Tout au long de l’épreuve, du 20 au 28 août, Stéphane Cognet nous retrace son Tour de Guyane (Elite Nationale). Cet habitué des cyclosportives en métropole est également habitué des épreuves outre-mer. Il s’agit là déjà de son sixième Tour International de DOM/TOM sous les couleurs de la Sélection Cycliste de la Fédération des Clubs de la Défense après sa participation aux Tours de Martinique et de la Réunion en 2012 et 2013 et au Tour de Guadeloupe l’an dernier.
« Ce lundi 22 août, la 3ème étape partait de Cayenne pour rejoindre Sinnamary en 150,8 kilomètres. Une étape avec un profil assez plat, seuls les 70 premiers kilomètres comptent quelques faux-plats. Mais nous les connaissons déjà car lors de la 1ère étape nous avons empruntés cette même portion de route. En revanche, encore un réveil très matinal afin de libérer l’hôtel et poser nos valises dans le bus mis à la disposition des équipes invitées. 9h00, le départ est lancé et malgré la longueur de cette étape, certains veulent provoquer une échappée d’entrée. Pendant plus de deux heures et 93 kilomètres des groupes se forment, des contres fusent mais sans jamais réussir à creuser. Bien sûr, fidèle à mes habitudes, je suis attentif. Tout à coup nous prenons une petite route avec un goudron de très mauvaise qualité. Venant de faire le plein de bidons, je suis un peu mal placé quand je vois qu’une bordure se forme à l’avant ! Je réagis rapidement et remonte en tête pour essayer de sauter dans celle-ci. C’est déjà trop tard. De plus, n’étant pas un « gros rouleur », je ne bouche pas le trou.
Je ne suis pas le seul à mettre fais piéger, le maillot jaune et le second du général sont avec moi. Mais ceux-ci ont des coéquipiers à l’avant (de plus ces derniers peuvent prendre le maillot de leader, ce sont des hommes forts). Je comprends que ce n’est pas sur eux qu’il va falloir compter. D’autres équipes ont compris l’enjeu et roulent, nous revenons à vingt secondes. Je commence à penser que c’est bon, la jonction est imminente mais tout d’un coup plus personne ne roule ! C’est fou je ne comprends pas pourquoi ! Je place un démarrage et tente de combler ces secondes mais une nouvelle fois c’est un échec…
C’est alors que j’aperçois mes coéquipiers (que je croyais dans la 1ère bordure !) en queue du pack. Je leur demande de rouler mais leur manque d’expérience les incite à en garder sous la pédale et surtout ils ne comprennent pas pourquoi ! L’écart va monter jusqu’à six minutes et je parviens à « embaucher » d’autres équipes dans le final. Mais le mal est fait, nous arriverons à Sinnamary avec 4’30 » de retard ! Forcément, je rétrograde au général à la 22ème place à 5’37 » du nouveau maillot jaune. Je suis très en colère, et brasse mes coéquipiers ! Nous avons seulement un représentant sur vingt-neuf hommes à l’avant ! C’est inadmissible et surtout de ne pas réagir quand il le fallait et que je sollicitais ceux-ci !
Hier, la 4ème étape entre Sinnamary et St-Laurent du Maroni (147,6 km) était une étape en deux parties avec les 65 premiers kilomètres relativement plats où le vent soufflait favorablement puis des enchaînements de petites montées sur un goudron rugueux. Après le briefing de la veille, j’ai remonté les bretelles de mes coéquipiers. Aujourd’hui la bagarre est annoncée dès le début. Et je ne me trompe pas, à peine le départ réel donné, les attaques fusent ! Je suis omniprésent, (peut-être trop !) mais pas moyen de prendre du champ. Je constate que mon dossard à l’envers (je vous rappelle que j’ai le n°13 !) attire beaucoup de monde, trop de monde ! En effet, dès que je tente de m’échapper je me fais contrer et personne ne veut vraiment collaborer. Pourtant avec 5’37 » de retard au général je ne suis plus un homme dangereux !
Après une heure de course à plus de 46 km/h de moyenne, quatre hommes parviennent à s’extirper du peloton. Je profite d’un relâchement pour parler à Pierre Mosin (qui fait partie de la sélection de la FCD) pour lui dire de suivre le contre qui va sortir incessamment sous peu… Et moins d’un kilomètre plus loin le voilà parti avec un Guyanais ! Ils parviennent à rentrer sur les hommes de tête et formeront l’échappée du jour à six. Derrière, le pack autorise une minute d’avance mais jamais plus. L’équipe du maillot jaune contrôle avec quatre représentants à l’avant. Une chute cassera le peloton mais la plupart des coureurs qui vont repartir réintégrerons ce dernier. Nous sommes à 25 kilomètres de l’arrivée quand je me rends compte que le tempo guadeloupéen faibli ! C’est à ce moment-là que les hostilités reprennent ! Je suis de nouveau sur le qui-vive et réponds aux attaques.
J’ai de bonnes jambes mais la présence de Pierre à l’avant m’oblige à faire échouer les tentatives de contre. De plus, ce dernier est reparti tout seul et compte trente secondes d’avance. Si nous nous regardons, il peut aller au bout ! Mais l’Allemagne compte un sprinter, Martin Bauer, qui s’est imposé à deux reprises l’an passé et compte bien ouvrir son compteur cette année. Ils prennent les choses en main, accélèrent, mais je m’intercale dans leur train pour « déstabiliser et casser » leur formation. Hélas Pierre est repris à moins de cinq kilomètres et le sprint est inévitable. Je replace mon sprinter. A deux kilomètres, nous sommes bien placés mais le final tortueux va nous être fatal : une chute intervient dans les dix premiers au dernier virage, mon sprinter se retrouve à zigzaguer entre les vélos et terminera 13ème.
Un peu déçu de ne pas avoir pu défendre nos chances au sprint, nous sommes contents d’avoir « montré » le maillot pendant près de cent kilomètres à l’avant et surtout cela redonne confiance. Une victoire d’étape est à notre portée ! Maintenant, les gars en sont convaincus !
Au général pas de changements, je reste 22ème à 5’37 ». Mais demain est un autre jour… »
Classement 3ème étape :
1. Corentin Davy les 148,5 km en 3h25’59 » (43,3 km/h)
2. Terry Tsang-Yee-Moï à 13 sec.
3. Cédric Ramothe m.t.
4. James Grinville m.t.
5. Ludovic Dantin m.t.
6. Emmanuel Morin m.t.
7. Benny Verbeke m.t.
8. Jelle Van den Plas m.t.
9. Hans Pirius m.t.
10. Alex Costa m.t.
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42. Stéphane Cognet à 4’59 »
Classement 4ème étape :
1. Cédric Ramothe les 144,4 km en 3h25’18 » (42,2 km/h)
2. Marc-André Buzaré m.t.
3. Mickaël Laurent m.t.
4. Ludovic Exfort m.t.
5. Martin Bauer m.t.
6. Jelle Van den Plas m.t.
7. Lugwing Thébyne m.t.
8. Marc Joseph m.t.
9. Patrice Ringuet m.t.
10. Christian Lavenette m.t.
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18. Stéphane Cognet m.t.
Classement général :
1. Kélian Duro en 13h28’17 »
2. Emile Demazy à 31 sec.
3. Cédric Locatin à 32 sec.
4. Hervé Arcade à 36 sec.
5. Patrice Ringuet à 1’00 »
6. Christophe Cazala à 1’09 »
7. Gérard Beghin à 1’14 »
8. Terry Tsang-Yee-Moï à 1’16 »
9. Emmanuel Morin à 2’21 »
10. Jelle Van den Plas à 2’37
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22. Stéphane Cognet à 5’37