Anthony, tu as appris tardivement ton intégration à l’équipe Cofidis en 2016. Depuis quand étais-tu en contact avec l’équipe ?
J’étais en contact avec eux depuis le mois de mai et suivi en partie par Vincent Villérius, l’entraîneur de Cofidis. La possibilité de rejoindre l’équipe a été évoquée pour la première fois mi-septembre. J’étais depuis dans l’attente d’une réponse. C’est mon agent Philippe Raimbaud qui a fait les démarches. Il était en contact avec Yvon Sanquer et la nouvelle m’a été officialisée vendredi soir. Je n’ai pas réalisé tout de suite. Ça va faire son chemin dans ma tête petit à petit. Je m’entraînais déjà pour être bien donc je vais rapidement être opérationnel.
Ce passage chez les pros vient récompenser une saison 2015 très aboutie, avec plusieurs performances remarquées dont la victoire finale au Circuit de Saône-et-Loire. Quel a été l’élément déclencheur ?
J’ai commencé à me faire entraîner par Eric Drubay en mai 2014. Il a alors corrigé beaucoup de choses. Je me suis énormément amélioré au niveau de l’entraînement et de la diététique. J’ai réalisé une fin de saison 2014 plutôt encourageante, si bien que nous avons décidé de poursuivre notre collaboration. Eric a mis de nouvelles choses en place durant l’hiver, je suis reparti avec de bonnes bases, dans la logique de faire une grosse saison. Et ça s’est très bien passé d’un bout à l’autre.
Qu’est-ce qui n’avait pas fonctionné avec tes entraîneurs précédents ?
J’ai eu plusieurs entraîneurs, notamment Jean-François Rodriguez, dont la méthode faisait davantage référence aux sensations. Or c’est quelque chose que je ne sais pas faire ! Avec Eric Drubay, les choses sont devenues plus strictes, plus carrées. Il m’a fallu être très discipliné. Je n’ai pas toujours fait beaucoup d’heures de vélo, mais à côté de cela j’ai fait pas mal de musculation, de natation. Ce sont ces à-côtés du vélo qui m’ont fait beaucoup progresser. J’ai fait moins d’heures de vélo, pour de meilleures sensations au final. J’ai également travaillé sur la diététique et la récupération. Car en faisant très souvent du biquotidien, il faut avoir une très bonne hygiène de vie pour pouvoir enchaîner les entraînements.
Tu évoquais tes lacunes en matière d’entraînement aux sensations. Pour toi, l’entraînement passe obligatoirement par l’emploi de technologies ?
Exactement. J’ai longtemps cru à tort faire partie des coureurs capables de rouler sans compteur, or ça ne marchait pas. Aujourd’hui, il me faut mon capteur de puissance. J’adore travailler sur les zones. Je prends plaisir à ça. Je comprends que tout le monde ne s’y retrouve pas, mais grâce au capteur de puissance je peux faire convenablement les exercices qu’on me demande de réaliser. Depuis le printemps je suis également suivi par Vincent Villérius, qui analyse mes chiffres et m’éclaire sur mon entraînement. Nous avons tout de suite eu un bon feeling. Je lui ai posé beaucoup de questions au sujet de l’entraînement et j’ai appris plein de choses.
On te sent très investi dans la recherche de la perfection…
C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, sans en avoir les outils. Aujourd’hui, je me passionne pour ces sujets. En marge de l’enchaînement des entraînements, je me suis intéressé à la diététique, à l’optimisation de la récupération, au sommeil. J’avais cette même volonté de marcher par le passé, mais je n’y arrivais pas car j’étais encore loin d’être professionnel dans la démarche.
De ta saison 2015, quelle restera ta principale satisfaction ?
Ma victoire au Circuit de Saône-et-Loire. C’était déjà l’objectif que je m’étais fixé en 2014, or j’avais terminé 45ème du classement général. Ça a été une prise de conscience. C’est de là que j’ai commencé à m’entraîner avec Eric Drubay, avec l’objectif réitéré de gagner le Circuit de Saône-et-Loire. J’ai fait de bons résultats en début de saison, 2ème des Boucles Guégonnaises en Coupe de France, mais ma victoire au Saône-et-Loire, pour une seconde, reste la plus belle des satisfactions.
Ton arrivée future chez les pros de Cofidis a été facilitée par ton rapprochement auprès d’un agent, Philippe Raimbaud. En quoi t’a-t-il aidé à passer ce cap ?
J’avais toujours en tête de passer pro. En fin de saison 2014, j’ai commencé à penser qu’il fallait que je me tourne vers des gens compétents susceptibles de m’aider à trouver une équipe en cas de bons résultats. J’étais loin d’être parmi les meilleurs coureurs français au classement FFC, mais Philippe a accepté de me prendre sous son aile. Il m’a beaucoup remis en question, sur ce que je pouvais améliorer. Il m’a fait confiance, m’a vraiment aidé, quand peu de gens auraient misé sur moi. Sans lui, je ne serais probablement pas là aujourd’hui.
As-tu déjà entamé ta préparation ?
Ces dernières semaines, j’ai fait presque tous les jours du biquotidien. Musculation-vélo, musculation-natation… Je n’ai pas encore fait beaucoup d’heures de vélo mais l’entraînement se passe bien. Je suis appliqué, je fais au mieux, et j’ai encore une bonne marge de progression. Je rejoindrai l’équipe Cofidis en stage à Lloret de Mar du 8 au 16 décembre.
Tu avais eu une première approche du peloton pro fin 2011, en stage avec La Pomme Marseille. Qu’en gardes-tu ?
J’avais fait deux épreuves avec Marseille, le Tour de Chine et Paris-Bourges. Le niveau du Tour de Chine se rapprochait plus d’une Classe 2, ce qui m’avait permis d’aider Justin Jules à faire ses sprints. A Paris-Bourges, j’avais fait partie de l’échappée matinale. Il y avait du beau monde : John Degenkolb, Mathew Hayman, qui s’était imposé. Mais je ne marchais pas. C’était l’époque où je faisais tout aux sensations. Ça reste un très bon souvenir mais je n’avais pas encore le niveau pour passer pro. Je ne m’imposais pas de discipline. C’est venu une fois que je me suis imposé cette rigueur grâce à Eric Drubay.
Aujourd’hui, appréhendes-tu ton changement de statut ?
Je sais qu’il y a une énorme marche à franchir. De par mes connaissances Blel Kadri, Quentin Pacher, Loïc Chétout ou Christophe Laporte. Nous sommes souvent en contact. Je me doute bien que ce ne sera pas facile mais il faut bien passer par là un jour. Pour l’heure je continue de m’entraîner avec sérieux, sans précipitation.