Tout l’été, Vélo 101 célèbre les anniversaires : les 20 ans de l’Etape du Tour, la 50ème édition du Tour de l’Avenir, la 100ème édition du Tour de France, les 20 ans des Championnats du Monde de VTT à Métabief, la 30ème édition du Roc d’Azur…
Jean-François, depuis quand dirigez-vous le Tour de l’Avenir, créé en 1961 et baptisé ainsi depuis 1992 ?
J’ai repris le Tour de l’Avenir lorsque nous l’avons relancé en 1995. Avec le temps, il avait été laissé un peu de côté, transformé en Tour de l’Ouest, de la Bretagne. Lorsque nous en avons repris la direction nous avons décidé de ramener le Tour de l’Avenir en montagne pour qu’il retrouve sa vocation de dénicheur de talents. Depuis 1995, on constate que des gens comme Bauke Mollema (2007), Jan Bakelants (2008) ou Nairo-Alexander Quintana (2010) sont passés par le Tour de l’Avenir. Je pense que c’est vraiment l’épreuve qui forme les champions de demain.
Quelle était l’idée : faire du Tour de l’Avenir le petit frère du Tour de France ?
Exactement. L’épreuve, bien qu’elle se déroule sur huit jours de course, est précisément copiée sur le schéma du Tour avec des étapes de plat, des contre-la-montre, des étapes de montagne… Depuis 2007 et l’intégration du Tour de l’Avenir à la Coupe des Nations Espoirs, nous réunissons les meilleurs coureurs de moins de 23 ans de chaque nation. On a le top de ce qui se fait au niveau amateur. Avoir un résultat au Tour de l’Avenir permet bien souvent aux gars de passer professionnels. Ceux que l’on a vus devant sur le Tour, nous les avons découverts il y a quatre ou cinq ans lorsqu’ils dominaient le peloton amateur.
Le Tour de l’Avenir a subi de multiples évolutions au cours du demi-siècle écoulé. Pourquoi ?
Nous avons tout simplement suivi l’évolution du cyclisme. A sa naissance il était réservé aux équipes nationales amateurs. Puis en 1981 il s’est ouvert aux professionnels jusqu’à ce que ces derniers deviennent majoritaires dans les années 90. Nous avons limité l’âge à 25 ans, et depuis 2007, avec l’Union Cycliste Internationale, nous avons décidé de dédier l’épreuve aux seuls Espoirs. Notre peloton a moins de 23 ans. La distance des étapes et la difficulté des cols sont donc adaptées aux jeunes. Néanmoins il faut leur apprendre à se frotter à un parcours assimilé à celui du Tour de France, si bien qu’on arrive parfois à proposer des étapes similaires à celles du Tour.
Cette formule Espoirs retenue en 2007 fait ses preuves, on l’a vu ce mois-ci. Aujourd’hui la course est devenue un véritable révélateur de talents ?
Tout à fait. Je n’ai pas fait le compte mais j’aimerais bien le faire afin de savoir combien de coureurs engagés sur le Tour de France ont participé au Tour de l’Avenir au cours des cinq dernières années. Je suis sûr qu’on serait très surpris. Les meilleurs participent au Tour de l’Avenir : Peter Sagan l’a fait, Thor Hushovd, Edvald Boasson-Hagen, tous s’y sont révélés. Ils étaient inconnus à l’époque mais ont confirmé ensuite sur le Tour de France.
Durant la petite vingtaine d’années écoulée, quel coureur vous a le plus marqué ?
Je me souviens bien de l’arrivée d’Edvald Boasson-Hagen. Lorsqu’il a débarqué sur le Tour de l’Avenir en 2006, c’était un coureur un peu grassouillet. Et il s’est mis à gagner trois étapes la même année à Mont-Saint-Martin, Nancy et Ornans. De là il a fait la carrière que l’on sait. J’ai aussi été marqué par le retour des Colombiens avec Nairo Quintana. Le Tour de l’Avenir a permis aux Colombiens d’arriver. Il a aussi permis, grâce au Centre Mondial du Cyclisme, d’amener des coureurs comme le Tunisien Rafaa Chtioui, vainqueur d’une étape en 2007, ou l’Erythréen Natnael Berhane, aujourd’hui professionnel chez Europcar. Cette épreuve permet de rencontrer d’autres nations et de trouver des talents.
Pour les organisateurs du Tour de France, le Tour de l’Avenir a aussi valeur de laboratoire d’essais ?
C’en est un, oui. Dans le cadre du Tour de l’Avenir nous réalisons des formations pour les commissaires, les pilotes… On essaie de faire de la formation pour aider le cyclisme de demain. C’est aussi un moyen de découvrir des parcours qui seront empruntés par le Tour de France dans les années futures. On essaie des parcours sur le Tour de l’Avenir que nous sommes susceptibles de reprendre ensuite sur le Tour de France.
A titre personnel, quelle sera votre activité l’année prochaine, vous qui passez le flambeau ?
Je vais déjà avoir un autre regard sur le Tour. Jusqu’à aujourd’hui je portais un regard sportif à travers la course. L’année prochaine j’aurai un regard un peu plus large sur tout ce qui se passe autour du Tour. Je serai encore présent pendant deux ans sur le Tour de France, mais avec d’autres missions.