Agé de 25 ans, Anthony Colin (ESEG Douai) est devenu samedi champion de France amateur en battant tous les cadors du cyclisme français. A Chantonnay, et bien qu’il évoluait sous le maillot de son comité régional, celui du Nord-Pas-de-Calais, le rouleur nordiste s’est dégagé en solitaire à 10 kilomètres de l’arrivée. Dans l’idée de durcir la course pour Pierre Drancourt mais finalement avec un titre national au bout. Le voilà à présent champion de France, un titre qui relance sa carrière, entachée voici trois ans par une suspension de six mois promulguée à son encontre alors qu’il ne s’était pas présenté à un contrôle antidopage sous le maillot de l’équipe continentale Roubaix Lille Métropole. C’est en Division Nationale 2 qu’Anthony Colin s’est relancé. Conscient de ses erreurs, il espère que ce sacre national lui ouvrira de nouveaux horizons.
Anthony, la victoire au Championnat de France prend-elle un goût de revanche ?
C’est un peu une revanche vis-à-vis de ce que j’ai vécu chez Roubaix Lille Métropole en 2007. J’avais un peu arrêté le vélo dans la foulée mais mes amis et ma famille m’ont remotivé. J’ai alors décidé de remonter en selle. Ca a été dur de reprendre mais je suis vraiment satisfait aujourd’hui de l’avoir fait et d’être devenu champion de France. Cette histoire m’a fait mal, j’ai trouvé cela décevant, mais je ne veux plus revenir là-dessus. C’est la fin du tunnel, me voilà champion de France.
Le fait de rouler sous les couleurs du comité du Nord-Pas-de-Calais a-t-il représenté un avantage par rapport au fait de courir sous le maillot du club ?
Non, car ça aurait été mieux d’être à six du même club au départ. Du coup, on ne pouvait pas vraiment peser sur ce Championnat de France. Nous avions décidé de laisser les DN1 faire la course. Nous n’avions qu’à suivre les bons coups, et c’est ce que nous avons fait avec Pierre Drancourt. Dans le final, c’est moi qui suis sorti mais ça aurait pu être lui. Actuellement les coureurs du comité du Nord-Pas-de-Calais marchent fort. On gagne beaucoup et j’ai encore du mal à imaginer que je vais être en bleu-blanc-rouge pendant un an.
Comment vous êtes-vous partagés les rôles avec Pierre Drancourt, davantage cité favori que toi ?
J’étais venu dans l’optique d’aider Pierre car il avait démontré qu’il avait quand même une jambe au-dessus de moi depuis le début de l’année. Je lui avais promis de durcir la course si on se retrouvait ensemble dans le final. C’est ce que j’ai pensé faire en sortant à 10 bornes de l’arrivée, et quand j’ai vu que ça ne réagissait pas, j’ai pris ma chance.
Comment as-tu vécu ces 10 derniers kilomètres seul devant ?
Ca m’a paru super long ! En plus j’avais des adversaires juste derrière moi, et non des moindres. J’ai eu peur de coincer dans la deuxième bosse. Dès que je l’ai passée, j’ai su que j’allais aller au bout car après c’était en descente pratiquement jusqu’à l’arrivée. J’étais renseigné sur les écarts par la moto. J’ai su alors que j’allais gagner.
Comment avais-tu préparé ce Championnat de France ?
Avec Pierre Drancourt, nous sommes arrivés mardi en Vendée. Nous avons logé dans un mobil-home. Nous étions venus dans l’optique de faire quelque chose. Nous avons mis tous les atouts de notre côté et ça nous a réussi aujourd’hui. Quand j’ai une course en tête, je peux faire de superbes choses. En revanche je ne faisais rien en début de saison sur des courses où je n’avais pas trop envie d’aller. Alors j’ai décidé de bosser avec un préparateur mental et je me suis rendu compte que dans le vélo, c’est 80 % la tête. Quand tu as la tête, tu as les jambes.
Vas-tu poursuivre ta route à l’ESEG Douai, un club de Division Nationale 2 ?
C’est ce club qui m’a donné la chance de revenir dans le vélo donc je ne me vois pas partir maintenant pour un autre club. J’ai démontré aujourd’hui qu’on pouvait être en DN2 et gagner un Championnat de France devant les meilleurs DN1. Tous les bénévoles du club font un super boulot. On est aussi bien dans une DN2 comme celle-ci que dans une DN1. Je me sens super bien, on a un beau programme.
Qu’attends-tu de ce maillot de champion de France ?
J’ai eu ma chance une fois chez les pros mais je n’ai pas assuré. J’ai fait une erreur, c’est de ma faute. Je remercie Roubaix de ne pas m’avoir licencié à ce moment-là, et c’est aussi grâce à ça que je suis revenu. J’ai bénéficié du chômage pendant un an. J’aimerais avoir une deuxième chance, et si je l’ai je ne la gâcherai pas. Je crois vraiment avoir évolué aussi bien mentalement que physiquement. J’espère que les équipes pros ne tiendront pas rigueur de ce que j’ai pu faire en 2007.
Comment te définis-tu ?
Comme un rouleur. Quand je suis lancé je me défends bien, comme on l’a vu à Chantonnay. J’aime bien les courses du Nord aussi, où ça frotte, où il y a des pavés. Je suis Nordiste, je pense que c’est normal d’être survolté dès qu’il y a des pavés.
Propos recueillis à Chantonnay le 26 juin 2010.