Valentin, tu sors d’un brillant début de saison, vainqueur de la Route Bretonne et du Circuit du Mené, 2ème du Circuit du Morbihan et du Prix Gilbert Bousquet, quelle anayse en fais-tu ?
J’avais nourri l’espoir d’être vraiment bien en début de saison, mais sans doute pas de là à avoir déjà trois victoires et deux places de 2 en Elite. Je ne m’attendais pas à avoir un tel niveau. J’ai apporté des changements à mes méthodes de travail cet hiver, avec davantage d’exercices portés sur des aspects que je ne travaillais pas les années passées. Et ça porte ses fruits.
Ces changements de méthodes, ils sont venus d’une prise de conscience de ta part ou de conseils extérieurs ?
C’est un petit peu les deux. Je savais très bien qu’il me fallait faire un peu plus de travail au seuil, à PMA etc., mais je ne voulais pas le faire trop tôt. J’ai d’abord souhaité prendre de la caisse avant de travailler dans les zones. Sans avoir fourni ce travail-là l’année dernière, j’avais déjà réalisé une très bonne saison (NDLR : vainqueur des Boucles de la Loire et de Manche Océan, 3ème du Tour des Deux-Sèvres). Le fait de réaliser cette année des exercices plus précis m’a permis de passer un petit cap qui fait que je suis toujours là dans le final.
Avec un papa comme Laurent Madouas, professionnel entre 1989 et 2001, ta vocation était toute trouvée ?
J’ai toujours voulu faire du vélo, bien que mon père ne m’a pas tellement encouragé dans cette voie au tout début. Il connaît trop bien les exigences du cyclisme. Il sait que c’est un sport très difficile et sans doute ne voulait-il pas que je souffre autant. J’ai d’abord pratiqué d’autres sports sur ses conseils, car il voulait que j’essaie d’autres disciplines, mais je ne me voyais pas faire autre chose et le jour où il a compris que c’était vraiment mon truc, que je prenais plaisir à faire ce sport, il m’a accompagné.
Quel rôle joue-t-il aujourd’hui dans ta jeune carrière ?
Il s’y connaît forcément beaucoup dans le vélo, donc il m’aide sur l’entraînement, il me conseille pas mal sur les courses. Il me permet aussi de rentrer en contact avec différentes équipes, grâce à ses relations. C’est un rôle de conseiller.
A 19 ans, comment parviens-tu à concilier ton cursus scolaire avec ton activité cycliste ?
Je suis en deuxième année en école d’ingénieur à Brest, avec prépa intégrée. J’en ai encore pour trois années d’études. J’arrive à bien concilier les deux mais c’est une organisation rigoureuse. Entre le vélo et les cours, il me faut bien récupérer et donc perdre le moins de temps possible. Je mène mon entraînement en fonction des cours, c’est compliqué mais d’ici quelques années je serai très content d’avoir un diplôme. Ce n’est qu’à partir de là que je pourrai me consacrer pleinement au vélo.
Comment s’organise ton emploi du temps ?
Je ne fais pas de récup’ après les courses car je préfère me reposer vraiment et me remettre dans le boulot, dès lors je coupe le lundi. J’ai des créneaux le mardi, ce qui me permet de rentrer chez moi vite fait pour travailler sur home-trainer. Je suis en cours toute la journée du mercredi, mais j’arrive à faire du home-trainer le soir voire maintenant un petit peu de route à raison d’une heure ou deux avec l’allongement des jours. Le jeudi, j’ai cours le matin et j’ai mon après-midi pour rouler. Je m’accorde un break le vendredi avant un petit déblocage le samedi et la course le dimanche.
Après ta première saison Espoir l’an dernier, dirais-tu que tu as gagné en maturité, en force et en stratégie ?
Enormément. J’étais toujours bien placé sur les Elites l’année dernière, mais j’avais toujours un peu de mal dans le final et je finissais par craquer à ce moment-là. Je manquais de fond. Cette année, j’ai pris pas mal de force et je me retrouve dans la position que j’aime. Ça me permet de m’appliquer sur la stratégie. Je subis beaucoup moins et à partir de là je sais très bien que je suis meilleur tactiquement. J’arrive à mieux analyser la course. J’ai beaucoup appris de ma première année en DN1. Certains coureurs préfèrent débuter dans des DN inférieures, mais je trouve que pour l’apprentissage du haut niveau, il faut aller directement en DN1. Quitte à se prendre des claques ! A force de faire des Elites, on sait comment ça court. C’est comme ça qu’on progresse physiquement et stratégiquement. Pour moi, on peut gagner un an ou deux.
Quelles sont les qualités que tu cherches à développer ?
Je suis un puncheur qui arrive à passer les bosses courtes et raides, et j’ai en outre une bonne petite pointe de vitesse dans le final qui me permet d’aller faire des places au sprint quand on arrive en petit comité. Les arrivées massives, ce n’est pas trop mon fort, mais j’espère encore progresser. J’ai pas mal travaillé le sprint cet hiver pour essayer de me perfectionner en la matière. L’année dernière, j’ai appris qu’il était difficile d’arriver seul en Elite. Bien souvent, on termine par petits groupes. Je possède des qualités naturelles pour le sprint, j’en ai pris conscience, et j’ai travaillé un peu mieux ce domaine durant l’hiver. Ça marche bien même s’il reste du boulot. Dans les années futures, j’aimerais bien également grimper mieux les cols. Pour cela j’ai encore du poids à perdre et il faudra aller en montagne pour s’entraîner et courir.
Comment va s’articuler la suite de ta saison ?
Le début de saison avec les premières courses en mars et les classiques bretonnes représentait un premier objectif. C’est une période durant laquelle je voulais vraiment être en forme. Je vais essayer de couper un peu prochainement avant de partir sur les courses par étapes cet été. J’aurai à cœur d’arriver en forme en juin, juillet, à compter du Championnat de France. Ce sont des mois durant lesquels j’aimerais être performant. Avant peut-être un nouveau stage professionnel en août, septembre.
Propos recueillis le 1er avril 2016.