Cédric, raconte-nous le dernier kilomètre de ton Championnat de France et le duel avec Clément Saint-Martin.
J’ai fait l’effort dans la cuvette, au niveau du pont, à deux kilomètres de l’arrivée. Je suis revenu sur Clément assez difficilement. Je suis resté peut-être vingt mètres dans sa roue et je suis parti aussitôt. C’était à ce moment-là qu’il fallait faire l’effort. Ensuite, ça a été un duel entre nous deux. J’y ai cru jusqu’au bout, je me suis dit « il ne faut pas que je me retourne ». Dans les 500 derniers mètres, j’ai tout donné, je ne me suis pas posé de question et ça l’a fait.
Penses-tu que le fait de ne pas avoir la pancarte de favori dans le dos t’a aidé ?
Oui, je n’avais pas de pression particulière pour le Championnat. La pression était plutôt sur Julien Guay et Maxime Renault. Pour gagner un championnat de France, il faut que tout soit réuni : j’avais les jambes de ma vie, je n’ai jamais eu ces sensations-là. J’étais euphorique, et c’est ça qui est justement un peu piégeur. Je suis resté calme, j’ai essayé de ne pas trop en faire, ce qui n’était pas évident avec la télé. On n’y est pas habitués. Mon directeur sportif m’a vraiment encadré, il m’a dit de penser à la victoire, que c’était le seul objectif, que je n’allais pas me contenter d’une place de 3ème. C’était la victoire ou rien. J’ai attaqué au bon moment, ça m’a réussi. C’est magnifique.
Qui craignais-tu le plus dans le groupe de six ?
Je pensais qu’on arriverait groupés. Je pensais que le sprint allait se jouer avec Romain Guillemois. Je savais qu’il fallait partir d’assez loin pour ne pas se planter, pour ne pas avoir de regrets.
Cette victoire, est-ce une revanche sur les années passées ?
C’est vrai que j’ai un peu galéré les deux dernières années. J’ai eu une grosse chute en Espoirs 1, j’ai été arrêté deux mois. Ensuite, j’ai eu un problème cardiaque l’année dernière. J’ai encore perdu deux mois de saison. Cette année, pour l’instant tout se passe bien, je n’ai que de bons résultats. Je tournais vraiment autour de la victoire, et là, le Championnat, c’est la plus belle.
Ces soucis de santé t’ont-ils fait douter ?
Heureusement, j’ai vraiment été soutenu. Ce sont des périodes très dures, mais au final elles m’ont rendu plus fort. Je savoure chaque instant, même à l’entraînement, je me dis que c’est une chance de ne pas avoir de problème.
Pensais-tu que tu avais la capacité de gagner avant la course ?
C’est une course que j’avais vraiment préparée avec mon entraîneur pendant un mois, du coup j’ai un peu accusé la fatigue. Ces derniers mois, je n’ai pas fait de gros résultats. Je sentais que la forme était là, mais sans que ça aboutisse sur un résultat. J’avais donc une petite pression personnelle, sachant que j’avais mis ce dernier mois de côté. À la base, je visais un Top 15 ou un Top 10. J’espérais que l’équipe ramène un podium.
Songes-tu à passer professionnel ?
J’espère devenir stagiaire. Mais je ne me repose pas là-dessus, je dois donner le meilleur de moi-même jusqu’au bout. Mon objectif est de faire une grosse fin de saison.
T’entraînes-tu avec ton frère Anthony (professionnel chez Sojasun NDLR) ?
Oui, depuis cette année. Je suis sur Caen pour étudier, en BTS Management des Unités Commerciales, et Anthony a une maison à proximité, donc nous roulons souvent ensemble. J’ai passé mes examens il y a trois semaines, maintenant je me consacre uniquement au vélo. Si mes résultats d’examens sont bons, je prends une année pour ne faire que du vélo.
Est-ce Anthony qui t’a donné envie de faire du vélo ?
Oui. Je faisais du football pendant deux ans, mais j’étais très mauvais ! J’avais peur de la balle. J’allais parfois sur les courses avec Anthony, et comme il avait de très bons résultats, ça m’a poussé à faire pareil. J’y ai pris goût, on se motivait mutuellement. Je crois que j’étais encore plus heureux le jour où il est devenu champion de France Junior. Pour l’instant, je ne réalise pas encore. C’est en courant avec le maillot que je réaliserai.
Propos recueillis à Lannilis par Elodie Troadec le 22 juin 2013.