François, tu es l’un des deux gros transferts du Team Pro Immo Nicolas Roux cette saison, peux-tu nous expliquer ton choix ?
Le discours des dirigeants et de Nicolas Roux m’a séduit. Je voulais aussi retrouver une équipe un peu plus jeune, car je suis diplômé BE2 et j’aime bien être au contact des jeunes et faire de la formation. Ils avaient des ambitions. Ils ont remporté la Coupe de France DN3. L’accession en DN2 a encore plus motivé ma signature au Team Pro Immo. Il y avait plusieurs coureurs que je connaissais bien qui signaient et je voulais trouver une bonne ambiance. J’arrive à un âge où j’ai encore envie de faire du haut niveau, mais surtout dans une bonne ambiance.
Pourtant, tu aurais pu rester en DN1…
C’est vrai, mais les DN2 n’ont rien à envier aux DN1. Déjà, au niveau du programme, nous avons pratiquement les mêmes courses. Le Team Pro Immo a des objectifs et des projets dans l’optimisation de la performance qui n’existe pas forcément en DN1 peut-être par manque de temps, par manque de personnes compétentes ou tout simplement par manque de motivation. Ils ont mis pas mal de choses en place dans ce domaine. C’est surtout cela qui m’a séduit. Les équipes de DN1 se reposent parfois beaucoup sur leurs acquis, car ils ont de super coureurs qui signent et donc c’est facile de faire de bons résultats. Mais derrière je pense qu’on peut encore progresser. C’est ça qui m’a séduit.
Ton transfert était presque acquis, mais l’annonce officielle est intervenue plus tard, pourquoi ?
Il y avait d’autres propositions et j’aime bien me poser avant de prendre une décision. J’avais besoin d’un peu de temps de réflexion. Ça faisait un bout de temps que ça trottait. Dans mon esprit j’avais déjà signé à 90%, mais il a fallu un peu attendre et réfléchir à tout. Je ne pouvais pas m’engager avant d’avoir dit à Roanne que je partirai. Le fait qu’ils étaient en DN3 m’effrayait un peu. Mais j’ai reçu un texto de Nicolas Chadefaux, le capitaine de route, juste après leur victoire en Coupe de France. J’ai eu des frissons. Ça a été le déclic. Même si dans ma tête j’avais déjà un pied au Team Pro Immo.
Quelles sont tes principales motivations pour continuer à ce niveau ?
Me faire plaisir, gagner des courses, en faire gagner aux jeunes, avoir une bonne ambiance, voilà un peu les thèmes à venir pour ma saison. Je suis encore motivé pour le haut niveau. J’aime bien trouver les petits détails qui font aller plus vite. Voilà ce qui me motive.
Tu auras trois missions : ramener des victoires, être le capitaine de route de cette jeune équipe, mais aussi concevoir les programmes d’entraînement.
Dans ma tête je suis encore coureur à plein temps. C’est vrai que j’ai cette activité à côté, mais ça participe à ma future reconversion. J’ai toujours aimé l’entraînement et le fait de coacher des sportifs. J’ai été entraîneur au pôle espoir à Saint-Étienne. Ces trois rôles vont bien s’allier. Il y a de quoi faire cette saison en prenant plaisir et en ayant des résultats pour toute l’équipe.
Comment se passera la relation avec les entraîneurs privés de certains coureurs ?
La communication au sein d’un club c’est primordial. Bien sûr nous aurons des contacts réguliers avec eux. Ça permettra de voir l’état de forme et les objectifs de chacun. L’entraînement est ce qui peut faire la différence au Team Pro Immo. Il y a des suivis qui sont mis en place, ce qui n’est pas le cas pour toutes les équipes. Même en DN1 les gars sont souvent livrés à eux-mêmes. Il faut beaucoup de communication entre les dirigeants le staff les entraîneurs les coureurs pour avoir une belle réussite.
Le statut d’équipe auvergnate, c’est important ?
Oui, l’objectif de Nicolas Roux était d’avoir une équipe de haut niveau en Auvergne. Ça passait forcément par des coureurs auvergnats. Il y a du potentiel. Les routes sont idéales pour faire du vélo, il y a de bons coureurs. Personnellement, je ne suis pas vraiment Auvergnat. J’ai un peu bougé dans ma carrière cycliste. Mais j’ai vécu quelques années à Clermont-Ferrand, donc je suis un peu Auvergnat tout de même. C’est très important d’avoir une équipe qui se connaisse et assez regroupée au niveau géographique pour limiter les déplacements et avoir une meilleure cohésion. Chaque coureur connaît les autres. C’est un plus d’avoir des coureurs assez locaux.
Chez les pros penses-tu que cela pourrait limiter le problème du dopage ?
Ça limite pas mal de problèmes. Le fait d’avoir les coureurs sous les yeux permet d’éviter quelques dérives, de mieux suivre le coureur. Il se sent moins seul. On utilise souvent le téléphone, c’est vrai. Avec vingt-cinq ou trente coureurs, vient un moment où ce n’est plus possible. Il y a les mails bien sûr, mais ça reste très impersonnel. Le fait d’avoir les coureurs sous la main, avoir la possibilité de les inviter pour discuter, c’est mieux pour la relation psychologique du coureur. C’est important pour un directeur sportif de voir son coureur s’il est blessé, ou s’il a une baisse de moral, c’est un gros plus d’avoir les coureurs très proches.
Que penses-tu de la disparition des oreillettes ?
J’aimais bien les oreillettes. J’étais un peu triste et je pensais que ça allait être un peu moins bien. Pour le côté sécurité et tactique, je trouvais que c’était bien. Et finalement j’ai bénéficié de leur disparition, car j’ai souvent gagné avec un écart vraiment minimum. Les oreillettes enlèvent cette organisation au sein du peloton et ce côté spontané. Il est important d’avoir un bon directeur sportif qui fait des briefings assez complets sur le vent, le relief du circuit, et avoir de bons capitaines de route qui sont de bon niveau. Il faut vivre avec le moment. Les oreillettes n’existent plus, il faut se réadapter. On aura cette année un bon directeur sportif et de bons capitaines de route pour remplacer ces oreillettes
Comment allez-vous vous répartir les rôles de capitaine de route, toi et Sébastien Fournet-Fayard ?
On n’a pas vraiment établi les choses. On va essayer d’établir les rôles de chacun. Ça va se faire naturellement. On a de l’expérience même si je n’ai pas forcément été capitaine de route jusqu’à maintenant. On a deux profils différents avec Seb. Lui est plutôt grimpeur donc il pourra peut-être parler plus facilement dans les bosses que moi. Et moi j’ai plutôt un profil routier-sprinteur et je serai peut-être plus là pour driver les jeunes. Il y a Nicolas Chadefaud qui est un coureur très malin qui sent bien les coups. C’est rare qu’il rate la bonne échappée donc je pense qu’il va apprendre beaucoup aux jeunes. Ils devraient regarder comment il court, car il le fait de façon intelligente. On est trois à avoir ce rôle-là.
Les sens-tu réceptifs ?
Les jeunes sont vraiment demandeurs. Je ne les connaissais pas forcément tous, mais ils sont motivés. Je n’ai pas ressenti de jeunes timides. Ils sont tous très ouverts, ils ont envie d’apprendre. Ça devrait se faire assez vite. C’est un groupe jeune, mais je sens qu’il y a du potentiel et ils veulent progresser. Je sens qu’ils sont contents de trouver deux ou trois coureurs avec un peu plus d’expérience. Je les sens un peu en admiration parfois. C’est bon signe.
Connais-tu ton programme pour la saison prochaine ?
Je n’ai pas vraiment étudié les programmes. Je connais les courses. Ce sont de belles courses, car elles sont plus sélectives que celles de DN1 qui sont un peu cadenassées et souvent du même profil, rouleur-sprinteur. C’était donc contrôlé par les grosses armadas et c’est nécessairement difficile de tirer son épingle du jeu. Là, il y a des épreuves plus vallonnées et plus sélectives comme Le Tour du Périgord. Ça conviendra très bien au profil des coureurs de l’équipe. Individuellement, je n’ai pas encore fait le point. J’ai quelques courses de Coupe de France et hors Coupe qui m’attirent vraiment et ça va se décider dans les prochains jours.
Propos recueillis à Bédoin le 16 novembre 2012.