Thomas, tu passes pro à La Pomme Marseille à l’âge de 26 ans, est-ce la dernière limite que tu t’étais imposée avant d’oublier ce projet ?
Je passe pro effectivement un peu tard mais je rentre aussi dans mes belles années et je ne pense pas avoir besoin d’une ou deux années de transition chez les professionnels. Je connais mon métier et je pense avoir quelque belles années devant moi. 2012 était effectivement la dernière année que je m’étais fixée chez les amateurs, quoi qu’il arrive. Je suis donc bien content de continuer l’aventure.
Certains pros éclatent très jeunes, on pense à Thibaut Pinot évidemment, crois-tu à une éclosion qui soit liée à un âge où on approche de la maturité ?
Le cyclisme est un sport à maturité tardive, je ne suis pas le même coureur qu’à mes 20 ans. Certains ont besoin de plus de temps que d’autres pour franchir les paliers. J’ai commencé le cyclisme assez tard, à 17 ans, et même si je ne regrette pas mon parcours puisqu’il a changé l’homme que je suis, je pense avoir perdu du temps. Je sais aujourd’hui les erreurs à ne pas faire et, avec le recul, je préfère passer pro aujourd’hui avec ma maturité plutôt qu’il y a deux ans sans vraiment le mériter.
Tu fais le grand bond en avant, quand penses-tu avoir été proche de franchir le cap les années passées ?
Cela fait deux-trois ans que je suis parmi les meilleurs Français en amateur : 2ème du Circuit des Ardennes 2010, vainqueur du Tour de la Manche 2011… Il m’a simplement manqué le petit plus que j’ai eu cette année.
Que dis-tu à ceux qui évoquent l’idée que passer pro en continentale, c’est à peine mieux que rester amateur ?
La Pomme n’est pas une simple équipe continentale que l’on trouve un peu partout en Europe. C’est une structure avec un vrai projet attaché à une région et avec un objectif d’évolution certain. C’est une structure très respectée et enviée dans le milieu professionnel. Cela ne fait aucun doute que je passe un vrai cap en allant à La Pomme.
Qu’est-ce qui va changer dans ton emploi du temps ?
Au-delà de l’emploi du temps, c’est surtout ma mentalité qui va changer compte tenu de mon statut professionnel. Je ne veux rien laisser au hasard et j’ai la chance à La Pomme d’être entouré de personnes très compétentes pour atteindre mes objectifs.
A l’opposé de toi, il y a Antoine Lavieu, 22 ans, qui franchit le Rubicon lui aussi. Quel avenir lui vois-tu ?
Antoine est un très bon coureur, sérieux et plein d’avenir. C’est un crack dans son domaine et son travail cet hiver va consister à le rendre moins exclusif. Il est très fort en montagne mais il doit gommer quelques lacunes, notamment sur le plat.
Quand tu vois Julien Antomarchi et Justin Jules qui reviennent à la Pomme après un an, as-tu le sentiment d’intégrer une « famille » ?
La Pomme Marseille, c’est une équipe professionnelle mais avant tout un club de quartier. J’ai retrouvé beaucoup d’encadrants qui étaient déjà là en 2007 quand nous avions gagné la Coupe de France. Je retrouve aussi Benjamin Giraud, mon meilleur ami, que je n’ai jamais quitté puisque nous vivons en colocation à Château-Gombert, un quartier de Marseille.
Quel sera ton rôle précis ?
Nous n’avons pas déterminé les rôles de chacun mais il est clair que nous avons une équipe très homogène et chacun aura sa chance au cours de la saison.
Il y a eu de gros bouleversements dans l’équipe. Les coureurs d’expérience comme toi ou les anciens Pommiers allez avoir un rôle d’encadrant…
L’organisation d’une équipe pro est différente des amateurs. Aussi, chacun doit se prendre en charge et faire en sorte que l’équipe aille dans le bon sens. Après, certains caractères ressortent, c’est inévitable.
Aix et La Pomme ont eu une grosse rivalité chez les amateurs, qu’en est-il entre les coureurs ?
Il y avait une grosse rivalité quand les deux clubs évoluaient en DN1, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il y a un respect réciproque entre les coureurs et les dirigeants.
Comment juges-tu ta saison 2012 ?
J’ai fait une belle saison, régulière, mais j’ai de grosses lacunes au sprint et je dois rectifier tout ça en passant chez les pros ! J’aurai en effet moins de marge de manœuvre et il ne faudra pas laisser ma chance quand elle se présentera.
Qu’est-ce qui va changer dans ton intersaison ?
Etant donné que je recommence plus tôt, au Grand Prix La Marseillaise le 27 janvier, je vais anticiper mon entraînement hivernal et mettre un plus de spécifique dans mon entraînement.
On t’a vu au Roc d’Azur, une classique du VTT à laquelle ont pris part plusieurs pros de la route. Fais-tu toi-même du VTT ?
J’entraîne l’école de cyclisme du Vélo Club Gombertois le mercredi après-midi en VTT mais je réserve cette pratique à l’entraînement.
Rostollan, c’est un nom dans le vélo, un peu comme Pinot, ça t’évoque quoi ?
C’est clair que mon nom est connu dans le milieu et que mon passage chez les pros rend mes proches très fiers. Maintenant le plus dur reste à faire, à savoir me faire un prénom chez les professionnels !
Propos recueillis le 17 octobre 2012.