Gilles, le Grand Prix de Saint-Etienne Loire ouvrait cette année la Coupe de France Look des Clubs. Quel bilan dressez-vous ?
Le club a dix-neuf ans et c’est la première fois que nous organisions une manche de la Coupe de France. Alors pour nous, c’était un défi. C’est la première fois que nous organisions une course d’un tel niveau. Les dirigeants étaient motivés mais tout de même un peu anxieux. Le niveau était supérieur. D’un point de vue sportif, on a eu un très beau vainqueur, une très belle course. C’est rassurant et une bonne chose pour l’ensemble du club. Ca va nous mettre en lumière, on en a bien besoin, et ça va tirer le club vers le haut. Notre équipe DN1 n’est pas encore au plus haut niveau mais elle progresse, et ça va surtout motiver les jeunes car le club, c’est 160 licenciés, dont 80 de moins de 18 ans. C’était une étape importante pour nous au niveau de la confiance et de la dynamique.
Nous avons vécu une course sans oreillettes. Comment avez-vous ressenti son absence ?
Je suis un petit peu atypique par rapport au discours traditionnel car ça ne me dérange pas, surtout au niveau des jeunes. Je trouve que ça leur apprend à prendre des initiatives, des responsabilités, à sentir la course. Ca apprend en plus aux directeurs sportifs à responsabiliser les coureurs. Je trouve que ça a beaucoup d’effets positifs. Maintenant, on peut relever des effets négatifs en termes de sécurité ou de pépins mécaniques, mais je trouve que c’est très formateur de les prives d’oreillettes. Si on veut avoir de bons coureurs français dans l’avenir, je pense que c’est peut-être une solution. Je pense toutefois qu’il doit pouvoir exister une solution intermédiaire entre leur autorisation et leur interdiction. Il faudrait un débat national pour creuser le débat en profondeur.
Là où ça bloque souvent, c’est sur l’aspect sécuritaire, notamment sur des épreuves amateurs où les routes ne bénéficient pas de la même sécurité que chez les pros. Cela augmente-t-il le niveau d’exigence auprès des organisateurs ?
Je pense de toute manière que lorsqu’on organise une épreuve, on n’a pas le droit de prendre des risques. La première des choses, c’est la sécurité. A l’EC Saint-Etienne Loire, on a une certaine expérience, on a aussi la chance d’avoir des signaleurs dans les villages, et puis notre circuit se déroule en campagne, donc c’est plus facile. Il n’y a donc pas d’exigence particulière à avoir mais un minimum requis.
L’ECSEL va de l’école de vélo à la Division Nationale 1, avez-vous le sentiment, en tant que président, de rendre au cyclisme ce qu’il vous a apporté ?
J’ai beaucoup de plaisir à venir dans ce club-là apporter un petit peu mon expérience et mes connaissances, voir tous ces gamins arriver à 9h00 le samedi matin. Ils se lèvent de bonne heure et ils vont faire du vélo par tous les temps. J’ai toujours beaucoup de plaisir à voir ces gamins-là et j’ai envie de les aider, de trouver des solutions pour les encadrer.
Aujourd’hui, le contexte n’est pas facile avec la crise économique et les collectivités locales, qui ont des incertitudes quant à leurs recettes pour l’avenir, comment le vivez-vous en tant que président de club ?
Je suis inquiet par rapport aux subventions publiques car les réformes de l’Etat vont arriver au niveau des collectivités territoriales. La réforme de la taxe professionnelle s’annonce pour l’an prochain. Mais si on a un beau projet, un bon club, quelque chose de solide, je pense qu’on arrivera à garder un minimum, même s’il est vrai qu’aujourd’hui il faut à tout prix chercher des solutions en recherchant des partenaires privés, en recherchant d’autres financements. On arrive à s’en sortir mais c’est un travail quotidien et on n’est jamais sûr du lendemain.
A propos d’inquiétudes, comment voyez-vous les projets de réforme des clubs de Division Nationale ?
Je suis très inquiet car j’ai l’impression que c’est un projet qui se fait entre quelques personnes au niveau national, sans débat et sans concertation. Ils veulent réduire le nombre de clubs de Division Nationale. Or aujourd’hui, avec un tel label, on arrive à avoir des subventions au niveau des collectivités. Il y a 80 clubs en DN aujourd’hui. La réforme projette de réduire ce nombre à 35 : 15 clubs de Division Nationale 1 et 20 clubs de Division Nationale 2. Les autres seraient rétrogradés en Division Nationale 3. Autrement dit, faute de label, 50 clubs ne pourront plus prétendre à avoir de subventions. Chez nous, il y a des choses en place depuis des années, avec des salariés, et tout risque de s’écrouler.
A qui lancez-vous un appel ?
Au président de la Fédération Française de Cyclisme David Lappartient mais aussi à l’ensemble des présidents de clubs étant dans la même situation que la nôtre. Des clubs de moyenne importance, pas les gros clubs, qui souhaiteraient pouvoir monter en Continentale. Je pense que les présidents de clubs de DN1 et de DN2 doivent être très vigilants par rapport à tout ça. Surtout que la fédé souhaite mettre en place un système de montée-descente de catégories, avec des points minimum pour engager des coureurs dans les DN. On va revenir à une course aux points et à une surenchère pour avoir des coureurs en DN1. Ca va augmenter le coût des coureurs pour les clubs.
Y a-t-il déjà eu un début de concertation entre les équipes ?
Le problème c’est que je n’évolue pas beaucoup dans le milieu amateur et que je suis peu disponible. Je n’ai pas eu beaucoup de temps et de contacts pour me lancer dans ce dossier. J’essaie de faire part de mon avis à certaines personnes mais c’est un chantier. Il faut monter au créneau et c’est difficile.
Propos recueillis à Saint-Etienne le 27 mars 2010.