Gérard, quelle est votre histoire personnelle dans ce Tour de Nouvelle-Calédonie ?
Je n’y ai jamais participé en tant que coureur, mais j’ai été suiveur de John Attneave, puis de Jean-Claude Lecourieux, qui a remporté le Tour en 1984. Je suis président du Comité Régional de Cyclisme et Directeur du Tour de Nouvelle-Calédonie depuis 2000, année de la victoire de Yaroslav Popovych.
Quels sont vos objectifs pour ce 41ème Tour de Nouvelle-Calédonie ?
L’objectif est toujours le même : réussir une belle épreuve en gardant les spécificités locales et surtout assurer la sécurité des coureurs.
Que retenez-vous des éditions précédentes ?
Je crois que toutes les éditions du Tour Air France ont été belles. Celle qui m’a particulièrement marqué, c’est 2000 avec la victoire de Yaroslav Popovych. C’était ma première organisation et l’on découvrait un vrai champion. Mais il y a aussi l’édition de l’an dernier qui a été magnifique avec un final à rebondissement, digne des Grands Tours.
Quels sont les coureurs qui ont marqué l’épreuve ?
D’abord les Calédoniens qui ont remporté l’épreuve, il n’y en a pas beaucoup : Daniel Cornaille, Jean-Louis Clemen, Philippe Thepinier, Jean-Claude Lecourieux, Jérome Bonnace et Christian Pierron, qui l’a remporté deux fois en 1996 et 1999. Mais il y a aussi de grands champions, comme l’Australien Garry Sutton, l’Allemand Mickael Marx, le Suisse Urban Fuchs, les Français Gilbert Duclos-Lassalle et Philippe Bodier, Yaroslav Popovych ainsi que le Néo-Zélandais Joseph Cooper et Frédéric Delalande, vainqueurs tous deux à deux reprises. Deux autres coureurs m’ont impressionné, même s’ils n’ont pas gagné l’épreuve, il s’agit des regrettés Pascal Jules et de Laurent Fignon, deux hommes forts.
Cette année, le Tour de Nouvelle-Calédonie se déroule en octobre. La saison est terminée en métropole à cette période, comment avez-vous convaincu les coureurs de venir ?
Ce n’est pas trop difficile. Je pourrais facilement prendre cinquante métropolitains si je pouvais. Je crois que les coureurs sont attirés par notre région. La Nouvelle-Calédonie offre des paysages de carte postale, les gens sont sympathiques et accueillants, et le Tour de Nouvelle-Calédonie revêt un côté folklorique grâce à ses montées de mine, ses déplacements sur les îles ainsi que ses arrivées en tribu. Une belle recette pour la réussite de l’épreuve.
Parlez-nous de l’organisation…
Concernant l’organisation, sept personnes composent la Commission Tour Air France. Ce sont des gens qui s’impliquent totalement et qui ont la volonté de réussir l’épreuve, de la faire progresser. Sur la course par elle-même, ce sont 140 bénévoles qui se mobilisent avec passion, plus les coureurs, les accompagnateurs, ce qui fait un total de 230 personnes, médias inclus.
On note de nombreux départs et arrivées dans des tribus, quels sont les rapports entre le cyclisme et la culture kanake ?
Les rapports sont très bons, les habitants des tribus mélanésiennes adorent le cyclisme, même s’ils ne le pratiquent pas. Ils considèrent les cyclistes comme des extraterrestres, de véritables héros. Ils savent se mobiliser pour recevoir dignement les coureurs.
Le parcours emprunte des routes difficiles, souvent accidentées avec des portions en terre, le matériel est mis à rude épreuve, comment les coureurs réagissent à ces conditions ?
Le parcours est de moins en moins accidenté, l’état des routes s’améliore. Je crois que les coureurs savent avant de venir sur le Tour de Nouvelle-Calédonie les difficultés qu’ils vont rencontrer. Les coureurs que je revois régulièrement en métropole sont unanimes. Cette épreuve reste un merveilleux souvenir, car c’est une course de vélo qu’ils ne retrouvent nulle part ailleurs.
Quelles sont les chances des coureurs calédoniens cette année ?
Je pense que nous avons des coureurs susceptibles de se classer dans les cinq premiers mais je crois surtout qu’ils peuvent cette année remporter des étapes. C’est du moins ce que j’espère.
Quelles sont les qualités requises pour gagner le Tour de Nouvelle-Calédonie ?
Il faut pour remporter l’épreuve un coureur complet cumulant les qualités de grimpeur et de rouleur, et sachant gérer dix jours d’efforts. Puis dans ce cyclisme moderne, disposer d’une équipe solide. L’an dernier, Joseph Cooper avait une équipe faible mais il a tout de même remporté l’épreuve. Cette année, Pierre Drancourt semble un favori logique, mais dans cette épreuve la logique n’est pas toujours respectée. Cette année, le niveau des coureurs est bon et homogène. La victoire que je souhaite est bien sûr celle d’un coureur calédonien.
Propos recueillis par LD.