Sur les coups de 17h30, Arnaud Démare et Adrien Petit se sont présentés tout sourire en conférence de presse, échangeant quelques plaisanteries laissant transparaître une joie partagée. On retrouvait la complicité entrevue dans l’emballage final, lorsque le nouveau champion du monde Espoirs n’avait eu qu’à conclure dans un fauteuil l’admirable travail de son poisson-pilote de luxe. Travail qu’il n’oubliait pas de saluer une fois la ligne d’arrivée franchie : « Adrien m’a vraiment emmené à la perfection. J’avais totalement confiance lorsque j’étais dans sa roue. Dans les derniers kilomètres nous étions tellement coordonnés que j’avais l’impression que nous ne faisions qu’un. »
La communion entre Arnaud Démare et son poisson-pilote de luxe, pro chez Cofidis depuis un an, qui au vu de ses ressources pour aller chercher la deuxième place après avoir emmené son coéquipier et ami pouvait résolument prétendre au titre de champion du monde, reflète à elle seule l’esprit affiché par cette équipe de France Espoirs tout au long de la journée. Une équipe soudée, auteur d’une course collective parfaite autour de son leader. Et si la victoire est finalement revenue à Arnaud Démare, la joie, elle, était celle de toute une équipe voire même de tout un peuple.
Car l’ambiance était à la fête en cette fin d’après-midi dans la délégation française. Alors que le nouveau champion du monde Espoirs prenait le soin, une fois la ligne d’arrivée, d’enlacer l’ensemble de ses coéquipiers, comme pour les remercier de leur formidable travail, le sélectionneur national Bernard Bourreau avait lui bien du mal à cacher son émotion. « Déjà, gagner, c’est formidable, mais faire un et deux c’est vraiment phénoménal. Je pense qu’il faut remonter à très longtemps dans l’histoire du cyclisme amateur pour retrouver trace d’un pareil exploit. Ces gars-là avaient déjà remporté la Coupe des Nations, ils ont encore été formidables aujourd’hui. C’est vraiment superbe ! » Puis c’est l’ensemble de l’équipe qui se massait au pied du podium pour savourer une Marseillaise qui était aussi un peu la leur. Rudy Molard, Emilien Viennet, Angelo Tulik et Romain Delalot rejoignaient ensuite leur deux compères sur le podium, pour une photo souvenir qui sonnait comme un vrai moment d’émotion.
Emotion partagée également par la poignée de supporters français présents sur place. Postés devant le bus de l’équipe de France, une vingtaine d’irréductibles attendaient l’arrivée de leurs deux champions retardés par le contrôle antidopage, pour leur réserver un accueil triomphal. « Nous avons fait plus de 2000 kilomètres pour venir supporter nos français », affirmait Francis Vidal, qui a effectué le voyage en voiture depuis Montpellier avec son épouse Jeannine. « Alors voir un doublé français c’est vraiment incroyable. On est super heureux aujourd’hui », jubilait-il, impatient de féliciter les deux hommes. C’est un moment de partage avec leurs supporters qui attendait les deux hommes avant de rejoindre leur bus, déjà surchauffé. Un moment de partage qui ne serait sans doute que le prélude d’une soirée festive. Espérons qu’elle en inspirera d’autres aujourd’hui et demain. – Sylvain Chanzy, à Copenhague.