Jérôme Gannat / © Vélo 101
Avant de s’en aller rejoindre la Groupama-FDJ, Jérôme Gannat n’a pas manqué de se confier sur la saison 2018 du CC Etupes, tout en portant un regard attentif sur le format de la Coupe de France et sur Alexys Brunel, grand espoir du cyclisme tricolore. Coureur, puis Directeur Sportif, Jérôme Gannat (48 ans) a passé les vingt-huit dernières années de sa vie au sein du CC Etupes. Une longévité impressionnante.
Jérôme, votre aventure avec le CC Etupes s’achève. Que ressentez-vous ?
Ça me fait un petit quelque chose. Je suis arrivé en 1991 en tant que coureur, je suis directeur sportif depuis 2005. J’ai vu l’équipe évoluer et progresser au fil des années. J’ai connu de très belles saisons et croisé d’excellents coureurs. C’est une grosse satisfaction. Je n’ai que des bons souvenirs.
Pourquoi ce nouveau départ ?
J’ai fait le tour de la question chez les amateurs. J’avais besoin de changement. Rejoindre la Groupama-FDJ en tant que directeur sportif de l’équipe Continentale est une immense opportunité. C’est l’occasion de côtoyer le haut niveau.
Quel bilan tirez-vous de cette saison 2018 ?
Le bilan est mitigé. Cette saison 2018 n’est pas a rangé dans les meilleures du club. Même si les deux titres de champion de France d’Alexys Brunel en élite et en espoirs resteront dans les annales. En Coupe de France, nous avons très bien commencé, mais la fin de saison a été plus difficile. La huitième place finale nous laisse des regrets. Mais nous n’avions pas la même équipe que l’an passé où l’on avait terminé deuxième. Il nous a manqué cette année un coureur pour nous porter aux côtés d’Alexys.
Sept victoires, dix-neuf podiums, une huitième place. Etes-vous déçu ?
Déçu, non. Nous n’avions pas un effectif très pléthorique. Avec seulement onze coureurs et avec les blessures, on s’est rapidement retrouvé à neuf coureurs, ce qui est délicat au niveau du programme de course. Beaucoup de coureurs ont dû enchaîner les courses en Coupe de France et ont manqué de fraîcheur sur la fin.
L’effectif 2018 du CC Etupes | © CCEtupes
Quel est votre plus beau souvenir cette saison ?
Incontestablement la victoire sur le chrono par équipes en élite. Cette saison, sur trois chronos, nous en avons remporté un et terminé deux fois deuxième. Cela prouve que nous avons un bon collectif et un bon niveau d’ensemble. C’est la grosse satisfaction de la saison.
Quel regard portez-vous sur Alexys Brunel, impérial cette année et qui suivra vos pas la saison prochaine ?
Alexys est un solide espoir. Il a d’énormes qualités. Son palmarès n’est pas encore à la hauteur de son talent. Sur Liège-Bastogne-Liège espoirs, il n’est pas passé loin de la victoire (3e à l’arrivée, ndlr). Je n’ai pas de doutes sur son adaptation en Continental l’an prochain.
Votre départ a-t-il modifié le recrutement pour la saison à venir ?
Non, le recrutement est dans la continuité de ce qui se fait depuis plusieurs saisons. Boris Zimine a dessiné les contours de son effectif 2019. Je lui ai juste donné quelques conseils. La volonté de l’équipe est de conserver un groupe de jeunes coureurs, amené à évoluer au fil des saisons. La majorité de notre effectif est composé de très jeunes espoirs. Matthieu Garnier, le plus vieux coureur, a seulement vingt-quatre ans. L’an prochain, l’équipe va forcément progresser.
Quels seront les grands objectifs de l’équipe la saison prochaine ?
Disons que nous sommes revenus à nos premiers amours, en axant de nouveau le recrutement sur des grimpeurs. L’objectif sera de bien figurer sur les courses difficiles comme la ronde de l’Isard. Pour nous, il est important de rester un club majeur de DN1, régulièrement dans top 5 et avec une grande notoriété.
Un mot sur les subventions ?
Comme dans toutes les équipes, la tendance est à la baisse. Le problème, c’est que la DN1 est un niveau qui nécessite un budget conséquent, avec peu de retombées médiatiques. Il est difficile d’aller chercher des ressources dans le privé, hormis du côté des vrais passionnés de cyclisme.
Quel regard portez-vous sur la DN1 ? Le format ? La médiatisation ?
Le format doit évoluer, c’est sûr. Mais sans retransmission télévisuelle, il est compliqué de rendre la DN1 plus médiatique. L’autre problème, c’est le profil des épreuves de Coupe de France qui favorisent les coureurs d’expérience et les routiers. Beaucoup de jeunes coureurs ont du mal à s’exprimer car leur profil ne colle pas aux standards. Est-ce que la Coupe de France est vraiment révélatrice du niveau des clubs ? Honnêtement, je ne suis pas certain.
Propos recueillis par Romain Boisaubert