Ils ont beau porter des tenues de camouflage, on ne voit qu’eux ! Les coureurs du CSA des Loges (plus communément appelé équipe cycliste de l’Armée de Terre) sont impressionnants de réussite depuis le coup d’envoi de la saison amateur. Mais pour son manager et directeur sportif David Lima Da Costa, cette réussite n’est pas due au hasard. C’est en 2011 que l’équipe débarque dans les pelotons de DN2 avant une montée en DN1 dès l’année suivante. « On a pris deux ans pour mettre tout en place. On a fait des erreurs durant ces deux années, on les a corrigées. On a voulu avoir une cohésion. Aujourd’hui, il y a un vrai esprit d’équipe. » Une unité notamment expliquée par l’affectation des coureurs au 121ème régiment du train à Montlhéry. Ils sont basés à Saint-Germain-en-Laye, où les militaires vivent et s’entraînent ensemble.
En cette première partie de saison, leur troisième dans les pelotons, les militaires ne se sont pas rendu la fleur au fusil sur les premières compétitions. A leur tableau de chasse, ils comptent quatorze victoires dont sept chez les Elites, trois triplés, un quadruplé, et un total de trente-deux podiums ! Pas de quartier pour les adversaires ! Ils ont aussi pris d’assaut la Coupe de France DN1 en remportant les trois manches disputées cette année (les quatre dernières si l’on tient compte de la finale de l’édition 2012) ! « On attendait de faire une très belle saison, mais on ne pensait pas avoir autant de réussite », admet le manager ravi. « Nous nous sommes bien préparés avec trois stages cet hiver, poursuit le 1ère classe Yann Guyot. On a tout de suite commencé à gagner et quand on voit les copains lever les bras, on a envie de faire pareil. » L’armada est tirée vers le haut par son capitaine de route Benoît Sinner, vainqueur à trois reprise cette saison, dont deux manches de Coupe de France !
Mais l’équipe cycliste de l’Armée de Terre n’est pas qu’un tank avide de victoires. Elle permet aussi à ses coursiers d’avoir une formation et ainsi préparer leur reconversion. « A titre personnel, j’ai passé mon aide moniteur de sport l’hiver dernier, poursuit Yann Guyot. Cette équipe pense à notre futur, ce que l’on ne trouve pas dans les autres formations amateurs. » Et les avantages ne s’arrêtent pas là ! Un bus est mis à leur disposition, tout le matériel leur est fourni, les contrats sont même plus longs que dans les équipes professionnelles. « Souvent, chez les pros, les contrats sont de deux ans, explique Guyot. Le mien dure cinq ans ! C’est un réel confort de savoir où l’on va. » Il n’y a qu’à observer l’ambiance joyeuse qui règne autour du bus pour comprendre que les coureurs se plaisent dans leur situation.
Tout semble donc sourire au CSA des Loges. Evidemment, de petites jalousies gravitent autour de l’équipe. « On n’y prête pas attention. C’est surtout au niveau des moyens qu’on nous jalouse. Une partie de notre budget est donnée par le Ministère de la Défense. Mais nous devons comme tout le monde aller chercher des sponsors. La différence avec les autres clubs c’est qu’ils ont des subventions de la part de leur région, du conseil général ou de la ville. De notre côté, on n’en a pas et quand on fait l’addition cela revient au même. »
Tant leur domination est remarquable, pourquoi ne pas songer à un passage à l’échelon supérieur ? « Passer professionnel n’est pour l’instant qu’un projet, prévient David Lima Da Costa. On a d’abord envie de passer un nouveau cap, de progresser encore. Nous sommes jeunes et nous avons encore des choses à apprendre. On verra cela dans quelques années. » Avant de penser à prendre du grade, pas de cessez-le-feu pour les militaires. La saison est encore remplie d’objectifs avec notamment dans leur viseur le classement final de la Coupe de France. La razzia peut continuer ! – Pierre Arz