Rien n’avait encore départagé les favoris depuis le prologue de Tonnerre samedi soir, mais les choses ne pouvaient plus durer ainsi. Avec l’entrée du peloton en Haute-Savoie, entre Megève et La Rosière-Montvalezan (103,1 km), c’est un premier festin qui s’offrait aux grimpeurs avec quatre belles ascensions : le col des Saisies (13,6 km à 5 %), le col du Pré (12,7 km à 7,7 %), le Cormet-de-Roselend (6 km à 6,3 %) et la montée finale de la Rosière (16 km à 6 %). On n’avait pas encore vu les favoris, pas tellement non plus les coureurs de l’équipe de France qui se définissent avant tout comme des opportunistes, conscients d’avoir dès aujourd’hui à se frotter à un très gros niveau en montagne.
Ce fut en définitive le jour des Bleus, et pourtant rien n’avait semblé aller pendant longtemps. Il avait d’abord fallu déplorer l’abandon de Nans Peters, 4ème récemment du Tour de l’Ain, mais amoindri depuis lundi par une douleur à la hanche consécutive à une mauvaise chute. Aucune échappée sérieuse n’ayant pu prendre le large dans le col des Saisies, Jérémy Maison avait pris sa chance au pied du col du Pré, qu’il avait abordé avec un solide avantage sur un groupe poursuivant composé de German Chavez et Aldemar Reyes (Colombie), Gianni Moscon (Italie), Marc Soler (Espagne), Martijn Tusveld (Pays-Bas) et… Guillaume Martin (France).
Les deux capitaines de l’équipe de France venaient de se porter aux avant-postes. L’avantage allait à Jérémy Maison mais l’homme de tête allait lui aussi jouer de malchance dans la descente du col du Pré. Une lourde chute et une évacuation vers l’hôpital avec une suspicion de fracture de la clavicule… Il ne restait donc plus qu’un atout pour cette équipe de France laminée, et ce fut le bon !
A 40 kilomètres de l’arrivée, juste avant la bascule du Cormet-de-Roselend, dans lequel le Maillot Jaune chilien José-Luis Rodriguez a déposé les armes, Guillaume Martin se lance dans un numéro visant à redorer le blason des Bleus. La superbe descente réalisée par celui qui s’était adjugé il y a quatre mois Liège-Bastogne-Liège Espoirs le place au pied de la montée finale avec deux minutes d’avance. Il va y livrer une fantastique résistance aux coureurs qui se jettent à sa poursuite. Et faire tourner la chance en la faveur de l’équipe de France quand l’Autrichien Gregor Mühlberger, sur le point de le rejoindre dans les derniers hectomètres d’efforts, va faire fausse route et perdre un temps précieux.
Au sommet, Guillaume Martin offre aux Bleus une merveilleuse victoire en cette drôle de journée. Le grimpeur du CC Etupes, 22 ans, s’impose avec 6 secondes d’avance sur le redoutable Gregor Mühlberger, stagiaire cet été avec Bora-Argon 18 et qui s’est déjà adjugé le Tour de Haute-Autriche chez les pros. C’est lui qui s’empare du maillot jaune de leader mais Guillaume Martin 2ème à 3 secondes n’a pas dit son dernier mot.
Demain vendredi, la sixième étape reliera Bourg-Saint-Maurice à Saint-Michel-de-Maurienne (126 km) par le col de la Madeleine et le col de Beau Plan.
Classement 5ème étape :
1. Guillaume Martin (FRA, France) les 103,1 km en 3h14’29 » (31,8 km/h)
2. Gregor Mühlberger (AUT, Autriche) à 6 sec.
3. Marc Soler (ESP, Espagne) à 39 sec.
4. Simone Petilli (ITA, Italie) à 41 sec.
5. Daniel Martinez (COL, Colombie) à 1’23 »
6. Giulio Ciccone (ITA, Italie) m.t.
7. Gianni Moscon (ITA, Italie) à 1’25 »
8. Sindre Lunke (NOR, Norvège) m.t.
9. Ruben Guerreiro (POR, Portugal) m.t.
10. Sam Oomen (PBS, Pays-Bas) m.t.
Classement général :
1. Gregor Mühlberger (AUT, Autriche) en 18’21’12 »
2. Guillaume Martin (FRA, France) à 3 sec.
3. Marc Soler (ESP, Espagne) à 36 sec.
4. Simone Petilli (ITA, Italie) à 58 sec.
5. Gianni Moscon (ITA, Italie) à 1’14 »
6. Ildar Arslanov (RUS, Russie) à 1’23 »
7. Sam Oomen (PBS, Pays-Bas) m.t.
8. Jack Haig (AUS, Australie) à 1’30 »
9. Giulio Ciccone (ITA, Italie) à 1’31 »
10. Sebastian Henao (COL, Colombie) m.t.