Quel début de saison avec déjà 5 victoires et tu n’as jamais fini plus loin que la cinquième place. T’attendais-tu à enchainer les victoires comme ça ?
Non pas vraiment, c’est vrai que l’on s’imagine toujours être performant et gagner mais pas à ce point. Je suis le premier surpris de gagner autant, et surtout aussi tôt dans la saison.
Ton succès devant des professionnels sur Paris-Troyes a une saveur particulière ?
Oui bien sûr ! Mais ce n’est pas forcément parce que je l’ai emporté devant des pros, mais plutôt parce que c’était devant toute ma famille et mes amis. Partager les émotions de cette victoire avec eux était quelque chose de vraiment spécial. En plus c’est une course que je venais voir étant petit, avant même de faire du vélo. C’est presque un rêve de gosse de pouvoir la gagner.
Victoire sur Paris-Troyes | © Amédée da Fonseca
Après Paris-Troyes, tu as doublé la mise ce week-end en remportant le GP de Saint-Etienne samedi et la doyenne Annemasse-Bellegarde et retour ce dimanche. Quelles sont tes premières impressions de ces deux courses ?
Et bien disons que c’est assez incroyable. Ce sont deux grosses courses du calendrier amateur français, qui ont une belle histoire et un gros palmarès. En gagner une aurait déjà été super, mais les deux… J’avais un peu en tête de faire le doublé, je savais que j’avais les jambes pour. Mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer en course, on peut toujours se faire battre, se faire avoir… Alors quand j’ai vu que je l’avais fait, c’était génial !
Comment as-tu construit tes succès avec le SCO Dijon ?
Ce week-end mes deux victoires ont vraiment été collectives. A St Etienne déjà, l’équipe a pris la course en main dans le final pour revenir sur le reste de l’échappée, et me placer avant les deux dernières bosses. Mais à Annemasse l’équipe a carrément contrôlé toute la course. Nous n’étions pas représentés dans l’échappée alors mes coéquipiers ont roulé toute la journée, sans recevoir d’aide. C’était vraiment génial de les voir tous rouler pour moi, et surtout de réussir à gagner ensuite. Les succès collectifs sont souvent les plus beaux, parce qu’on les partage encore plus avec l’équipe. C’est pour ces moments-là que l’on fait du vélo.
Tu l’emportes souvent au sein d’un petit groupe grâce à ta pointe de vitesse. Est-ce quelque chose que tu travailles à l’entrainement ?
Je ne suis pas un sprinteur mais en fin de course sur des parcours difficiles j’ai une petite pointe de vitesse qui me permet de gagner. Après j’essaie toujours de bien réfléchir avant mon sprint car en petit comité, le timing est super important. A Paris-Troyes, j’ai lancé à 500 mètres pour bénéficier de l’effet de surprise. A St Etienne il y avait vent de dos alors j’ai lancé de loin pour prendre l’avantage. Mais à Annemasse j’ai attendu que Jimmy Raibaud lance pour le remonter ensuite. J’essaie toujours de m’adapter selon l’arrivée. J’ai travaillé mon sprint depuis cet hiver, parce qu’en deux ans chez les pros je l’avais complètement laissé de côté. En course je sprintais très rarement, car 80% des épreuves arrivent au sprint massif et je devais travailler pour mon sprinteur. Mais cet hiver, je me suis dit qu’il y aurait sûrement beaucoup de courses où on arriverait en petit groupe, donc il fallait que je m’améliore pour tenter de gagner. Car je n’avais pas envie d’être présent mais repartir avec une collection de places d’honneur sans gagner.
Le SCO à son service | © Méline Fattier
Après n’avoir pas été conservé chez les professionnels, quel était ton état d’esprit en début de saison ?
En début de saison j’étais très revanchard, j’avais ce petit supplément de rage qui fait la différence. Je voulais montrer que j’avais ma place chez les pros, que je le méritais. Maintenant c’est un peu différent, je suis passé à autre chose. Je veux simplement profiter de ma forme, de mon équipe et gagner le plus de courses. Je suis en pleine confiance alors forcément ça joue beaucoup. Je me fais plaisir sur le vélo, ce qui n’était pas toujours le cas ces dernières années. Et je pense que cela joue énormément.
Comment te sens-tu au sein du SCO Dijon avec les coureurs et le staff ?
Je me sens super bien. Tout le staff est là pour me mettre dans de bonnes dispositions avant ou pendant les courses. Je suis assez spécial, un fort caractère et très exigeant avec moi-même et avec les autres. Mais ils m’ont bien cerné et ils connaissent mon « mode d’emploi » maintenant. Avec les coureurs c’est génial, il y a une super ambiance. Avec toutes ses victoires on est un peu euphoriques alors forcément on se fait plaisir sur le vélo et en dehors. Comme je l’ai dit, voir toute l’équipe rouler pour moi ce week-end, c’était génial. Les mecs sont très contents de le faire et ne se posent aucune question au moment où je leur demande de le faire. Ça leur fait plaisir et ils me font confiance. C’est quelque chose qui me touche. Même pendant Annemasse ce week-end, ceux qui n’étaient pas sur la course l’ont regardée sur Direct Vélo. Ils étaient à fond et envoyaient pleins de messages sur les conversations de groupe de l’équipe. C’était génial ! C’est aussi grâce à cet état d’esprit et cette euphorie que l’on gagne. J’espère que cette ambiance leur servira à leur tour, et leur permettra de gagner des courses. Parce que l’équipe est très forte, il n’y a pas que moi. Les jeunes sont vraiment costauds, ils ont du potentiel.
Jérémy Cabot s’impose à Annemasse Bellegarde | © Mathilde Clouard
Quel est ton programme pour les semaines à venir ?
Le week-end prochain je ne cours pas, histoire de lever un peu le pied et souffler avant de reprendre un calendrier chargé. Ensuite ce sera la Coupe de France à Paris-Mantes, puis le Tour du Charolais et Dijon Auxonne Dijon. Puis les premières courses à étapes arriveront, avec le Tour de Saône et Loire et le Tour du Jura.
As-tu déjà d’autres épreuves en tête ou ce sera « du bonus » ?
Comme je l’ai dit, j’ai de bonnes jambes et je souhaite gagner le plus de courses possibles. Bien sûr j’ai un petit faible pour certaines courses. J’aime beaucoup les chronos alors j’ai ciblé les courses à étapes avec un contre-la-montre. Evidemment, comme tout coureur le championnat de France reste un rendez-vous à part, que l’on aimerait tous gagner.
Par Maëlle Grossetête