espère, atteindra rapidement ses objectifs. Valentin, lui, a été plus à l’aise sur le front international que sur le plan national. Mais il a réalisé dans l’ensemble une excellente saison. Ce que je regrette, cette année, c’est le positionnement de la btwin, qui n’est pas affiliée à la Fédération Française de Cyclisme, et qui oriente ses coureurs plus vers des structures que d’autres. Je ne remets pas en cause la qualité du travail effectué par la btwin, bien au contraire. Mais cela me dérange que les gamins n’aient pas le choix à l’issue de leur formation. Si la btwin est le centre de formation de Chambéry, il faut qu’elle soit affiliée à la Fédération.
L’effectif 2018 d’Océane Top 16 | © Zoé Soullard
Le recrutement a-t-il été plus difficile à gérer suite à cette rétrogradation en DN2 ?
Nous cultivons quelques paradoxes. Sur les causes de notre descente, nous savons que l’une des principales raisons de notre échec est de ne pas avoir recruté des juniors du niveau de l’équipe de France. Mais cette année, nous avons recruté huit coureurs, avec de grands espoirs, qui ont décidé de nous contacter d’eux-mêmes. Et en DN2, cela permet à ces gamins de ne pas faire le grand saut tout de suite. Cela leur laisse du temps pour progresser.
L’effectif a été plutôt chamboulé pendant l’intersaison. Il n’est pas trop difficile de trouver des automatismes rapidement ?
Nous n’avons conservé aucun de nos leaders de l’an dernier, ce qui a laissé de la place. Nous allons devoir trouver des automatismes rapidement. L’avantage, c’est que les jeunes ont moins de préjugés, ce qui a été notre grande difficulté cette saison. Nous avons eu du mal à faire passer notre message à nos coureurs. L’individuel a pris le pas sur le collectif. L’an prochain, il n’y aura pas de leaders. Tout le monde partira sur un même pied d’égalité.
Le format actuel de la DN1 doit-il évoluer selon vous ?
Je milite pour qu’il n’y ait plus de montées et de descentes. Et pour plusieurs raisons. Je n’ai pas commencé à militer cette année parce que l’équipe est descendue, non. Il faut se rendre à l’évidence. En 2011, il y avait quatre-vingt-deux équipes en divisions nationales. L’an prochain, seulement soixante-six postuleront. En huit ans, la Fédération a perdu une grande partie de ses structures. Et maintenant, elle voudrait mettre en danger ses équipes viables ? Aujourd’hui, dans le cyclisme, nous n’avons pas de fonds. Pas de frais de formation. Pas de droits TV. Pas de contrats fédéraux non plus. Ce qui peut mettre en péril une formation quand elle descend. L’an prochain, sur cinq courses, il y aura deux contre-la-montre. Si notre rouleur est très fort, on assure le top 5. Mais s’il se loupe, nous ne sommes même pas dans les dix premiers. Je ne trouve pas cela raisonnable de juger la valeur d’une équipe sur un seul coureur. Aujourd’hui, réformer les divisions nationales est une évidence. Cette année, les clubs de DN2 rétrogradés ont été repêchés car deux équipes ont arrêté. Un quart des équipes de DN3 vont également ne pas poursuivre. J’espère donc du changement fin 2019. Pour éviter que le cyclisme continue de s’automutiler alors qu’il est déjà blessé de partout.
Quel est le planning dans les prochaines semaines ?
Nous avons vécu notre premier stage le week-end dernier. L’intégration des jeunes a été simple. Nous avons beaucoup de coureurs du sud, donc le verbe est facile, chatoyant (rires). Nous allons partir en décembre sur deux nouveaux stages avant de prendre le départ de l’Essor Basque pour le début de la saison.
Propos recueillis par Romain Boisaubert