Nicolas Debeaumarché en course | © Perrine Sauvey
A 21 ans, tu réalises ta meilleure saison chez les amateurs, tu sens que tu as franchi le palier qu’il y a entre les juniors et les élites ?
Ma première année chez les élites a clairement été une saison de découverte et d’apprentissage. Je sortais des juniors avec de la confiance et j’ai vite compris que le niveau était bien plus important. Je dirai que ça m’a permis de prendre de la caisse mais également de me remettre en question. A la suite de cela, ma deuxième saison a été plus fructueuse en termes de résultats. Enfin, cette année je dirai que je me suis complètement adapté au niveau élite ce qui me permet maintenant d’être un réel acteur sur les courses. Le palier junior/élite est une marche importante, certains coureurs sont plus rapides que moi à le franchir mais ça ne me pose pas de problème. Il faut s’entourer des bonnes personnes et avoir confiance en ce pourquoi nous travaillons.
Tu as décroché tôt dans la saison ta première victoire, sur le Grand-Prix d’Onjon en toutes catégories fin Février. T’attendais-tu à lever les bras si tôt ?
Le GP d’Onjon devait être ma quatrième course de l’année, c’était de la préparation pour les futures échéances. En tant que DN 1, nous nous déplaçons avec des objectifs élevés sur des épreuves de toutes catégories, où nous devons être performant. Les jambes étaient bonnes et l’occasion de l’emporter s’est présentée, je ne m’en suis donc pas privé.
Deux mois après tu réalises un gros coup en remportant la quatrième étape du Tour du Loir-et-Cher en classe 2. Comment analyses-tu ce succès à froid ?
Le Tour du Loir et Cher était un objectif important et j’ai fait le nécessaire sur la préparation. C’est cependant difficile de s’imposer sur des courses de ce niveau. Je n’étais pas le plus fort au départ mais j’ai su saisir une opportunité et ça a fonctionné. J’ai réussi à analyser la situation et prendre du recul, ce qui pouvait être auparavant « un problème » dans mon tempérament.
Victoire au Tour du Loir et Cher | © Joel Boulay
Gagner devant des professionnels, ça fait quoi ? Quels ont été tes premiers sentiments en coupant la ligne ?
Bien sûr c’est la plus belle victoire de ma petite carrière. Sur une épreuve de ce niveau c’est vraiment un gros plaisir. Je n’ai pas réalisé de suite mais quand j’ai vu mes coéquipiers et mon DS en franchissant la ligne j’ai compris et j’ai tout simplement pleuré. Il y avait beaucoup d’émotions et c’est pour vivre des moments comme ça que je pratique ce sport.
Selon toi, sur quels aspects as-tu le plus progressé par rapport aux années précédentes ? As-tu mis l’accent sur quelque chose cet hiver ?
Honnêtement mon hiver a été très similaire par rapport aux années précédentes, je ne suis pas un grand borneur. Nous faisons un bon boulot avec Paul Herman, mon entraîneur depuis plus de 3 ans. Il me connaît et sait de quoi j’ai besoin, tant en terme d’entraînement que de suivi mental. J’ai bien sûr franchi des paliers physiques mais c’est surtout au niveau mental que le plus gros travail a été fait, et c’est notamment grâce à Paul si je réussis à me remettre en question. J’ai parfois du mal à gérer certaines de mes émotions dans des moments délicats et il m’a appris à prendre de la hauteur sur ce type de situation.
Ce week-end tu as participé à une cyclo sportive sur la Bourgogne Cyclo. Dans quel but étais-tu au départ de cette épreuve ?
Le départ de la Bourgogne Cyclo était à 3 kilomètres de chez mes parents, là où j’ai grandi. C’était un week-end sans course et je sortais d’une petite coupure, ce qui m’a permis de me remettre en marche pour les échéances à venir. J’ai pris beaucoup de plaisir sur ces routes que je connaissais par cœur, c’était une belle organisation avec un beau plateau.
Nicolas Debeaumarché sous les couleurs de l’équipe de France | © Philippe Seys
Quelle sera la suite de ton programme ?
J’ai un week-end important avec des courses vers Poitiers, avec notamment la Coupe des Nations où je serai sous le maillot de la Bourgogne Franche Comté. Nous enchaînerons ensuite avec le GP de la Somme et le Tour du Loiret, mais je suis un garçon qui prend vraiment les épreuves comme elles viennent.
On imagine que tu as dans un coin de ta tête l’idée de passer à l’échelon supérieur ?
Bien entendu j’ai pour objectif de passer professionnel, mais je n’en fait pas une obsession, si ça doit se faire ça se fera. Je pense avoir une marge de progression encore importante et je suis espoir 3. J’aimerai que l’on me laisse ma chance en tant que stagiaire, mais nous n’en sommes pas encore là. Je tiens à rester pour le moment concentré sur ma saison avec le SCO Dijon.
Quel(s) coureur(s) t’inspire(nt) le plus ? pourquoi ?
J’ai trois coureurs en tête, d’abord Julien Bernard, c’est un ami qui m’apporte beaucoup, nous nous entrainons régulièrement ensemble et j’écoute les conseils qu’il me donne. C’est un garçon très attachant et un vrai coursier de talent. Ensuite je dirai George Hincapie pour sa carrière et sa fidélité auprès de ses leaders. Je trouve cela admirable et c’est un rôle qui pourrait vraiment correspondre à mes qualités physiques et mon tempérament à l’avenir. Enfin l’irremplaçable Tom Boonen pour son palmarès et sa classe naturelle. J’ai passé mon enfance à l’idolâtrer et à l’imiter.
Par Maëlle Grossetête