Alan Riou a terminé 3e du GP d’Isbergues en 2017 lorsqu’il était stagiaire chez Fortuneo Oscaro | © Fortuneo Oscaro
Alan, quand avez-vous touché votre premier vélo?
Ca a commencé quand j’étais à l’école primaire, j’avais l’habitude de faire du VTT avec mon petit frère le mercredi après-midi. Mon père faisait également beaucoup de vélo et forcément ça m’a améné à aller voir ce qu’il se passait sur les courses. A côté de ça j’ai fait du judo, du football et de l’athlétisme. Je me suis dirigé vers le cyclisme parce que j’allais régulièrement voir les courses. C’est ça qui m’a donné l’envie de m’y mettre vraiment.
Comme votre père a pratiqué à un niveau correct, on imagine qu’il a pu vous donner des premiers conseils précieux…
Oui c’est sûr que pour commencer c’est idéal. Il a été mon premier entraineur d’ailleurs. Il ne voulait pas que je commence le cyclisme trop jeune.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Par quelles étapes êtes-vous passé? Quels sont les clubs dans lesquels vous avez évolué?
J’ai intégré le club où mon père évoluait à l’époque, le Team Côte de Granit Rose qui est situé à Perros-Guirec. Je suis resté dans ce club jusqu’en Junior 2. Nous n’étions pas beaucoup dans l’équipe, en minime nous devions être quatre ou cinq jeunes. Chez les juniors j’étais un peu seul mais ce n’était pas vraiment un souci pour moi. Je pense que j’ai plutôt bien marché durant cette période, j’ai eu pas mal de victoires grâce à ma pointe de vitesse. Que ce soit chez les minimes ou les cadets je devais être à plus de 15 victoires chaque saison. Quand j’étais chez les Juniors, j’ai également été sélectionné par le Comité de Bretagne. Ca m’a permis de participer à de pus grosses courses. Je n’avais pas besoin d’être dans une grosse structure pour avoir la chance de participer à de belles épreuves. Ensuite je suis arrivé chez les amateurs, en Espoir 1, où j’ai rejoint le Team Pays de Dinan. J’y ai passé trois années.
Alan Riou (2e sur la droite) en 2011, alors au Team Côte de Granit Rose | © Team Côte de Granit Rose
« L’encadrement du Team Pays de Dinan fait un boulot remarquable »
Vous parliez de votre pointe de vitesse. C’est une qualité qui est venue naturellement ou c’est quelque chose que vous avez travaillé spécifiquement depuis tout jeune?
Je crois que c’est dans mes gènes. Mon père était également sprinteur. C’est quelque chose d’assez naturel mais que j’ai quand même travaillé afin de bonifier le potentiel. Plus jeune je faisais des sorties fractionnées avec des copains pour m’amuser.
Les choses ont commencé à devenir plus sérieuses lorsque vous avez intégré le Team Pays de Dinan…
J’ai été très bien intégré au sein de cette équipe. J’ai pu choisir ce club afin de pouvoir gérer correctement mes études en parallèle. Avec le Team Pays de Dinan j’ai pu découvrir les courses Elites. Au début j’avais plus un rôle d’équipier. Au fil des courses j’ai progressé, je suis même allé chercher une victoire chez les Elites en fin de saison lorsque j’étais encore dans la catégorie Espoir 1. C’est lorsque je suis passé en Espoir 2 que je me suis vraiment amélioré. Il y a eu plusieurs victoires durant cette période qui m’ont amené à être stagiaire chez Fortuneo-Samsic.
Quelles sont les personnes qui ont joué un rôle clé dans votre parcours?
Au Team Pays de Dinan on a la chance d’avoir vraiment un très bon encadrement avec un côté humain au top. Les personnes là-bas cherchent vraiment à bien nous protéger, les choses sont bien gérées pour ne pas qu’on se « crame ». L’ encadrement du Team Pays de Dinan fait un boulot remarquable à ce niveau.
Y a-t-il eu des échecs, des moments où vous avez failli tout lâcher?
Abandonner, jamais. Il y a toujours des moments de transition qui ne se font pas facilement. Je ne pense pas vraiment à l’échec. Je reste toujours focalisé sur le fait de progresser. J’ai toujours eu la chance d’avoir de bons entraîneurs comme Gaël Le Bellec, champion du monde de duathlon, lorsque j’étais chez les Juniors. C’est sûr que ça n’a pas toujours été facile, mais je n’ai jamais pensé à arrêter.
La progression a donc été assez linéaire depuis vos débuts…
Oui c’est exactement ça. Depuis que j’ai commencé le vélo je n’ai jamais fait une saison sans victoire. Je n’ai jamais trop connu la saison blanche, et j’espère que je ne la connaîtrai pas. Je sais que ça fait partie d’une carrière, mais on verra. Pour l’instant ça se passe très bien.
Alan Riou avec le maillot jaune sur le Tour de l’Avenir 2018 2 | © Tour de l’Avenir
Chez les amateurs, quels ont été les moments forts?
Ma victoire d’étape sur le Tour de l’Avenir est jusqu’à présent le plus beau succès de ma carrière. En plus j’ai pu porter le maillot jaune. Après les championnats du monde, le Tour de l’Avenir reste la plus belle course de l’année. Gagner avec le maillot de l’équipe de France est vraiment quelque chose de très beau. J’étais venu sur cette épreuve pour essayer de gagner une étape et j’y suis parvenu. C’était vraiment une très belle expérience.
Quel regard portez-vous sur le travail accompli jusqu’à présent?
Je retiens surtout que j’ai réussi à confirmer. J’ai signé mon contrat avec Fortuneo-Samsic l’année dernière et le challenge était surtout celui-ci: confirmer. Je ne voulais pas faire une saison nulle, sans résultats. J’avais beau avoir signé mais je ne voulais pas me reposer sur ça. Je suis content d’être parvenu à gérer comme je l’ai fait. Je crois qu’il y a eu davantage de sérénité cette année, j’ai su être meilleur sur mes fins de course, être plus tactique. Je n’ai pas eu peur de perdre et c’est peut-être ce qui m’a permis de remporter certaines victoires. Je crois que j’ai passé un cap sur ce plan.
Y a-t-il encore des domaines dans lesquels vous aimeriez progresser davantage?
J’ai fait le Tour de l’Avenir l’année dernière et cette année et je trouve que je n’ai pas progressé en montagne. Après c’est normal quelque part car je n’ai pas fait de stage en montagne. Je pense qu’il y a moyen de progresser dans ce domaine. Je n’ai pas été nul, mais je n’ai pas été très bon non plus. Je crois que je pourrais mieux passer ça quand même.
Vous nous parliez tout à l’heure de vos études. Qu’avez-vous suivi comme cursus et comment gériez-vous vos études avec la pratique du cyclisme?
J’ai fait un bac général STI et ensuite un BTS électro-technique. Cette année était la première où je ne faisais que du vélo. Les structures dans lesquelles j’ai été ont toujours été très vigilante sur ce point. Je pense que c’est important d’avoir un premier bagage. Je crois aussi que ce n’est pas forcément bon de commencer le vélo trop tôt. Si on fait une mauvaise saison, il vaut mieux avoir quelque chose à côté, ça permet de ne pas penser au vélo tout le temps. Les études apportent un équilibre.
Alan Riou sous les couleurs du Team Pays de Dinan | © Team Pays de Dinan
Pensez-vous que le club qui vous a formé devrait recevoir une indemnité de formation, ne serait-ce que pour l’aider à boucler ses budgets?
Je pense que ça pourrait être pas mal, en plus le Team Pays de Dinan n’a pas le plus gros des budgets et heureusement qu’il y a beaucoup de bénévoles d’ailleurs ! Un club qui forme vraiment bien les jeunes mériterait quelque chose. A Dinan, on peut mettre en avant le bénévolat. Il y a beaucoup de gens qui posent des jours de congés pour nous accompagner sur les courses, en plus il arrive parfois que les déplacements soient assez loin. Sans eux on ne pourrait pas faire de belles courses. Il faut vraiment mettre en avant le coeur qu’ils mettent à l’ouvrage.
Pensez-vous déjà à 2019? Vous fixez-vous des objectifs?
Je vais voir. Il va y avoir une première réunion au mois de novembre pour fixer un programme. Je pense que ça sera vraiment une année découverte. J’ai déjà été stagiaire mais là ça sera toute une saison. Je n’ai pas d’objectifs précis pour le moment à part enchaîner des jours de course en début de saison et voir comment ça se passe. En tant que stagiaire je suis parvenu à réaliser de belles petites performances, je me dis que j’ai le niveau. Je n’ai pas d’appréhension.
Quelles sont les personnes que vous souhaitez remercier?
Mes parents pour commencer, François Journaux forcément, qui m’a pas mal aidé aussi pour mon BTS puisqu’il m’a pris en stage dans son entreprise. C’est plutôt pas mal d’avoir son patron d’équipe cycliste comme patron en entreprise (rires). Tout le Team Pays de Dinan et je pense aussi à Christophe Le Mével qui me soutient et qui est un ami. J’ai la chance d’avoir un bon entourage.
Propos recueillis par M.L.