Mads Wurtz-Schmidt a passé de longues minutes ce matin sur le fauteuil de leader, regardant un à un ses concurrents directs buter sur son excellent chrono de 35’07 », réalisé quelques minutes auparavant. Pour le jeune coureur danois, ces minutes ont paru interminables. « C’était un siège vraiment très chaud, ironisait-il. C’était vraiment difficile de rester assis et d’attendre que tous les concurrents passent la ligne d’arrivée. » Mais le nouveau champion du monde Juniors du contre-la-montre ne fut pas le seul à trouver cette attente interminable. Pour le public danois également, massé sur le boulevard Hans Christian Andersen, la tension était à son comble. Captivés par la mano a mano entre leur jeune héros et l’Australien David Edwards, longtemps dans les temps de Mads Wurtz-Schmidt, les spectateurs locaux ont littéralement explosé lorsque ce dernier a finalement franchi la ligne avec un débours de 20 secondes.
La journée n’avait pourtant pas idéalement commencé pour les coureurs danois. Le Néo-Zélandais James Oram, parti avec le dossard 46, avait établi un temps de référence sur lequel venait buter l’ensemble des concurrents, et Casper Von Folsach, première chance de médaille du pays hôte ce matin, pourtant auteur d’un départ canon, avait explosé sur la fin de course pour échouer au 6ème rang. Alors, quand Mads Wurtz-Schmidt a amélioré de 4 secondes le temps de référence de son adversaire néo-zélandais, c’est une véritable clameur populaire qui a jailli de la place de l’hôtel de ville. La même qui avait accompagné hier l’arrivée de Rasmus Quaade, finalement délogé par la fusée Luke Durbridge et vice-champion du monde Espoirs. La même encore qui acclama la montée sur la plus haute marche du podium du jeune coureur local, qui ne pouvait cacher sa joie.
« C’est vraiment un sentiment incroyable que de gagner à domicile, jubilait-il à l’arrivée. Je ne peux trouver les mots pour exprimer ce que je ressens. » Massé par centaines au pied du podium protocolaire, le peuple danois a alors entonné en cœur « Der er et yndigt land » (qui signifie : il existe un beau pays), son hymne national, pendant que son drapeau s’élevait dans le ciel nuageux de la capitale. Soulagé, c’est tout un peuple, orphelin de ses vedettes Alex Rasmussen et Matti Breschel, qui pouvait alors célébrer sa jeunesse triomphante, incarnée par son nouveau champion du monde. – Sylvain Chanzy, à Copenhague