Dans le jargon cycliste, l’équipe nationale d’Australie s’est elle-même baptisée les « Cyclones ». Le terme employé a plutôt bien été choisi tant il est vrai que lorsque les Australiens mettent en route, ça déménage ! Depuis l’avènement du cyclisme australien au cours de la décennie écoulée, on a déjà eu maintes fois affaire aux gros moteurs venus de l’autre du bout du monde. Par trois fois, Michael Rogers fut sacré champion du monde du contre-la-montre chez les pros en 2003, 2004 et 2005. Et chez les Espoirs, on a déjà eu le loisir de faire la connaissance de Jack Bobridge, sacré en 2009, et de Luke Durbridge, qui fut l’an passé à Geelong le plus jeune médaillé de l’histoire des Championnats du Monde Espoirs, récompensé par la médaille d’argent sur ses terres, à moins de deux secondes du titre et alors qu’il n’avait même pas 19 ans et demi.
Les Cyclones ont déjà réalisé une belle entrée en matière ce matin chez les Juniors, où Jessica Allen est devenue la première championne du monde sacrée à Copenhague. Le programme se poursuit cet après-midi avec la course chronométrée des Espoirs. Pour la première fois dans l’histoire des Mondiaux sur route, les organisateurs ont obtenu la fermeture de quelques soixante-dix rues du centre-ville durant une semaine pour pouvoir organiser les épreuves chronométrées sur un circuit totalement urbain. Un symbole pour une ville qui cherche à mettre en avant l’utilisation intensive de la bicyclette au quotidien, mais aussi une formidable occasion d’afficher aux caméras du monde entier les plus beaux éléments du patrimoine de la ville. Pour les coureurs, ce parcours plat et rectiligne qui semble promis aux purs rouleurs n’aura rien d’une balade touristique. Les spectateurs en revanche doivent en prendre plein les yeux.
Soixante-cinq coureurs se succéderont tout au long de l’après-midi sur un circuit de 17,6 kilomètres à accomplir deux fois, pour une distance de 35,2 kilomètres. Et forcément, on garde un œil sur les… Cyclones. Epatant sur le prologue du Tour de l’Avenir, qu’il avait été contraint d’abandonner après un coup de sang à l’encontre des commissaires, Michael Hepburn a du tempérament mais un talent au moins proportionnel. Pressé de signer la meilleure performance, il va même aller à la faute. Une chute l’envoie au tapis et le pénalise d’une trentaine de secondes, ce qui ne l’empêche pas de rafler la première place au retour devant l’hôtel de ville de Copenhague. Parti en milieu de tableau dans une course qui compte cinq vagues d’une douzaine de partants, il restera inégalé à la tête du classement provisoire jusqu’au départ des cadors.
Ça roule à toute vitesse dans les rues de Copenhague, et les participants n’ont pas le loisir d’admirer les plus beaux monuments de la capitale : la citadelle de Copenhague longée par son aile ouest, la place d’Amalienborg, autour de laquelle sont juchés les quatre palais servant de résidence permanente à la famille royale, le port de Nyhavn et ses maisons colorées, le palais de la bourse et son célèbre clocher baroque, ou encore le palais de Christianborg, ancienne résidence royale où siègent aujourd’hui le gouvernement et la cour suprême du pays. Sous un ciel clément mais frisquet, le local Rasmus-Christian Quaade est inspiré par l’air du pays. Le double champion national du contre-la-montre, 2ème récemment du Chrono Champenois (derrière déjà un certain Durbridge), améliore le temps de Michael Hepburn. La médaille d’argent est assurée. Pour l’or, il serait audacieux d’y croire après le départ de Luke Durbridge.
Le vice-champion du monde Espoirs du contre-la-montre est lancé, et rien ne semble pouvoir entraver sa progression conquérante vers le titre mondial. Un an après avoir marqué les esprits à Melbourne, le cyclone Luke Durbridge, déjà champion du monde de poursuite par équipes (avec Michael Hepburn), écrase les chronos de ses adversaires. Sûr de lui, il va même jusqu’à lever un bras victorieux au passage de la ligne alors qu’il reste cinq coureurs à en finir. Il repousse Rasmus-Christian Quaade de 35 secondes et Michael Hepburn, handicapé par une chute, de 46 secondes. Et voilà un second titre mondial dans la besace des Australiens. L’équipe de France, elle, joue battue : Rudy Molard accroche un Top 10 mais le champion d’Europe Yoann Paillot est relégué au 13ème rang à 2’15 » tandis que le pro Johan Le Bon finit 19ème à 2’42 ».
Classement :
1. Luke Durbridge (Australie) les 35,2 km en 42’47 » (49,362 km/h)
2. Rasmus-Christian Quaade (Danemark) à 35 sec.
3. Michael Hepburn (Australie) à 46 sec.
4. Anton Vorobev (Russie) à 59 sec..
5. Jasper Hamelink (Pays-Bas) à 1’53 »
6. Jason Christie (Nouvelle-Zélande) à 2’00 »
7. Luis Mas (Espagne) à 2’04 »
8. Tom Dumoulin (Pays-Bas) m.t.
9. Damien Howson (Australie) à 2’06 »
10. Rudy Molard (France) à 2’09 »