Comment es-tu venu au vélo ?
Enfant, j’ai toujours voulu faire un sport collectif (foot, basket…), mais malheureusement avec mon handicap ces sports étaient déconseillés. Ma mère pratiquait le VTT c’est ce qui m’a donné envie d’en faire. J’ai débuté à Taupont (56) puis, j’ai commencé la route au VC Bellilois. Mes premières compétitions étaient en minime sous les couleurs du SC Malestroit.
Peux tu nous expliquer ton handicap ?
Je suis né avec un pied bot varus équin congénital gauche, pour faire court, je suis né avec le pied à l’envers. J’ai été opéré et j’ai eu une arthrodèse ce qui consiste à bloquer ma cheville. J’ai donc moins de releveurs, c’est ce qui provoque une atrophie de ma jambe gauche avec une perte de force évaluée de 78% au niveau du mollet et de 39% au niveau de la cuisse par rapport à ma jambe droite.
Tu es l’un des rares athlètes paracycliste français à faire parti d’une équipe professionnelle, te dis-tu chanceux ?
Oui j’ai la chance car au delà de l’aide matérielle que m’apporte ma nouvelle équipe, Arkéa-Samsic, j’ai été invité sur un stage avec les professionnels à Calpe en Espagne. J’ai pu côtoyer les coureurs bien sûr, mais aussi le staff qui n’a pas hésité à me conseiller. Je suis pleinement intégré. J’ai de même été invité à la présentation officielle au début du mois de janvier.
Depuis le 1 janvier 2019, tu as quitté la team direct Energie pour rejoindre l’équipe Arkéa-Samsic, quelles sont les raisons de ce transfert ?
J’ai été aidé pendant 3 ans par l’équipe de Jean-René Bernaudeau que je remercie encore mais ils n’ont pas souhaité poursuivre ce partenariat. En 2019, je serai donc soutenu par une équipe bretonne et j’en suis ravi car je suis Morbihannais d’origine. Emmanuel Hubert, que je remercie pour sa confiance, porte beaucoup d’intérêt à mon projet.
Dorian Foulon chez Arkéa-Samsic | © Arkéa-Samsic
Comment se fait-il que tu puisses courir en FFC et en FFCH ? Vas-tu réaliser des courses FFC avec l’équipe Arkéa-Samsic ?
A l’international, le paracyclisme est organisé par l’UCI et au niveau national par la FFH. A partir du moment où l’on est éligible on peut participer à des épreuves de cyclisme handisport. Le paracyclisme fait parti des disciplines gérées par l’UCI au même titre que la route et le bmx. Nous avons donc une licence délivrée par la FFH et une autre par la FFC, ce qui nous permet de courir en valide. Comme les autres paracyclistes soutenus par des Team Pros, je ne suis pas sous contrat donc je ne fais pas parti de l’effectif de l’équipe professionnelle. Je ne pourrais donc pas faire de courses sous les couleurs d’Arkéa-Samsic en FFC.
As-tu des équipes différentes lorsque tu cours en handisport et en valide ?
Sur les courses FFC, je porterai les couleurs de mon club : Urt Vélo 64 ou celle de mon équipe DN3 : l’Entente 64. En revanche, sur les courses de paracyclisme, je défendrai celles de l’équipe Arkéa-Samsic.
La saison dernière, tu as participé à de nombreuses courses internationales avec l’équipe de France, comment est l’organisation ? Lors des courses, y-a-t’il des catégories d’handicap ?
C’est l’UCI qui organise les compétitions donc c’est sous le même format que chez les valides. Oui, il y a différentes catégories selon le handicap et le matériel utilisé :
- 5 catégories en vélo solo (C), pour les personnes atteintes d’un handicap sur les membres supérieurs et/ou inférieurs. Pour ma part, je suis en C5 (la catégorie avec le handicap le moins important).
- 5 catégories en hand-bike (H), pour les personnes qui sont principalement en fauteuil roulant dans la vie quotidienne.
- 2 catégories tricycles (T), pour les personnes avec des problèmes d’équilibre (souvent des handicaps neurologiques), ils pratiquent avec des vélos à 3 roues.
- Tandem (B), pour les personnes non voyantes ou malvoyantes piloté par un cycliste valide.
Y a-t-il comme en FFC, des courses d’équipes réalisées lors des championnats internationaux ou c’est plus de l’individuel ?
Actuellement, ce sont plus des courses individuelles qui sont réalisées car dans le paracyclisme, il y a peu de coureurs sélectionnés dû au niveau très élevé à l’international.
Tu as démarré ta saison 2019 ce weekend, comment se sont déroulées ces deux premières étapes de l’Essor Basque ? En es-tu satisfait ?
Honnêtement je suis plutôt satisfait de mon weekend. Samedi je loupe la bonne échappée, je me retrouve dans le contre qui arrive pour la 8ème place et grâce à ma bonne pointe de vitesse je remporte le sprint du groupe. Le dimanche j’arrive à prendre le bon coup dès le début de la course, qui s’avéra être la bonne échappée avec les principaux favoris. Après avoir passé la journée à l’avant avec des coureurs tels que Alexys Brunel (Groupama FDJ conti) qui sera le futur vainqueur, je craque à 15 km de l’arrivée. Je finis tout de même avec le premier groupe de contre en prenant la 17ème place. J’avais vraiment à cœur de bien faire sur cette épreuve qui empruntait mes routes d’entrainement de tous les jours, j’ai été beaucoup encouragé sur le bord de la route. Je sens que j’ai passé un cap, maintenant j’espère confirmer dans les épreuves à venir, dès ce weekend avec la suite de l’Essor Basque.
Dorian Foulon avec son prix du meilleur régional à l’Essor Basque | © Celine Aujard
Nous avons vu au cours de ces deux journées que la nouvelle équipe conti Groupama-FDJ était toujours représentée en surnombre lors des échappées. Comment ont-ils manoeuvré ? Étaient-ils imbattables ?
Oui bien évidemment, c’était l’équipe la plus attendue sur l’Essor Basque et ils n’ont pas déçu. Sur la 1ère étape, ils ont provoqué une bordure dès le 5ème km ce qui leur a permis d’être en surnombre à l’avant. Ensuite, connaissant la capacité des coureurs, le résultat ne me surprend pas. Sur la seconde étape ils étaient deux à l’avant où j’étais présent. Ils ont bien géré leur course, ils ont pris les choses en main : rien à redire. Je ne dirai pas qu’ils sont imbattables mais c’était l’équipe la plus forte et ils ont assumé leur statut. Le weekend prochain sera différent car il y aura plus de DN1 présentes et les épreuves sont beaucoup plus vallonnées.
Tu te décrirais plus comme grimpeur, rouleur, puncheur, sprinteur ?
Je dirais que je suis un routier sprinteur, mais qui passe partout. Je grimpe bien mais il ne faut pas que ce soit trop long.
Es-tu cycliste à plein temps ou étudies-tu encore ? Quels sont tes projets professionnels pour l’avenir ?
Je ne suis pas cycliste à plein temps, je suis actuellement en formation BPJEPS APT (brevet professionnel activité physique pour tous) pour devenir éducateur sportif, à long terme éducateur spécialisé pour accompagner les personnes en situation de handicap dans le sport.
Nous avons vu que tu brillais aussi sur la piste, quelles sont les épreuves que tu affectionnes ? Penses-tu que la piste est complémentaire à la route ou totalement indépendante ?
J’affectionne particulièrement la poursuite qui est une épreuve paralympique et que je travaille tout au long de l’hiver. J’aime les épreuves d’endurance, en particulier la course aux points qui allie foncier et sprint ce qui correspond bien à mon profil. Bien évidemment, la piste est complémentaire tout comme le cyclo-cross. Les différentes épreuves nous permettent de travailler d’autres filières dans des conditions différentes. De plus, on apprend à frotter, à se placer et à sprinter. A mon goût, il ne faut pas faire que de la route.
Dorian Foulon lors de sa poursuite individuelle aux championnats du monde paracyclisme 2018 | © Urt Vélo 64
Si tu devais gagner une course cette saison et une autre durant le reste de ta carrière, lesquelles seraient-elles ?
Sans hésiter, le championnat du monde de Paracyclisme sur route cette année et mon rêve, est, d’être un jour champion Paralympique.
Par Jade WIEL