Fabrice, tu t’es retrouvé échappé en solitaire pendant 100 kilomètres sous la pluie battante au GP du Pays d’Aix samedi dernier. Pourquoi l’avoir fait ?
C’étaient les consignes de début de course. Avec l’équipe, nous avions fixé notre stratégie. Sur les sept coureurs, nous étions cinq à devoir prendre l’échappée matinale s’il y en avait une. J’ai fait la course d’entrée de jeu en pensant choper un petit groupe. Dans un premier temps, je me suis retrouvé avec un gars du Team Pro Immo Nicolas Roux, mais on se fait reprendre. J’ai ensuite voulu provoquer une échappée, mais au final, je suis sorti tout seul. J’ai insisté pensant que j’allais me faire rattraper par un contre. Au final, ce n’est jamais rentré, sauf le contre de l’arrivée. Je voulais faire la course d’entrée de jeu, mais ce n’était pas le but de faire ça tout seul. Vu les conditions, c’était sûr qu’il y allait en avoir un peu partout.
Tu termines 8ème. Es-tu satisfait du résultat ?
Avant la course, j’aurais été satisfait du résultat. Je connais le circuit d’Aix. C’est très difficile et ce n’est pas les parcours les plus adaptés pour moi. Mais au final, cette 8ème place me laisse quelques regrets. J’avais vraiment les jambes. Si j’avais été un peu plus frais, si j’étais sorti dans le groupe avec les meilleurs, j’aurais eu les jambes pour accrocher jusqu’à la ligne et jouer la gagne. Après coup, c’est dommage. J’en ai mis trop dans la bataille. Mais je ne pouvais pas savoir que j’allais être dans une grande journée comme ça. Ça reste un bon résultat qui permet d’accrocher des points pour le club.
La pluie ne t’a donc pas gêné. Ce sont des conditions que tu apprécies ?
Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un temps qui me va bien, mais je ne subis pas le froid. Certains sont complètement bloqués par la pluie. Bien sûr je préfère rouler sous le beau temps, mais la pluie ne me gêne pas. C’est aussi une question de motivation, d’envie. Par contre, quand il fait ce temps-là, je n’aime pas rester dans les roues. C’est aussi pour cela que je voulais prendre l’échappée. J’avais déjà fait des longues échappées sous la pluie. Mais tout seul, c’était une première.
Avais-tu prévu d’être à ce niveau de forme à ce stade de la saison ?
J’ai fait un bon hiver, sans être gêné par les maladies ou les blessures. J’ai l’habitude d’être bien en début de saison. Il n’y a que les premières courses où l’on ne sait jamais trop où on se situe. Ces dernières années, j’ai montré que j’étais opérationnel dès le mois de mars. C’est souvent là que je gagne. J’ai l’habitude de commencer les saisons assez fort. Mais je ne pensais pas atteindre ce niveau-là dès le GP du Pays d’Aix. Je sais aussi que j’ai une marge de progression. Je me sens en forme, mais pas du tout à 100 %. C’est aussi rassurant de ce côté.
À 24 ans tu es le coureur le plus âgé de l’équipe Sojasun Espoir-ACNC. Possèdes-tu un rôle particulier à ce titre ?
Le groupe est assez jeune, mais il y a malgré tout des coureurs qui ont de l’expérience comme Yannis Yssaad. J’ai un rôle de capitaine de route qui a été défini au début de saison. Je commence à avoir pas mal d’expérience sur les courses en Bretagne. Ces classiques, je les connais par cœur ! Ça peut être intéressant pour les gars de l’équipe qui ne sont pas forcément de la région. Tout le monde reste sur un pied d’égalité. J’ai un rôle de capitaine de route, sans forcément être le leader. Chacun à sa chance. Mais je pense avoir des petits conseils à apporter sur certaines courses. Au moins celles en Bretagne et sur certaines Coupes de France.
Comment sens-tu ce groupe renouvelé à 80 % cet hiver ?
Quand les groupes sont renouvelés dans la quasi-intégralité comme c’est le cas pour nous puisque nous ne sommes que trois à être restés, il y a un peu d’appréhension. Mais tout se passe bien. Nous avons appris à bien nous connaître cet hiver. Les stages se sont très bien passés. Le début de la saison est plutôt satisfaisant. Tout le monde est opérationnel. À ce niveau-là, c’est vraiment sympa, c’est une bonne surprise. J’avais entendu des personnes de l’extérieur dire que le groupe pouvait être un peu plus faible que l’an dernier. Mais sur le début de saison, je pense qu’au contraire, on démarre plus fort que l’an dernier.
Vu le palmarès que tu te construis, estimes-tu avoir tes chances de passer au niveau professionnel ?
C’est vrai que je commence à avoir quelques belles courses à mon palmarès. Mais mon but premier est avant tout de gagner. Bien sûr, on pense toujours à passer professionnel. Il y a deux ans, j’avais eu la chance d’être stagiaire chez Bretagne-Séché Environnement. J’y avais cru à ce moment-là même si je n’y aurais pas cru au début de cette saison. Ça a été une bonne expérience. Je me dis que si je fais une grosse saison et que je gagne de belles courses, ça peut le faire. Mais mon but premier est de performer sur des Coupes de France et des Classes 2. De toute façon, pour aller chez les pros, il faut des résultats. Si les victoires sont là, tout s’enchaînera.
En dehors du cyclisme, quelle est ton activité ?
Depuis l’an dernier et mon retour à Sojasun, je fais du vélo à 100%. Je voulais me donner de belles années en DN1, justement pour ne pas avoir de regrets par rapport à 2013. Cette année-là, j’avais pu être stagiaire tout en travaillant à côté. Je voulais refaire du vélo à bloc pour mettre toutes les chances de mon côté. Je pense que ce sera ma dernière année si jamais il n’y a pas de passage à l’échelon supérieur. Je continuerai le vélo, mais peut-être pas à ce niveau-là. C’est ma dernière année à 100 %. Pour l’instant, je n’ai pas de projet professionnel concret à côté.
Tu as donc tout le temps pour rouler. Comment gères-tu tes semaines ?
Une fois que la saison recommence, avec le programme que l’on a, les semaines passent très vite. Je m’entraîne beaucoup. Je ne vis pas loin du club donc je suis souvent au service-course. Je fais des sorties qui peuvent durer entre 2 et 6 heures. Tout dépend de l’entraînement. Je ne fais pas quelqu’un qui fait nécessairement de longues sorties. Le plus souvent, je fais des sorties de trois-quatre heures avec pas mal de travail spécifique. Force, intensité ou bi-quotidien.
L’heure n’est plus aux vœux, mais que peut-on te souhaiter pour 2015 ?
Avoir le plus de succès possible, mais surtout de faire une saison pleine. L’année dernière j’ai été blessé et ça m’a coupé pas mal dans mon élan. Le principal, c’est d’avoir la bonne forme toute l’année. De ne pas avoir de pépin.
Propos recueillis le 25 février 2015.