L’image est frappante. Alors que la plupart des équipes présentes sur l’Essor Breton ont tendance à rester entre elles et à se fermer aux autres, le Hennebont Cyclisme, lui, reste égal à l’état d’esprit de son directeur sportif George Le Bourhis : joyeux, concentré et volontaire, mais gai tout d’abord. « Cette équipe ressemble à Bretagne-U Plouvien (NDLR : une ancienne équipe amateur bretonne de haut niveau) car ce sont tous des mecs biens, sympas et solidaires entre eux. » Mais comme on dit, gentil, c’est pas un métier ! Leur emploi à eux, les six joyeux lurons de l’Essor Breton, c’est de gagner, et montrer le maillot. Ce qu’ils ont très bien fait depuis le début de la 58ème édition. Trois places de 3ème, un titre de meilleure équipe pour la troisième étape, meilleur jeune et leader du classement avec Gwenaël Simon, c’est clair, le Hennebont Cyclisme mérite sa place dans la course. Il mériterait même mieux, au vu du potentiel exprimé par l’équipe depuis le début de saison. Selon David Chopin, dans ce club, « il n’y a pas besoin de se prendre la tête, c’est le plaisir qui passe avant tout, pas comme dans les autres clubs. »
L’image reste frappante. Il est 9h30, nous sommes le vendredi 6 mai, au buffet des équipes. Toutes les formations sont déjà parties, toutes, sauf une. Le Hennebont Cyclisme évidemment ! Pas question de partir sans fromage ni fruits ! Cela prouve toute la décontraction et le détachement dont l’équipe de George Le Bourhis fait preuve. Mais en même temps, ne faut-il pas de la solidarité et une bonne ambiance dans l’équipe pour mieux réussir ? La réponse est explicite : clairement que oui ! Comme le dit Grégoire Le Calvé, « le Hennebont Cyclisme, c’est surtout une bande de copains, il n’y a aucune pression, c’est vraiment un club familial. La cohésion de groupe permet des grands résultats. » En même temps, quand le directeur sportif s’appelle George Le Bourhis, cela semblerait presque normal. Car « Jo », comme le surnomment affectueusement les coureurs, ou encore « Môssieur Le Bourhis », est une figure du cyclisme breton. Sa seule présence rassure et son palmarès détonne.
L’image devient frappante. Samedi, veille de l’arrivée finale, Gwenaël Simon enfile le maillot blanc de leader. Il avait auparavant collectionné deux places de 3ème et un maillot de meilleur jeune. Une fois l’annonce de sa prise de pouvoir dite, il lève les bras et file taper dans les mains de tous ses coéquipiers, avant de sauter dans les bras de son directeur sportif. David Chopin lui aussi s’était installé sur la 3ème marche du podium lors de la troisième étape. Au final, Simon se classe 2ème au général, à 18 secondes du vainqueur. L’équipe fait sur cet Essor Breton mieux que la plupart des grosses écuries de DN1, car elle au moins elle ose attaquer. En même temps, elle n’a rien à perdre, puisqu’elle n’a aucune pression due à son statut ! La DN3, décidément. Elle revient à la bouche de tous les coureurs, même sur le podium. « Je voudrais remercier le club qui, même s’il n’est qu’en DN3, a beaucoup de talent et nous offre les possibilités de réussir », dixit Gwenaël Simon. Fichue DN3.
L’image sera frappante. Oui, Gwenaël Simon a perdu son beau maillot blanc, mais il a gardé son sourire, tout comme ses cinq coéquipiers. L’équipe du Hennebont Cyclisme est jeune, elle a tout l’avenir devant elle. On ne doute pas que ces coureurs réussiront à passer à un échelon supérieur. Dans la joie et la bonne humeur. – Mathilde L’Azou