Jérôme, où placez-vous la saison 2016 accomplie par le CC Etupes ?
Si l’on compare à 2015, nos résultats sont légèrement inférieurs, mais ça reste tout de même une bonne saison. Sans être une saison exceptionnelle, on peut dire que 2016 fait partie des bonnes années. Bien sûr, comme chaque fois, nous sommes attentifs au nombre de nos coureurs qui passent professionnels. Et le point positif c’est qu’ils sont trois à nouveau à rejoindre les rangs supérieurs : Léo Vincent en WorldTour avec FDJ, Fabien Doubey en Pro Continentale avec Wanty-Groupe Gobert et Damien Touzé en Continentale avec HP BTP-Auber 93. Mais sans doute qu’il nous a manqué quelques victoires car de ce point de vue nous avions les moyens de faire mieux.
Qu’est-ce qui vous a fait défaut ?
Nous avons pu manquer de cohésion collective. La grande majorité de nos coureurs a envie de passer chez les pros, ce qui génère parfois de petites interférences. C’est légitime. Maintenant, nous arrivons à gérer ces situations. Tous les coureurs, d’abord, n’atteignent pas leur pic de forme au même moment. Dès lors il faut bien faire comprendre qu’un service donné un jour sera un service rendu un autre jour. Tout le monde doit pouvoir bénéficier du travail collectif. S’il y a des coureurs protégés comme dans toutes les équipes, je considère qu’il n’y a pas de leader chez nous. Tout le monde est là pour pouvoir s’exprimer.
Quelles performances particulières retenez-vous au terme de la saison 2016 ?
Je pense à la 4ème place de Léo Vincent au Tour de Savoie Mont Blanc, où il s’est battu avec des coureurs issus d’équipes continentales. Idem pour Fabien Doubey qui fait 8ème du Tour d’Alsace en ayant été à la hauteur des réserves des équipes WorldTour. Sur ces épreuves nous avons rivalisé avec des équipes comme Axeon Hagens Berman et Lotto-Soudal Espoirs. Et même si ces groupes sportifs possèdent davantage de moyens que nous, nous n’avons rien eu à leur envier.
25 % de l’effectif 2016 passera à nouveau professionnel la saison prochaine, quelle est donc la recette du CC Etupes ?
Depuis 2009 et le passage chez nous de Thibaut Pinot, nous avons connu beaucoup de très bons coureurs. On s’interroge toujours sur les raisons du succès. Nous n’avons pas de grands moyens, nous n’avons pas le soutien d’une équipe pro, mais les équipes pros sont néanmoins attirées par nos coureurs, qui reçoivent chez nous une bonne formation. Ils arrivent en outre à maturité physique. Pour un groupe sportif professionnel, cela réduit le laps de temps d’acclimatation au peloton pro. Il y a enfin une ambiance générale qui permet à chacun de bien se sentir à Etupes.
Quels sont concrètement les moyens déployés au CC Etupes en termes de formation ?
Nous attachons beaucoup d’importance à l’entraînement. C’est un moyen de s’exprimer et de progresser. Nous travaillons beaucoup avec le capteur de puissance, auquel nous accordons là aussi beaucoup d’importance. Nous n’avons pas un fonctionnement strict ou militaire. C’est relativement cool. Mais nous plaçons vraiment le coureur au centre de notre organisation. Nous faisons tout pour lui et nous nous adaptons à ses besoins. Je me souviens d’une phrase de Petr Vakoc qui disait qu’à Etupes il avait surtout « appris à aimer le vélo ». Derrière les charges d’entraînement, ce que nous demandons à un coureur c’est d’aimer le vélo, d’y prendre du plaisir. C’est la priorité de notre formation, avant même de songer à un passage chez les professionnels.
Si l’on réunissait dans un même effectif les coureurs pros passés par Etupes, ça donnerait un sacré groupe. Ça vous arrive d’y penser ?
Tout à fait. Quand on voit ce que deviennent Thibaut Pinot, Warren Barguil, Adam Yates, mais aussi Kenny Elissonde, Guillaume Martin, Geoffrey Soupe, Petr Vakoc, Alexis Vuillermoz (…), je me dis que ça ne peut pas être que de la chance. On est au-delà du facteur chance. Certainement que le fonctionnement général y est pour quelque chose. Et tous, quand on les écoute, ont partagé les mêmes bons moments à Etupes.
Et pourtant l’effectif est régulièrement remanié, ce n’est donc pas un frein à la progression ?
Du fait de leur recrutement chez les pros, nous perdons chaque année nos meilleurs coureurs ! Nous renouvelons généralement cinq coureurs chaque année, ce qui engendre un gros turnover. D’un côté c’est bien car ça prouve que le club est dynamique et formateur. Mais derrière il faut souvent reconstruire un groupe en début de saison. Tous les ans, on constate qu’il nous faut davantage de temps que certaines équipes dont l’effectif est plus stable pour remettre des choses en place. On sent qu’en début de saison les gars se cherchent beaucoup. Dès lors, on met souvent plus de temps à être performants.
Le cru 2017 intégrera précisement cinq nouveaux coureurs. Qui sont-ils ?
Nous recrutons habituellement exclusivement des coureurs Espoirs. Nous avons fait un petit écart avec Matthieu Garnier, qui aura 23 ans l’année prochaine mais qui fait partie de ces coureurs qui arrivent à maturité physique un petit peu plus tard. Nous rejoindra en outre le champion d’Europe Juniors du contre-la-montre Alexys Brunel, qui fait partie des grands espoirs du cyclisme français. Nous allons tâcher de lui donner le plus de bagages possible pour passer professionnel. Nous pourrons également compter sur un coureur comme Paul Sauvage, que l’on connaît depuis longtemps mais qui n’a pas encore vraiment explosé. A ces coureurs s’ajouteront l’Irlandais Mark Downey, qui possède un gros potentiel et à qui nous espérons la même réussite qu’à nos deux derniers coureurs étrangers, Petr Vakoc et Adam Yates ; et Quentin Simon, plus axé cyclo-cross pour l’heure.
Parmi ceux qui repartent pour une saison, Romain Seigle devrait désormais tout miser sur la route. Qu’en attendez-vous ?
Romain Seigle, vainqueur du Tour de Moselle, a réalisé de belles choses en fin de saison, lui qui jusqu’alors était surtout axé VTT. Il va désormais se consacrer à 100 % à la route. Et on sent qu’il y a un potentiel chez ce garçon, les données de puissance nous le prouvent.
Sur quels événements allez-vous axer votre saison 2017 ?
Notre calendrier est forcément un peu bloqué par la Coupe de France, qui nous prend huit week-ends, parfois en concurrence avec des courses importantes comme Liège-Bastogne-Liège Espoirs. Ça peut être une contrainte, même si les courses de Coupe de France sont toujours intéressantes car elles montrent la valeur des équipes. Cette année nous terminons à la 4ème place de la Coupe de France, au pied d’un podium monopolisé par les réserves des équipes pros : Chambéry Cyclisme Formation, VCP Loudéac et Vendée U. Cela faisait un certain temps que nous n’avions plus intégré le Top 5. Notre objectif toutefois sera de conduire nos coureurs sur des Classes 2. Nous nous sommes aperçus qu’ils progressaient beaucoup sur ces épreuves. Nous nous y rendrons dès le début de saison pour prendre un peu plus de volume, même si nous y serons un petit peu en retrait vis-à-vis des groupes professionnels. Ce sera formateur et cela fait progresser. Avant de songer à y performer en deuxième partie de saison.
L’effectif 2017 du CC Etupes :
• Rémi Aubert
• Alexys Brunel (Dunkerque Littoral Cyclisme Junior)
• Mark Downey (IRL, VC Toucy)
• Matthieu Garnier (SCO Dijon)
• Pierre Idjouadiène
• Edouard Lauber
• Arnaud Pfrimmer
• Mickaël Plantureux
• Maxime Robert
• Paul Sauvage (CR4C Roanne)
• Romain Seigle
• Quentin Simon (AC Bisontine)