Emmanuel, peux-tu nous raconter tes premiers pas dans le vélo ? Quel vélo utilisais-tu ? À quel âge ?
J’ai commencé le vélo sur route assez tard, à l’âge de 19 ans, en 2014. Avant, je faisais du BMX Race et je suis venu au vélo sur route un peu par hasard. Un jour, quelqu’un de ma famille m’a dit qu’il allait faire une course à côté de chez moi et il m’a dit « viens ». J’y suis allé et c’est comme ça que j’ai commencé. C’était en juillet 2014 et après j’ai monté de catégorie.
Qu’est ce qui a fait que tu as changé le BMX pour le vélo de route ? Qu’est-ce que tu as aimé du vélo de route ?
Je suis d’une famille de cyclistes parce que mes parents faisaient du vélo (ma mère avait un bon niveau sur piste), et quand je partais en vacances avec mes grands-parents, je partais 3 semaines en camping-car pour le Tour. Le fait que j’ai énormément chuté en BMX (l’année dernière j’ai fait un traumatisme crânien donc j’avais une prévention en BMX) donc j’avais peur. Je n’étais plus performant et j’ai préféré arrêter. Je pense que j’ai bien fait.
Champion départemental à Blain en 2015 | © Laetitia Mimault
A partir du moment où tu as commencé le vélo de route, fais-tu d’autres sports pour t’entraîner ?
En hiver je fais du VTT et de la musculation et quand j’ai commencé la route j’ai vraiment arrêté le BMX du jour au lendemain, c’était une décision radicale. Je pense que cela était nécessaire.
A quel âge as-tu rejoint ton 1er club de vélo de route ? Pourquoi ?
Ça s’est fait un peu par hasard. A l’âge de 20 ans, je rejoins US Saint-Herblain. Au moment où j’ai commencé le vélo sur route je travaillais chez Décathlon et c’était un de mes collègues qui m’a dit « ça serait bien que tu rejoignes un club » parce que j’avais fait 10e sur un Critérium en 1ère catégorie. J’ai intégré l’US Saint Herblain en 3ème catégorie, en 2015. En mai, j’étais déjà en 1ère catégorie, donc j’ai intégré la DN3 avec effet immédiat et j’ai fait une saison dans la DN3. Et c’est là que j’ai appris vraiment les bases du vélo.
Te souviens-tu de dirigeants ou de personnes? Et en quoi t’ont-ils marqué ?
Marc Savary m’a énormément épaulé. C’est lui qui m’a tout appris parce qu’au début je courais avec lui, et il me disait comment me placer en course. Parfois je ne savais pas lire la course, je ne savais pas comment courir… Après, quand j’ai monté de catégorie, il ne courait plus avec moi, mais je m’entraînais toujours avec lui. Je pense que tous les coureurs de la DN m’ont énormément apporté : quand je courais avec eux, je voyais comment ils couraient, j’essayais de reproduire ce qu’ils faisaient et j’apprenais certaines choses. Je pense que j’ai beaucoup appris grâce à l’US Saint Herblain.
Emmanuel Morin et Marc Savary | © Zoé Soullard
Par quels autres clubs es-tu passé jusqu’au moment de passer pro en janvier 2019 ?
Après Saint-Herblain, j’ai rejoint Sojasun Espoir-ACNC pour 2 saisons (2017 et 2018) et cette année j’ai été stagiaire depuis août chez Cofidis, où j’ai signé un contrat de 2 ans de néo pro, jusqu’à 2020.
Tu passes pro, une échéance majeure. Trouves-tu que le travail des clubs qui t’ont formé est assez souligné ? Penses-tu qu’un club qui t’a formé devrait recevoir une indemnité de formation ?
Oui, je pense. C’est vrai qu’il y a énormément de coureurs pro qui sortent des réserves. Quand on regarde, il n’y a pas énormément de coureurs qui passent pro autres que dans des équipes qui ont des réserves. J’ai eu la chance de passer professionnel sans faire partie des réserves. Je pense que oui, les équipes pourraient recevoir des indemnités.
Emmanuel Morin en 2015 (US Saint-Herblain) | © Zoé Soullard
Y-a-t-il eu un ou des moments où tu as failli lâcher, abandonner, etc. ? Pourquoi ?
Il y a des moments difficiles sur le vélo, mais c’est des moments où il faut passer par là… Mais je n’ai jamais dit « je vais arrêter le vélo », j’ai toujours pris ça comme un jeu, en le faisant sérieusement. J’ai toujours dit qu’il fallait que j’aille m’entraîner avec l’envie d’y aller et si je n’avais pas envie d’y aller c’était pas bon… Dans une saison il y a des moments difficiles mais il faut savoir les surmonter et une fois qu’ils sont surmontés on peut faire des belles choses sur le vélo. C’est ça ce qui peut faire la différence.
Tu te souviens d’un moment ou une période qui a été particulièrement difficile ?
Parfois en hiver, lorsqu’il fait froid, faire des exercices ou rouler n’est pas facile. Mais je ne regrette pas parce que c’est ce qui me permet de te tenir sur le vélo en course lorsqu’il fait froid, quand il faut que je me surpasse, et c’est ce qui m’a permis de gagner par exemple au Manche-Atlantique, où j’ai fait un vrai effort pour m’imposer tout seul.
As-tu une vie professionnelle hors du vélo ? As-tu fait des études en parallèle ?
Je me suis arrêté en DUT Génie électrique et informatique industrielle il y a 2 ans (2015-2016), j’ai encore un stage à faire pour valider le DUT mais j’ai fait un choix cet été pour le vélo. C’était : soit je faisais mon stage à l’Université, soit j’étais stagiaire chez Cofidis, donc il fallait faire un choix. J’ai préféré mettre mes études de côté pour pouvoir faire mon stage correctement. Maintenant je suis pro, donc je ne regrette pas.
Emmanuel Morin, neo pro chez Cofidis en 2019 | © Zoé Soullard
Donc les études ne sont plus une obligation pour toi ?
C’est ça. Pour l’instant, je ne vais pas reprendre mes études.
Pour ceux qui ne te connaissent pas, explique-nous quel type de coureur tu es ?
Je suis plutôt puncheur avec une bonne vitesse. Je passe les bosses mais n’arrive pas à passer la haute montagne. Je préfère être à l’attaque, je pense que c’est comme ça qu’on peut gagner. Il faut ne pas avoir peur de perdre pour gagner. Quand j’arrive à bien gérer mes périodes de récupération avec mon entraîneur, j’arrive à être présent pendant toute la saison.
En 2018, la plupart de tes victoires sont des courses d’un jour. Penses-tu que les courses d’un jour sont ton point fort ?
C’est vrai que j’arrive vraiment à me démarquer sur les courses d’un jour. Après, j’ai aussi gagné une étape sur le Tour de Nivernais Morvan donc je peux aussi gagner sur des courses par étapes… Je n’ai pas vraiment de courses préfèrées. En tout cas c’était comme ça chez les amateurs, en pro je ne sais pas si ça va continuer comme ça.
Emmanuel Morin, vainqueur sur « Manche-Atlantique » 2018 (Elite) | © Audrey Duval
Le 1er août tu as rejoint Cofidis, qu’est-ce que tu as trouvé au sein de l’équipe ? C’est ce que tu attendais ?
J’ai fait des courses avec Cofidis. Quand on arrive dans une équipe comme Cofidis on sait à quoi s’attendre. Et forcément il y a beaucoup de changements : au niveau des vélos, le matériel, l’organisation de courses… Il y a tout qui change. On voit que c’est une équipe de pros, tout est professionnel, c’est très rigoureux, c’est génial.
Qu’est-ce que tu peux apporter chez Cofidis ?
Je sais que je peux apporter la bonne humeur et je suis quelqu’un qui ne baisse jamais les bras. Je fais toujours les choses à fond donc je vais donner le meilleur de moi-même pour que l’équipe atteingne les objectifs.
Emmanuel Morin, neo-pro chez Cofidis en 2019 | © Zoé Soullard / Tour du Limousin
Un rêve à accomplir en 2019 ou en 2020 avant la fin de ton nouveau contrat ?
En 2019 je ne sais pas. Prolonger mon contrat chez les pros et participer à une course comme Paris Roubaix ou Le Tour de France. Mais pour l’instant je suis néo pro donc je ne peux pas prétendre à des choses comme ça, c’est tout à fait normal. Il faut savoir rêver pour progresser dans le vélo, c’est ce qui nous fait avancer.