L’expression « courir comme un cadet » sera-t-elle bientôt désuète ? Avec la récente réforme des licences de la Fédération Française de Cyclisme (FFC), elle a en tout cas été bannie du langage institutionnel dès le 1er septembre dernier. Mise en place par souci de simplification, cette vague de mesures bouleverse le monde du cyclisme amateur national par l’ampleur des changements qu’elle véhicule. Des poussins aux cadets, les traditionnelles catégories de jeunes ont notamment cédé face aux normes internationales, classant désormais ces compétiteurs en herbe d’U7 à U17. Les U19 (comprenez donc juniors) et leurs aînés, quant à eux, sont désormais intégrés aux élites en termes officiels, assimilés aux adultes par cette vague de mesures. Et le tout s’organise désormais selon un système où cinq types de licence couvrent chacun l’ensemble des sports gérés par la Fédération.
Nous vous expliquons ici les détails et rouages d’une réforme pensée et préparée bien en amont par un groupe de travail d’élus de la FFC.
Une réforme simplificatrice : la mise en place d’une licence unique pour toutes les disciplines FFC
Que vous soyez un pistard, un vététiste ou un routier, votre licence compétition FFC ne vous distinguera plus de vos confrères. A partir du 1er janvier 2023, une même carte d’identité donnera accès à la pratique de l’ensemble des 10 disciplines de haut niveau reconnues par la FFC, soient :
Cette universalité prendra pour point d’appui la discipline de prédilection de l’athlète. Le niveau dans lequel il y évolue en compétition déterminera le niveau auquel il accèdera automatiquement dans le sport annexe. Si elle présente l’avantage de sa simplicité, cette réforme des licences FFC permet aussi le rapprochement du système institutionnel avec la réalité du terrain. En effet, dans le monde professionnel comme amateur, les barrières tombent entre les différentes disciplines, apparaissant désormais plus complémentaires qu’incompatibles. Si, au matin de l’année 2023, l’austérité de l’hiver vous hôte l’envie d’aller vous défouler sur les routes du coin, vous pourrez aisément opter plutôt pour la compétition de cyclo-cross la plus proche !
Une réforme clarificatrice : la mise au point de cinq types de licences FFC distincts
Un sport mais de multiples objectifs, un vélo, mais moulte usages. Voilà le constat que la FFC a dressé pour appréhender sa réforme. Au lendemain de la chute du nombre de licenciés de 112 000 en 2019 à 102 000 en 2020, il a été souhaité que l’offre de la fédération soit diversifiée et assouplie pour mieux répondre aux différentes demandes. Ainsi, que vous soyez un compétiteur avéré ou un sportif malade, la FFC a proposé une réponse sur-mesure. Ainsi, cinq licences ont été mises au point selon les objectifs distincts qui conduisent les uns et les uns à pénétrer au sein du monde du vélo :
- Compétition : s’adresse à tous les pratiquants de 17 ans et plus qui souhaitent pratiquer le cyclisme en compétition. Elle s’organise en niveaux que nous décrivons un peu plus loin.
- Sport : correspond aux anciennes licences Cyclosport ou Nature et donne notamment accès à l’ensemble des épreuves de masse labellisées par la FFC
- Jeunesse : la seule licence accessible aux pratiquants de moins de 17 ans
- Santé : ouverte aux personnes âgées de 10 ans et plus qui souhaitent pratiquer le cyclisme pour raisons de santé
- Staff : pour les animateurs, arbitres, assistants d’organisation et encadrants
Les années à venir permettront une première évaluation de cette œuvre, en scrutant non seulement l’évolution du nombre global de licenciés, mais en considérant également l’attractivité développée par chacune de ces catégories et leur exploitation par leurs adhérents.
Une réforme libératrice : la catégorie de compétition est désormais choisie et non imposée
« Lever la nécessité de freiner pour ne pas monter ». Telle est la volonté affirmée par Michel Callot, président de la FFC, à nos confrères de « Direct Vélo ». En effet, jusqu’à présent, l’accession à la catégorie élites pouvait être forcée par l’excellence des résultats de l’athlète. Si une telle ascension est grandement honorable et généralement souhaitée parmi les professionnels, elle fait régulièrement figure de cadeau empoisonné pour les coureurs amateurs.
En effet, la catégorie élite éparpille ses épreuves sur l’ensemble du territoire français, contraignant ses membres à le parcourir de long en large chaque week-end, soit une situation intenable lorsque le cyclisme n’est qu’une activité annexe… Et cette situation est d’autant plus pénalisante lorsque le monde élite vous confronte à des coureurs passant la majorité de la semaine sur leur vélo.
En outre, cette réforme des licences FFC touche également aux différents niveaux de compétition en refondant complètement le système. Celui-ci se décompose désormais selon la pyramide suivante :
Rappelons finalement que l’ensemble de ces nouvelles licences Compétition donnent accès aux 10 disciplines de haut-niveau chapeautées par la FFC, car la lutte pour la victoire n’a pas de terrain de prédilection !
Une réforme émancipatrice : les licences jeunes sont maintenant réservées aux moins de 17 ans
Enfin, comme nous l’annoncions dans l’introduction de cet article, les licences FFC jeunes sont désormais réservées aux enfants et adolescents de moins de 17 ans. Leurs aînés sont donc assimilés aux adultes et doivent choisir entre des licences Compétition ou Sport. En ce faisant, cette réforme s’aligne sur l’évolution du cyclisme, où le haut-niveau peut être atteint de plus en plus jeune, grâce au perfectionnement des programmes d’entraînement et d’évolution. Néanmoins, il reste à souligner que ces mutations sont purement institutionnelles puisque les U19 et U23 conservent toujours des épreuves et classements propres.
Et oui, vous avez bien lu « U19 » et « U23 » et non pas « juniors » ou « espoirs ». Il en est de même pour les poussins, les minimes, les pupilles, les cadets et consorts, désormais renommés selon le seul critère de l’âge (au 31 décembre de l’année N), une façon d’intégrer en France l’universalité de ce format. Qui plus est, cette licence jeunesse donnera l’accès aux activités et compétitions réservées à chaque classe d’âge.
Par conséquent, ces changements institutionnels opèrent un certain nombre de mutations nécessaires au sujet des licences FFC mais ne changeront probablement rien au quotidien des coureurs amateurs, des compétiteurs aux cyclosportifs en passant par les jeunes. Et si jamais des inquiétudes naissent ou persistent, la FFC a mis en ligne un guide clair et détaillé pour accompagner l’ensemble des licenciés dans ces quelques bouleversements de la Petite Reine nationale.