Dominique Bozzi, pouvez-vous avant tout nous rappeler votre parcours cycliste ?
Je suis parti de Corse à l’âge de 18 ans pour intégrer l’équipe de France militaire. J’ai été recruté par l’US Créteil à ma sortie de l’armée. J’ai gagné le Ruban Granitier Breton et j’ai été champion de France de 100 km contre-la-montre par équipes mais également médaillé d’argent et de bronze dans cette même discipline, 4ème au Championnat du Monde à Oslo contre-la-montre par équipes, 2ème du Championnat du Monde à Palerme contre-la-montre par équipes, trois ans professionnel… J’ai obtenu soixante-douze sélections en équipe de France et je suis à présent directeur général du Tour de Corse et CTS.
Le Tour de Corse, parlons-en, pouvez-vous nous présenter votre épreuve ?
Cela fait cinq ans que j’ai pris la direction du Tour de Corse. Pour cette nouvelle édition, il figure au calendrier national mais les premières catégories ne sont pas admises. Seules les 2ème et 3ème catégories et Juniors peuvent y participer. Le Tour de Corse se déroulera du 19 au 22 mai. Il a été décalé d’une semaine par rapport à la date prévue sur le calendrier national.
Pouvez-vous nous détailler les étapes ?
Il y aura quatre étapes. La première, d’une distance de 135 kilomètres, s’adressera aux sprinteurs. Nous traverserons la ville de Corté en venant de Prunelli di Fiumorbu. La deuxième étape, Sartène-Porto-Vecchio (142 km), sera une étape de montagne. Il s’agira de l’étape identique à celle des pros du Critérium International. Trois cols seront à escalader. La troisième étape, Porticcio-Biguglia, ne comptera qu’une seule difficulté, le col de Vizzavona. C’est une étape courue sur route Nationale d’une distance de 147 kilomètres. Je pense que le vainqueur du Tour de corse sortira à l’issue de cette troisième étape. La dernière étape se disputera sur circuit vallonné autour de Bastia, par le cap Corse.
Pas de contre-la-montre en revanche ?
Non, j’estime que le Tour de Corse est assez dur cette année. Je pense qu’un contre-la-montre n’est pas nécessaire malgré que j’adore cette discipline.
Comment construisez-vous votre parcours ?
C’est assez difficile de construire un parcours car l’aspect financier est à prendre en compte, d’autant plus que telle ou telle ville veut l’arrivée ou le départ du Tour de Corse. J’essaie de faire passer les coureurs dans les plus beaux sites touristiques de l’île de beauté, sans oublier de passer dans les petits villages de montagne, là où il ne se passe jamais rien. Je m’oblige à faire passer le Tour de Corse du nord au sud et d’est en ouest de la Corse. Que tout le monde profite de ce beau spectacle gratuit qu’est le sport cycliste.
Côté équipes, comment effectuez-vous la sélection ?
J’essaie de faire en sorte que, chaque année, de nouvelles équipes participent au Tour de Corse. J’invite en plus deux à trois équipes étrangères. Il faut surtout que toutes les régions de France soient représentées.
Avez-vous des demandes de la part d’équipes étrangères ?
Enormément. Ça fait toujours plaisir car le Tour de Corse est avant tout une vitrine touristique qui permet de faire découvrir mon beau pays au monde entier.
Est-il difficile d’organiser une épreuve cycliste comme le Tour de Corse sur ces terres ?
Pour moi, ce n’est pas si difficile que ça d’organiser un Tour de Corse. Le métier le plus dur au monde est de loin ce que j’ai fait pendant dix-neuf ans : coureur cycliste. A ce jour, je suis le seul Corse à avoir été coureur cycliste professionnel. Je pense que les sponsors, les bénévoles et les politiques me font confiance. Ils ont encore l’image du coureur que j’étais qui s’est reconverti dans le seul but de relancer le cyclisme en Corse. C’est pour cela que ce n’est pas vraiment difficile, mais plutôt enrichissant.
Quel est votre budget ?
Le budget actuel est de 110 000 euros. Mais la construction d’un budget pour un Tour de Corse ne s’arrête jamais… Je suis toujours à la recherche perpétuelle de partenaires. C’est le nerf de la guerre : plus il y a d’argent, plus le Tour de Corse est beau.
Quels sont les moyens mis en œuvre ?
Le Tour de Corse est composé de 200 bénévoles, 20 motards de la gendarmerie, 25 motards bénévoles, une équipe de logistique arrivée (et départ), chauffeur de voiture de commissaire, etc. Toute cette responsabilité est très dure à gérer. Je voudrais remercier toutes les personnes qui m’aident chaque année à faire que le Tour de Corse soit un passage obligé et incontournable du calendrier national.
Souhaiteriez-vous dans l’avenir faire évoluer votre épreuve ?
Je pense qu’en 2013 la Corse accueillera le Tour de France pour sa 100ème édition. Si tel est le cas, j’aimerais que le Tour de Corse cette année-là soit un événement professionnel. C’est mon objectif. Mais pour l’instant je me sers de cet outil de propagande qu’est le Tour de Corse pour développer le sport cycliste, VTT et BMX également, sur mon île et atteindre d’ici 2013 les 2500 licenciés. Il y a deux ans, nous étions 250, aujourd’hui 870. La Corse a vu son nombre de licenciés augmenter de 43 % en un an. Je pense qu’on en n’est qu’au début, on peut faire largement mieux.
A quel moment les inscriptions seront-elles clôturées pour cette édition 2011 ?
Les inscriptions seront clôturées un mois avant le début du Tour sur www.letourdecorsecycliste2011.com. J’espère que cette année il sortira un beau vainqueur du Tour de Corse 2011. Je voudrais dire à tous mes amis cyclistes et dirigeants de toute la France que j’ai côtoyés au travers des contrats signés dans telles ou telles équipes que j’ai passé de merveilleux moments à leurs côtés. J’ai appris beaucoup de choses grâce à eux qui me permettent à l’heure actuelle de développer le cyclisme en Corse. Je ne les oublierai jamais et je vous dis un grand merci du fond de mon cœur. Vous me manquez beaucoup du fond de ma petite Corse… Vous êtes les bienvenus ! Dumè Bozzi.