Avant de clore ces championnats de France de l’avenir, il reste une course à disputer, celle des 19-22 ans, la catégorie Espoirs. Tous pensent au titre puisqu’ils ont pour habitude de dominer les pelotons avec leur club respectif. Pour l’heure, 11 tours de 15.5 kilomètres soit 170.5 kilomètres les départageront. Bon nombre de coureurs parlent du circuit comme d’un parcours usant mais c’est la chaleur qui les inquiète le plus. Pas évident de courir sous de telles conditions ! Cette dernière compétition sera la dernière occasion pour permettre à certains comités de sauver les meubles. Si beaucoup ont déjà au moins une médaille les directeurs sportifs en veulent plus. C’est le cas du Rhône-Alpes qui a échoué par 2 fois dans la conquête au titre. Et comme ce n’est pas dans les usages des rhônalpins de rentrer sans un maillot de champion, ils comptent sur leurs 13 hommes pour y parvenir.

Beaucoup de noms circulent quant au nom du futur vainqueur. Peut-être que le breton de Franche-Comté Warren Barguil est le plus attendu. « Je suis bien et j’arrive sans stress. J’espère que la chaleur fera une sélection car le circuit n’est pas très difficile. Avec les dernières courses que j’ai pu faire, je m’y suis habitué. » D’autres compétiteurs sont également en vue mais ils sont trop nombreux pour tous les citer. A noter que 5 professionnels sont engagés. Le départ est donné par Bernard Hinault en personne, qui ne manque pas de rappeler au peloton que certains ont le même âge que Peter Sagan, le maillot vert du Tour de France. On reconnait bien le tempérament du blaireau.

Vers le 10ème kilomètre, ils sont 12 à prendre la fuite. Sont présents Pierre Bonnet et Irwin Gras (Franche-Comté), Alexis Guérin et Quentin Pacher (Aquitaine), Julien Duval et Alexis Gougeard (Normandie), Olivier Le Gac (Bretagne), Anthony Perez (Provence), Pierre-Henri Lecuisinier (Pays de la Loire), Axel Domont (Rhône-Alpes), Flavien Maurelet (Picardie) et Romain Combaud (Ile-de-France). Avec un écart oscillant autour de la minute par rapport au peloton, ils vont ouvrir la route pendant 80 kilomètres environ, jusqu’à ce que Julien Duval et Alexis Guérin, déjà médaillé d’argent sur le contre-la-montre, décident de fausser compagnie à leurs adversaires. Il reste pourtant 80 kilomètres de course !

Dans le peloton, on commence à s’agiter car on aperçoit le groupe de contre à portée de fusil. Cela donne des idées à Warren Barguil qui s’échappe avec d’autres concurrents. Cet autre groupe de chasse va venir faire la jonction avec celui de devant, après un tour de poursuite. Ce sang neuf redonne un second souffle aux poursuivants et ils rattrapent les 2 éclaireurs à 2 tours de l’arrivée. C’est le moment pour Olivier Le Gac et Alexis Gougeard de passer à l’offensive. Les 2 Espoirs première année se connaissent bien puisqu’ils ont souvent couru ensemble sous le maillot de l’équipe de France Juniors. Ils unissent leurs efforts du mieux qu’ils peuvent mais leur avance n’excède jamais les 15’’. Ils sont repris par le groupe de poursuivant aux alentours du passage aux 20 derniers kilomètres.

Ils sont encore une vingtaine à pouvoir gagner et Quentin Bernier, présent parmi les premiers l’a bien compris. Il attaque au son de la cloche annonçant le dernier tour avec Alexis Gougeard (encore !) dans sa roue.  L’entente est parfaite : « On s’est dit qu’il fallait qu’on roule jusqu’au bout pour assurer chacun sa médaille, explique Alexis Gougeard, ancien champion de France Juniors de l’effort solitaire. » Les qualités de rouleurs de ce dernier vont leur permettre d’éviter un retour de l’arrière. « Sans Alexis, je pense que nous ne serions pas  allés au bout, promet Quentin. » Dans ce sprint à 2, Quentin Bernier, est le plus frais et s’en va conquérir le titre national. C’est aussi sa première victoire de la saison ! « J’ai fait une course parfaite, déclare le vainqueur. D’habitude, j’ai du mal à me canaliser et ça me coûte sur la fin. Aujourd’hui, je suis rentré au bon moment sur la tête, je n’attaque qu’une fois et c’est la bonne. » Finalement, le comité Rhône-Alpes repartira avec sa médaille d’or.

Aux avant-postes quasiment toute la course, Alexis Gougeard doit se contenter de la seconde place. « Je ne connaissais pas Quentin. Dans le dernier faux-plat avant l’arrivée, j’ai cru voir qu’il avait du mal, c’est pourquoi j’ai lancé le sprint d’assez loin. Je suis déçu car je passe à côté du titre mais content car c’est une belle performance. » Pour compléter le podium, Maxime Renault se montre le plus véloce après que le peloton soit revenu sur la vingtaine de garçons intercalés. Il se paie le luxe de battre au sprint le professionnel Maxime Le Montagner (Normandie). Ainsi s’achève les championnats de France de l’avenir 2012, après 4 jours de bagarres, de rebondissements, de suspense. L’année prochaine, rendez-vous à Albi dans les Midi-Pyrénées. – Pierre Arz

Classement :

1. Quentin Bernier (Rhône-Alpes) les 170,5 km en 3h52’18 »
2. Alexis Gougeard (Normandie) à 4 sec.
3. Maxime  Renault (Bretagne) à 11 sec.
4. Maxime Le Montagner (Normandie) m.t.
5. Christophe Laporte (Provence) m.t.
6. Jimmy Raibaud (Rhône-Alpes) m.t.
7. Jérémy Leveau (Normandie) m.t.
8. Florian Sénéchal (Nord Pas de Calais) m.t.
9. Jules Pijourlet (Rhône-Alpes) m.t.
10. Jonathan Boucher (Centre) m.t.