Romain, la saison amateur 2016 s’ouvrira samedi. Comment t’y es-tu préparé ces derniers mois ?
Je suis plus ou moins chaque hiver le même protocole et je n’ai pas dérogé à la règle cette année. Avec une petite curiosité néanmoins puisque j’ai repris le vélo à la Martinique, où je suis parti en vacances avec mon amie au mois de décembre. J’ai emmené le vélo dans mes bagages bien que ce ne soit pas la destination la plus évidente pour une reprise. Certes, il y avait la chaleur, pratiquement 30°, mais la Martinique est hyper vallonnée. On ne trouve pas une route plate. Il n’y a que des raidards, des enchaînements de bosses bien raides, et le revêtement n’est pas terrible. Là-bas, ils roulent beaucoup sur la quatre voies qui relie le nord au sud de l’île, mais c’est trop dangereux. J’ai donc bien roulé au mois de décembre avant d’enchaîner les stages avec le Vendée U en janvier.
En quoi ont consisté ces rassemblements collectifs ?
Nous nous sommes réunis au service-course trois week-ends de suite au mois de janvier, à raison de dix heures de vélo à chaque fois. Le samedi matin nous allions à Chantonnay rouler dans les bosses avant de s’adonner à un travail type chrono par équipes l’après-midi. Nous avons travaillé par groupes de cinq avec des séries de dix minutes. C’est un effort qui nous est également utile dans les bordures : dix minutes à bloc à se relayer. Le dimanche nous avons réalisé une grande sortie, souvent en guise de reconnaissance d’une épreuve des Plages Vendéennes. Nous avons conclu notre préparation par un stage en Espagne à Salou. Autant dire qu’avec une telle préparation n’y a pas eu besoin d’en remettre des tonnes en semaine. Je suis entraîné par Thibaut Macé, un des directeurs sportifs du Vendée U. Souvent, je fais une sortie d’endurance le mercredi et du fractionné le mardi et le jeudi.
Cet hiver, quatre piliers du Vendée U ont rejoint les pros de Direct Energie, ce qui fait aujourd’hui de toi un cadre de l’équipe. Quel rôle vas-tu être amené à jouer ?
J’entame ma sixième année au Vendée U, ce qui fait de moi le coureur le plus ancien de l’équipe. On attend forcément beaucoup de moi et il m’appartient de répondre présent. Les quatre « anciens » passés pros (NDLR : Lilian Calmejane, Romain Cardis, Jérémy Cornu, Fabien Grellier) ont été remplacés par trois Espoirs 1 : Enzo Bernard, Aurélien Costeplane et Thomas Denis. La moyenne d’âge de l’équipe a diminué. J’aurai à montrer aux plus jeunes le bon comportement à tenir en course, être à l’avant, prendre les coups, et ramener des résultats. Je ferai aussi certainement le relais entre les directeurs sportifs dans les voitures et les jeunes dans le peloton. J’aurai en outre à mes côtés Morgan Lamoisson, qui redescend des pros et va davantage endosser le rôle de capitaine de route. Il aime bien parler à l’équipe et sait bien manager un groupe.
A 23 ans, cette saison 2016 sera-t-elle stratégique quant à tes ambitions professionnelles ?
Passer pro chez Direct Energie serait la suite logique, mais ça passe avant tout par une belle saison. J’espère que ça le fera car en dépit d’un contrat avec le Vendée U, ça reste une situation précaire. On ne gagne pas des mille et des cents. Ou bien je rejoins les pros en fin d’année, ou bien j’irai faire autre chose. Sans quoi à ce rythme là je ne suis pas près d’être à la retraite ! Je ne fais cette année que du vélo quand j’avais travaillé un peu l’hiver les années passées, à Super U, ou même au service-course où je nettoyais tous les mardis les vélos, les roues, et préparais le camion pour le week-end. Ça ne me pénalisait pas pour autant. Au contraire ça me faisait changer d’air et ça évite de gamberger. Ne faire que du vélo, des fois ce n’est pas mieux. Mais au moins j’optimise.
Le peloton pro, tu y as goûté en fin de saison dernière en stage avec le Team Europcar. Qu’as-tu retenu de cette expérience ?
Avec le Vendée U, nous pouvons courir des Classes 2 mais ne pouvons pas nous aligner sur des Classes 1 auxquelles seuls les pros ont accès. J’ai disputé le Tour du Gévaudan Languedoc-Roussillon sous les couleurs d’Europcar. Je n’avais jamais fait de course qu’avec des pros. Courir avec des Thibaut Pinot ou Romain Bardet est enrichissant. J’ai vite saisi qu’il y avait encore une marche à franchir. Quand un Pinot ou un Bardet enclenche, ça ne rigole pas ! Côtoyer des coureurs de l’équipe comme Thomas Voeckler a également été une bonne expérience.
Sur quels aspects te faut-il encore progresser pour être au niveau des pros ?
C’est le petit km/h en plus, celui qui fait que c’est beaucoup plus dur car ça va plus vite dans les moments clés. Pour ça il me faut encore prendre de la force, de la maturité physique, de la bouteille. De toute façon, on progresse d’année en année. J’en ai pris conscience au stage en Espagne. Je me suis aperçu que j’étais mieux que les années passées. On a fait un petit peu la course entre nous, des tests chronométrés, c’est un bon moyen de se juger par rapport aux années précédentes.
Le véritable verdict interviendra cependant ce week-end avec l’ouverture de la saison au Circuit des Plages Vendéennes…
Je serai sur les trois premières manches des Plages Vendéennes samedi à Noirmoutier, dimanche à Notre-Dame-de-Monts et mardi à Fougeré. Encore que j’ai un doute quant à la possibilité de pouvoir faire du vélo samedi. Une nouvelle tempête est annoncée sur la côte vendéenne, avec des vents à 95 km/h, on verra si l’épreuve est maintenue dans ces conditions. Après cette remise en route, nous partirons pour la première Coupe de France le samedi 20 à Aix-en-Provence. Cette manche de Coupe de France si tôt dans la saison oblige chacun à bien rouler pendant l’hiver pour être compétitif dès le début de saison, mais ce qui me désole surtout c’est que ça va me faire rater l’étape des Plages à Chantonnay…
Où ambitionnes-tu de marcher cette saison ?
Je vais avoir à cœur de briller sur toutes les Coupes de France qui me conviennent, celles dont les parcours sont usants et vallonnés. Idem pour les Classes 2. C’est sur ces épreuves qu’on me demande de marcher. Et j’ai bien sûr un intérêt particulier pour le Championnat de France de Vesoul sur un parcours qui devrait me plaire. Je regrette en revanche que nous ne soyons pas pris cette année sur une course comme le Tour de Bretagne, que j’aurais aimé faire et qui reste typiquement le genre de course où il faut performer pour espérer passer à l’échelon supérieur. Ce sont ces grandes courses qui retiennent l’attention plus que, entre guillemets, une petite Elite Nationale dans le coin.
Ce cru 2016 du Vendée U, rajeuni, comment le juges-tu ?
Chaque année le groupe est renouvelé et cette année tout se passe très bien. Nous sommes encore une fois très homogènes si j’en juge les entraînements que nous avons réalisés. Et ce qui est bien au Vendée U c’est que nous passons beaucoup de temps ensemble. Nous avons passé tous les week-ends de janvier ensemble au service-course, sur le vélo mais aussi en dehors, quand on fait à manger, quand on fait la vaisselle. Ça soude un groupe et je peux déjà assurer qu’il y aura encore des costauds chez les jeunes cette saison.
Propos recueillis le 10 février 2016.