Quel bilan tirez-vous de cette saison 2017 ?
La saison 2017 a été très contrastée. On a vécu un moment très douloureux, mais également de belles euphories. On a commencé la saison avec l’accident d’Etienne Fabre qui a beaucoup affecté l’équipe. Il a laissé un très grand vide. La saison s’est terminée sur une très grande satisfaction avec le titre de champion du monde de Benoît Cosnefroy. Il y a eu des hauts et des bas.
Quelles ont été vos bonnes satisfactions ou bonnes surprises, et à côté vos déceptions ?
Sur le plan sportif, on a eu de très belles satisfactions. Benoît Cosnefroy a fait beaucoup de bien à l’équipe même avant son titre. Il y en a eu d’autres, par exemple les deux podiums sur la Course de la Paix de Kévin Geniets. Ensuite, les très belles performances de nos espoirs 1re année. Anthony Jullien a gagné l’Estivale Bretonne et puis Clément Champoussin a gagné sur la SportBreizh. Je dois aussi souligner la régularité d’Aurélien Paret-Peintre, malgré ses blessures, il a été remarquable dans son niveau de performance. Après Paris-Roubaix est une grosse satisfaction collective, Guillaume Millasseau termine deuxième et cinq de nos coureurs étaient présents dans le final. Le contre-la-montre par équipes (manche de la Coupe de France DN1) est une déception, l’équipe n’a pas été bonne sur le plan sportif, mais aussi dans la préparation. On n’a pas été présent sur des épreuves où l’on devait l’être comme à l’Étoile d’Or. Il y a des coureurs que l’on attendait à un meilleur niveau et qui n’ont pas confirmé. Je pense que les absences de Nans Peters et d’Etienne Fabre ont rompu l’équilibre. Notre groupe n’a pas réussi à retrouver ce point d’équilibre au niveau de la cohésion. L’effectif n’a pas été régulier sur toute la saison. Au début de l’été, on avait 150 points d’avance au classement de la Coupe de France sur le second et lors de la finale on se battait pour ne pas être écarté du podium. C’est très révélateur de notre saison.
Comment avez-vous trouvé le niveau de la Coupe de France cette saison ?
J’ai beaucoup « râlé » contre la Coupe de France qui à une époque était d’un haut niveau, mais l’enjeu prenait le pas sur la compétition. Les courses étaient très stéréotypées, peu formatrices et elles se terminaient par un sprint. Je pense que ça s’est arrêté quand l’Armée de Terre est montée en Continentale. Désormais, on a des épreuves intéressantes. On a gardé un haut niveau de performances, mais avec des courses qui sont beaucoup plus ouvertes. J’ai beaucoup aimé cette Coupe de France qui a été incertaine jusqu’au bout.
Trouvez-vous que les parcours sont représentatifs de toutes les qualités qu’on peut attendre d’un coureur et d’une équipe ?
Moi, je trouve qu’il y a des épreuves où tous les types de coureurs peuvent s’exprimer. Cette année, il y en a eu pour tous les goûts.
Pensez-vous que la Coupe de France devrait être plus mise en valeur ?
Oui, mais comment ? Les clubs de DN1 sont dans un créneau bancal avec des structures très professionnelles, mais avec des épreuves qui restent amateurs. Il faut garder à l’esprit que le cyclisme n’est pas le football. Certaines épreuves professionnelles y compris quelques manches de la Coupe de France sont très loin du reflet renvoyé par le Tour de France. Beaucoup de ces épreuves ne bénéficient pas de fortes retombées médiatiques. On peut le regretter, on peut vouloir plus, mais on reste sur un championnat amateur.
Pensez-vous que le calendrier amateur doit subir des changements ?
Pour la Coupe de France, la concurrence d’autres épreuves est un vrai problème. Avec l’augmentation des coûts, les effectifs ont tendance à diminuer. Lorsqu’un effectif est de douze coureurs, il est difficile de faire deux fronts sur un même week-end. On peut prendre l’exemple du Tour du Lot-et-Garonne en DN1 et de Liège-Bastogne-Liège en classe 2 qui ont eu lieu en même temps cette année. Les équipes doivent donc faire des choix selon l’épreuve à privilégier. C’est un choix délicat, mais pour nous les épreuves de classe 2 sont plus formatrices que les manches de Coupe de France. Notre équipe n’a jamais fait de la Coupe de France le fil rouge de sa saison. On essaye de gagner des manches, mais pas le classement final de cette compétition. Quand le calendrier nous l’impose, on préfère faire « l’impasse » sur les manches de Coupe de France. Les organisateurs sont fortement pénalisés, c’est pour ça qu’il faut trouver des solutions pour harmoniser le calendrier. J’ai récemment eu une discussion avec l’organisateur de l’Estivale Bretonne qui était en quasi-concurrence avec une manche de Coupe de France en 2018. Il est intervenu de manière pro active et par anticipation pour rendre les deux compétitions compatibles. Je pense qu’il faut encourager ce genre de démarche, quand c’est possible.
Quel est votre budget pour une saison ?
Notre budget est de 600.000 euros. En tant que centre de formation, il y a une part importante du budget qui n’a rien à voir avec le vélo comme la scolarité des coureurs, les hébergements ou encore la restauration. Toutes ces choses ne rentrent pas en compte dans le cahier des charges de la Division Nationale 1.
Vous êtes un centre de formation, est-ce que les coureurs doivent suivre un cursus scolaire pour intégrer votre équipe ?
Tous les coureurs sont scolarisés, quelqu’un qui ne le serait pas, ne pourrait pas intégrer le centre de formation. Cette année au moment du bilan de notre saison, on termine avec 100 % de réussite aux examens scolaires. Les quatre coureurs en fin de cursus ont tous été diplômés et si on prend l’ensemble de l’effectif, on est à 80 % de réussite. On en parle moins, mais pour nous, c’est aussi important que les résultats sportifs.
Qu’attendez-vous du président de l’UCI David Lappartient ?
Je pense que la reconnaissance du sport amateur par les équipes professionnelles est un sujet important. Lorsqu’il a été interrogé en tant que président de la FFC, David Lappartient a régulièrement évoqué la problématique des indemnisations de formation. En tant que président de l’UCI, il doit pouvoir se servir de sa position pour trouver des solutions. Pour nous c’est plus facile, nos coureurs peuvent passer professionnels chez Ag2r La Mondiale qui finance le centre de formation. Par contre, les autres clubs peuvent légitimement se sentir pénalisés. Je crois que c’est bien qu’au niveau de l’UCI il puisse y avoir une réflexion à ce sujet.
Est-ce que c’est un avantage d’avoir un partenariat avec une équipe professionnelle ?
Oui ça simplifie les choses, c’est une aide logistique, financière et matérielle. Tout ça facilite grandement notre quotidien. De plus notre structure est très attractive, cette année on a eu 80 candidatures spontanées pour six places. La notion de filière y est pour beaucoup. Ça donne la possibilité aux coureurs de se rapprocher fortement de l’équipe professionnelle sans pour autant se fermer des portes. Sur les onze dernières années, 34 coureurs sont passés pros et seulement 16 dans l’équipe Ag2r La Mondiale. Ça fait 16 ans que l’on collabore avec Vincent Lavenu et il a compris que la formation se fait sur la durée.
Combien de coureurs de votre effectif passent professionnels en 2018 ?
Ils sont trois cette saison. Le premier Benoit Cosnefroy qui est passé professionnel au mois d’août dernier. Ensuite il y a Remy Rochas, mais son équipe n’a pas encore officialisé la nouvelle et enfin Japp de Jong passe pro dans l’équipe hollandaise Baby-Dump.