Peux-tu nous rappeler ta venue au vélo ?
Je suis né dans une famille de cycliste. Mon père faisait du vélo, ma grande sœur a donc été la première à commencer, puis il y a eu mon grand frère. Dans un entourage comme celui-ci, on ne peut qu’être passionné de vélo également ! Alors j’ai moi aussi commencé à pratiquer le cyclisme au Vélo Sprint Narbonnais à l’âge de 3 ans.
Tu as été l’une des révélations 2018 chez les Juniors, comment expliques-tu cette progression ? Que retires-tu de cette saison ?
Je pense que j’ai fait une très bonne préparation hivernale avec mon entraîneur l’an passé, une préparation différente des autres années, en arrêtant le cyclo-cross et en me concentrant uniquement sur la route. Donc cela m’a mis dans de très bonnes conditions pour le début de saison. Ensuite, je cours de manière très offensive donc à force d’être toujours à l’attaque, à l’avant, ça paye à un moment où un autre, surtout chez les juniors où l’échappée arrive très fréquemment au bout !
Le bilan de la saison reste forcément très positif. Après on a toujours des regrets, comme ma 2ème place pour « un pas grand-chose » sur La Bernaudeau Junior en tout début de saison, mais également le fait de ne pas avoir été pris en équipe de France mis à part pour un stage contre la montre.
Ayant un petit gabarit, penses-tu que la différence de morphologie avec tes adversaires a été un désavantage dans le passé ?
Je me rappelle, j’étais toujours l’un des plus petits du peloton ! Forcément, en école de cyclisme, le gabarit est un très gros avantage. Mais je pense que cela m’a appris à courir contre plus fort que moi durant toute l’école de cyclisme, je n’ai pas été habitué à « tout gagner » chez les jeunes, et ça forge un caractère !
Gauthier Navarro chez Interpro Cycling Academy | © William Donnarel
Étudies-tu toujours ? Bénéficies-tu d’aménagement pour t’entraîner ?
J’ai terminé mon bac S l’été dernier, je devais partir pour un BTS opticien-lunetier cette année, mais quand j’ai été contacté par l’équipe, j’ai de suite stoppé l’idée du BTS car je savais qu’avec les déplacements je n’aurai pas été souvent en cours et cela aurait été très très compliqué d’allier les deux. J’ai donc décidé de tout miser sur le vélo pour le moment.
Quel relation entretiens-tu avec ton entraîneur ?
Mon entraîneur est mon père, et cela depuis que j’ai commencé le vélo. Donc il me connaît à la perfection, il arrive à voir si je suis fatigué ou autre, sans que je lui dise, ainsi il sait ajuster les entraînements en fonction de ma forme. Je pense que nous faisons un très bon boulot ensemble !
La carrière sportive de ton frère, également dans une équipe continentale (Team Wiggins-Le Col) est-elle un exemple à suivre pour toi ? Que t’apporte-t-il ?
Oui forcément quand on a un grand frère, surtout avec les résultats qu’il a, ça ne peut qu’être un exemple pour moi ! Il m’apporte beaucoup d’expérience, de conseils, et sait aussi me rassurer dans certaines situations qu’il connaît mieux que moi. Il m’apporte aussi beaucoup de motivation car forcément, je souhaite le dépasser ! (Haha) J’espère pouvoir courir sur une même course que lui cette saison.
Les deux frères chez les professionnels | © Bicycle Joe
Tu es passé néo-professionnel dans l’équipe Interpro Cycling Academy. N’est-ce pas prématuré lorsque l’on a seulement 18 ans ?
Je ne pense pas que ce soit prématuré, en France, cela fait drôle de voir des juniors passer directement au rang supérieur car le système nous dirige en DN. Mais lorsque l’on regarde les autres pays, comme la Belgique par exemple, beaucoup de juniors montent directement en Continentale et c’est normal chez eux. En tout cas moi je ne me considère pas différent, et je travaille pour être au niveau. Je ne me servirai pas de mon âge comme excuse.
Comment s’est passé ton intégration dans l’équipe ? Les différences de culture ne te faisaient-elles pas peur ?
L’intégration s’est super bien passée, nous sommes beaucoup de coureurs à être nouveau dans cette structure donc je pense que ça a facilité l’intégration. Tous les coureurs et membres du staff sont super sympas. L’ambiance est très bonne au sein de l’équipe. Non, au contraire je me suis dit que ça pouvait être un plus car ça m’offrira l’occasion de découvrir de nouvelles cultures et c’est une bonne expérience dans une vie.
Lors de ta première course dans le peloton professionnel, quel sentiment avais-tu sur la ligne de départ ? Comment s’est passé cette dernière ?
J’étais très stressé, surtout pour être au départ du challenge de Majorque qui est une grande course avec de très belles équipes. Et de courir avec des coureurs comme Valverde, Aru… ça met de la pression quand on a que 18 ans !! Après, une fois le départ lancé, j’ai plus pensé à ça et j’ai fait ma course. Je suis resté placé au mieux tout le long de l’étape. Malheureusement une chute à 20kms de l’arrivée nous a retenu bloqué, pied à terre, et a coupé les liens avec la tête du peloton.
La fierté d’être aux côtés du champion du monde Alejandro Valverde | © William Donnarel
Pour toi, quelles sont les plus grosses différences entre les rangs juniors et professionnels ?
Les plus grosses différences sont forcément le niveau des coureurs, car ils ont des dizaines d’années d’expériences de plus comparé à moi et la distance des courses. Je reviens du Tour du Rwanda avec une étape de 220kms, ça fait drôle !!! Mais une grosse différence aussi, est le fait que chez les professionnels, une fois le groupe d’échappée partit, derrière les équipes font « rideau », il est alors trop tard pour se glisser devant. Tandis que chez les juniors ça attaque sans arrêt jusqu’à l’arrivée.
Tu reviens du Tour du Rwanda plus tôt que prévu en ayant été hors délai, quel bilan tires-tu de cette compétition ?
C’était une très belle compétition, très difficile avec des gros dénivelés tous les jours. Malheureusement j’ai eu une très mauvaise journée donc à ce niveau-là ça ne pardonne pas ! Surtout un lendemain de 220kms. J’en tire quand même une bonne conclusion car je reste satisfait de mes 3 premières étapes.
De nouvelles rencontres au Tour du Rwanda | © Pablo Torres Muino
Que peut-on te souhaiter pour l’avenir ?
De continuer à prendre du plaisir surtout, c’est le plus important. Ensuite, de continuer à progresser, à « prendre de la caisse » pour essayer de me faire remarquer avant la fin de saison dans une échappé ou autre.