Aviad, quel a été votre parcours jusqu’ici ?
J’ai 28 ans. J’ai commencé à pratiquer le vélo vers l’âge de 10 ans avant de me mettre à la compétition, aussi bien VTT que route, à 13 ans, c’est-à-dire en Cadets. Plus tard, quand j’ai fait mon service militaire, je me suis davantage concentré sur l’entraînement. A partir de là, j’ai commencé à entraîner des jeunes, principalement en cross-country, avant de rejoindre à 22 ans le Centre Mondial du Cyclisme à Aigle, en Suisse, en vue d’obtenir mon diplôme d’entraîneur. Ces trois dernières années, j’ai travaillé pour la fédération nationale israélienne en qualité d’entraîneur national du VTT cross-country. Et l’été dernier, nous nous sommes rendus pour la première fois aux Jeux Olympiques, à Rio, avec un pilote sélectionné chez les hommes.
Aujourd’hui, vous intervenez en qualité d’entraîneur de l’équipe Israel Cycling Academy Development Team…
J’ai reçu une offre d’Israel Cycling Academy pour lancer une équipe réserve autour de huit coureurs concentrés à la fois sur la route et le VTT. Je ne travaille que trois mois pour l’équipe. Le reste du temps, je travaille pour une société familiale qui conçoit des vêtements cyclistes et équipe la plupart des équipes en Israël.
A quand remonte la création de la Cycling Academy ?
Le groupe entame sa troisième année, mais la première en qualité d’équipe Pro Continentale avec seize coureurs… de douze nationalités ! C’est cette accession en 2ème division qui a donné lieu au lancement d’une équipe réserve, destinée à aider les jeunes coureurs israéliens à atteindre le niveau supérieur. La majorité du budget provient de partenaires privés et de mécènes. Mais nous recevons également des aides du ministère du tourisme.
Où vont courir les coureurs d’Israel Cycling Academy Development Team ?
Nous essayons d’organiser des entraînements chaque semaine avec l’équipe. En Israël, comme ailleurs, les courses ont surtout lieu le week-end. Il faut savoir aussi que nous ne sommes pas autorisés à courir ailleurs dans le Moyen-Orient. Mais à la fin du mois de mars, nous allons rejoindre l’Europe pour courir davantage et nous confronter à un niveau supérieur. Nous allons faire un bloc de courses en Belgique, en France, notamment au Circuit des Ardennes. Nous allons tâcher de courir autant que possible en Europe mais comme beaucoup de nos coureurs réalisent actuellement leur service militaire, cela ne leur permet pas de quitter Israël plus de trois mois dans l’année.
Le service militaire, obligatoire à l’âge de 18 ans, est d’au moins trois ans pour les hommes, vingt-deux mois pour les femmes. Cela nuit-il au développement d’athlètes israéliens ?
Bien sûr, et cela concerne non seulement tous les sports de notre pays mais aussi la culture, les études. Pour nous, il serait important que les coureurs fassent eux-mêmes leur choix entre une carrière militaire et une carrière sportive. On espère qu’un jour les choses changeront mais pour l’heure on essaie de développer au mieux nos coureurs malgré ces contraintes. Ils bénéficient de conditions spéciales mais ça n’a évidemment rien à voir avec celles des coureurs d’autres pays, qui sont exemptés des obligations du service.
L’existence d’une équipe de 2ème division en Israël entraîne-t-elle une motivation supplémentaire pour les jeunes coureurs de l’équipe réserve ?
Sans aucun doute. Ça leur donne une nouvelle motivation, une nouvelle ambition aussi. Celle de rejoindre cette équipe pro. En outre, cela leur permet d’apprendre davantage au contact de coureurs plus expérimentés. C’est pourquoi nous essayons autant que possible de conjuguer les entraînements des deux groupes, de rapprocher les jeunes des pros, pour qu’ils prennent plus d’expérience. Cet hiver, ils ont réalisé plusieurs stages communs, notamment à Gérone, en Espagne, où nous avons passé deux semaines tous ensemble.
Israël est un petit pays, à peine plus grand que la Picardie, marqué par une importante activité urbaine. Comment vous entraînez-vous ?
Pour une discipline comme le cyclisme sur route, Israël est un tout petit pays en effet. Il n’est pas facile de s’entraîner et c’est pourquoi le VTT est plus populaire chez nous et que nous disposons de beaucoup de bons pilotes. Sur la route, on rencontre beaucoup de voitures. Mais on essaie d’éduquer les gens, de leur apprendre à être attentifs à nous, tout en maintenant notre vigilance.
Le cyclisme, en Israël, attire-t-il les femmes ?
Oh… (il sourit) On voit tout de même de plus en plus de femmes se diriger vers le sport, et le gouvernement en général les invite à pratiquer davantage d’activités sportives, mais ce n’est pas encore dans les mœurs. Pour dire vrai, on n’a pas encore suffisamment de cyclistes féminines.
L’industrie israélienne travaille-t-elle sur certains aspects du cyclisme ?
Le cyclisme, en Israël, est encore jeune. Mais je suis sûr que son business va s’accroître dans les années à venir. On voit déjà apparaître des sociétés spécialisées dans la conception de produits cyclistes. Et on va en voir de plus en plus. Les coureurs eux-mêmes ont envie de développer des choses ou de travailler pour des compagnies spécialisées. On voit d’anciens coureurs entrer à l’université à la sortie de laquelle ils deviendront ingénieurs, et je pense que dans les cinq années à venir on verra éclore de nouvelles sociétés.