Yannis, comment s’est passée la cinquième manche du Circuit des Plages Vendéennes ?
La course a été assez rapide, avec beaucoup de tension. Les gens frottaient beaucoup et il n’était pas facile de remonter. Il y avait beaucoup de vagues, ce qui compliquait la possibilité de trouver une trajectoire parfaite. Il fallait prendre beaucoup de risques, sans être à l’abri d’une vague qui nous ferait redescendre. Ça s’est un peu dissipé dans les derniers kilomètres, quand un coup est parti, mais ça frottait encore beaucoup.
Dans les 500 derniers mètres, il y avait une petite bosse. C’est là que tu as fait la différence ?
Oui. Les autres sont passés assez lentement, avec beaucoup de braquet, ce qui n’était pas évident pour relancer. J’ai choisi une autre trajectoire, celle prise également par Benjamin Le Montagner. Avec un faible braquet et une bonne vélocité on a tout de suite fait le trou. Dans les 200 derniers mètres, j’ai été étonné de voir que ça ne revenait pas derrière. J’ai fait mon sprint et je me suis imposé comme ça. Avec beaucoup de surprise car je ne m’attendais pas à gagner. J’avais les jambes et la capacité de faire quelque chose au sprint. De là à gagner, c’était un peu inattendu.
Tu as 18 ans, tu sors de la catégorie Juniors, tu n’as pas perdu de temps pour prendre tes marques au niveau supérieur…
Les Juniors, c’est la catégorie de transition vers les Espoirs. Au niveau des kilomètres, ça augmente vis-à-vis de ce qu’on fait en Cadets. On se rapproche des distances Espoirs : 100-120 kilomètres. En première année Espoir, c’est une année d’apprentissage, aussi bien à l’entraînement qu’en course. On n’attend pas vraiment de résultat. Je suis dans une nouvelle équipe et j’y découvre vraiment le cyclisme de haut niveau.
Et quelles en sont tes premières impressions après trois courses ?
Nous avons une bonne équipe, nous nous entendons vachement bien. Au sein du peloton, nous ne nous faisons pas autant remarquer que Vendée U ou Véranda Rideau-U lorsqu’ils font des bordures, mais nous arrivons à être présents dans les coups. Et au final on arrive à faire des places. Les Plages Vendéennes, c’est avant tout un stage de cohésion pour nous. C’est une préparation et un rassemblement qui permet de souder l’équipe, d’apprendre à courir ensemble, de voir aussi de quoi nous sommes capables physiquement.
Tu te découvres donc petit à petit, quels sont tes points forts ?
J’avais une bonne pointe de vitesse chez les Juniors, il va me falloir encore la confirmer chez les Espoirs. Même si j’ai gagné à Girouard, j’estime avoir encore à faire mes preuves.
Comment s’étaient passées tes deux premières expériences à ce niveau jeudi et dimanche derniers ?
Ça ne m’a pas trop réussi. Jeudi il y a eu un gros coup de vent. A l’arrivée je n’étais pas tout à fait bien. Avant les courses l’hiver a été difficile et je ne savais pas trop où j’en étais. J’allais vers l’inconnue. Je ne m’attendais pas à gagner au troisième essai. C’est beaucoup d’étonnement pour moi et en même temps c’est assez rassurant. Potentiellement, je me dis que je peux envisager des objectifs au cours de la saison.
Ça te donne de l’ambition pour les semaines à venir ?
De l’ambition, j’en ai quoi qu’il arrive, c’est la base du sport. Cette victoire est surtout réconfortante. Ça montre que ma marge de progression est constante, que je ne stagne pas. C’est rassurant pour moi comme pour l’équipe d’arriver à faire de bons résultats en début de saison sans avoir vraiment eu de préparation spécifique pour ce début de saison.
A Auber, tu as rejoint cette année ton frère aîné Medhi, est-ce lui qui t’a entraîné dans le vélo ?
Tout à fait. J’ai suivi ce qu’il faisait. A la base je faisais du hockey sur glace mais ma patinoire a fermé. J’ai voulu changer de club mais sa patinoire a brûlé… Je me suis alors dirigé vers le vélo en Minime 1. Au fil des années, j’ai vu que ça me réussissait. Je gagnais, je prenais du plaisir à rouler. Medhi n’est plus Espoir depuis cette saison. Les épreuves du Circuit des Plages Vendéennes ne lui correspondent pas trop à cause du profil et des températures. Nous deux, on se compense. Mes points forts sont ses points faibles et ses points forts sont mes points faibles.
Tu es un jeune bachelier, que fais-tu à présent dans le cadre de tes études ?
J’ai entamé une licence en STAPS. J’essaie de valider ma première année pour avoir ma licence puis peut-être se diriger vers un Master. Pour l’instant les cours ne me prennent pas énormément de temps, ce qui me permet de rouler grâce aux horaires de la fac. Je bénéficie en plus du statut de sportif de haut niveau, ce qui me permet aussi de louper quelques cours, comme actuellement ! Tant que ça se passe comme ça je peux rouler, et ça me plaît.
Propos recueillis à Girouard le 16 février 2012.