Pendant le Rhône Alpes Isère Tour, Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation), dossard 151, nous confie son carnet de route au cœur de la course.
Mon étape. « L’étape d’ouverture du Rhône Alpes Isère Tour entre Ecloses-Badinières et Meyrié était certes la plus courte, 150,8 kilomètres, mais pour avoir reconnu une partie du parcours, je savais qu’elle décanterait déjà largement le classement général. Au final, les dégâts auront été encore plus importants que ce à quoi je m’étais attendu…
Du côté de l’équipe, tout le monde avait carte blanche pour faire sa propre course. Les 30 premiers kilomètres ont été très roulants et le vent soufflait fort de trois quarts dos. Je suis resté placé tout le début de course, histoire de prendre la température du peloton. Tout le monde était assez nerveux et beaucoup de coups se sont succédé à l’avant. Assez rapidement, un groupe est parvenu à prendre de l’avance, bientôt rejoint par un autre, puis encore un. Finalement, presque une trentaine de coureurs se sont regroupés à l’avant, et aucun Chambérien. J’ai rapidement compris que ça sentait le roussi et que j’aurais peut-être mieux fait d’être plus opportuniste, puisque les jambes étaient plutôt bonnes. Le peloton s’est relevé au bout d’une vingtaine de kilomètres avant que le Team Stölting ne prenne la chasse à son compte pour son leader Silvio Herklotz, la future star allemande.
Au pied de la première ascension, le col des Mille Martyrs, le peloton accusait un retard de 1’30 ». Le rythme était d’abord modéré, puis a brutalement augmenté dans les trois derniers kilomètres. On montait à plus de 30 km/h ! Le peloton a explosé. Seule une quarantaine de coureurs a basculé au sein du groupe, moi juste derrière, à quelques centaines de mètres. Mais le rythme est resté très élevé et j’ai pu recoller à un autre petit groupe au pied du second col, la côte de Saint-Christophe, mais pas au peloton, que j’apercevais 200 mètres devant. Une fois ce second col franchi, nous étions un gruppetto d’une vingtaine avec quelques coureurs d’équipes continentales, de l’équipe de France et de coureurs locaux. Il nous restait une cinquantaine de kilomètres à parcourir pour rallier l’arrivée.
A l’avant, l’échappée n’a jamais été reprise et Quentin Jaurégui, le néo-professionnel de Roubaix Lille Métropole, qui porte à cette occasion les couleurs de l’équipe de France Espoirs, a réglé son groupe de quatre coureurs au sommet du final en côte à Meyrié. Il portera donc le premier maillot jaune demain, au départ de Colombier-Saugnieu. Mais derrière, entre les coureurs de l’échappée, ceux qui n’ont pas tenu à l’avant, ceux qui sont sortis du peloton et les lâchés, les écarts sont énormes ! »
Mes impressions. « Pour cette première journée, je m’attendais à une étape-traquenard pour en avoir reconnu la majeure partie, mais la course s’est révélée plus difficile encore. La côte de Blandin, à 25 kilomètres de l’arrivée, qui représentait sur le papier 2,7 kilomètres à 9,1 %, comportait un passage de 1,6 kilomètres à plus de 13 % de pente moyenne ! J’ai terminé l’étape certes loin du vainqueur, mais avec une moyenne d’à peine 38 km/h. Les premiers, eux, sont à seulement un peu plus de 41. Pourtant, il n’y avait que 150 kilomètres et la bagarre a fait rage tout le long. Pour preuve, sur son compte Twitter, Rudy Molard annonce une puissance moyenne sur l’étape de 295 watts sans zéro, soit largement supérieur à une course WorldTour.
Je retiens également que les coureurs de l’équipe Cofidis, ultra favoris et largement présents dans l’échappée initiale avec Edet, Molard et Taaramae, ont été totalement absents des débats à l’arrivée et présentent déjà énormément de retard au classement général. Courir avec les amateurs n’est pas forcément une sinécure pour les professionnels, car il s’agit d’un type de course totalement inhabituel, plus haché et plus rythmé. Ils nous surpassent dans le final, mais nous sommes tout à fait à leur hauteur durant la majorité de la course et nous parvenons à les piéger avant. Demain, ces écarts conséquents m’arrangeront probablement, car l’équipe de France possède une équipe taillée pour contrôler la course, et les Cofidis et les autres attendront probablement l’étape de samedi, la plus difficile, pour tenter de renverser la situation. Il y a donc davantage d’ouvertures, et sur un profil un peu moins corsé, il reste possible de saisir sa chance, moi comme mes coéquipiers.
Je reste impressionné par la performance de Quentin Jaurégui, que je connais pour avoir été l’un de ses adversaires dans les rangs Juniors. Il a remporté cette étape en costaud et confirme avoir franchi un énorme palier depuis son passage chez les professionnels. Je ne savais pas trop quoi penser de ce passage chez les pros à 19 ans, on ne peut plus lui donner tort désormais ! Je pense qu’il ne faut pas l’oublier parmi les espoirs du cyclisme français car il est excellent dans plusieurs domaines : excellent grimpeur, il est également très explosif et plutôt rapide au sprint. De plus c’est un Nordiste et un cyclo-crossman, il est capable de s’adapter à tous les parcours. Il sera intéressant de suivre son comportement sur les trois prochains jours de course !
A présent, direction le massage, car demain est une très bonne opportunité ! Le profil est un peu difficile pour un non grimpeur comme moi, mais si je suis capable de passer dans le groupe principal, j’ai des atouts à faire valoir à l’arrivée. J’aimerais bien également faire une étape à l’avant ! »
Classement 1ère étape :
1. Quentin Jaurégui (France Espoirs) les 152,9 km en 3h49’07 » (40,0 km/h)
2. Julien Guay (Sojasun Espoir-ACNC) m.t.
3. Matija Kvasina (SLO, Team Gourmetfein Simplon Wels) m.t.
4. Corrado Lampa (ITA, Team Differdange) à 10 sec.
5. Kevin Ledanois (France Espoirs) à 1’43 »
6. Maximilian Werda (ALL, Team Stölting) à 1’47 »
7. Nicolas Baldo (Team Voralberg) m.t.
8. Lasse Bochmann (DAN, Cult Energy Vital Water) m.t.
9. Jure Golcer (SLO, Team Gourmetfein Simplon Wels) m.t.
10. Manuel Sola (ESP, Keith Mobel-Partizan) m.t.
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83. Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation) à 17’55 »
Classement général :
1. Quentin Jaurégui (France Espoirs) en 3h48’51 »
2. Matija Kvasina (SLO, Team Gourmetfein Simplon Wels) à 7 sec.
3. Julien Guay (Sojasun Espoir-ACNC) à 9 sec.
4. Corrado Lampa (ITA, Team Differdange) à 26 sec.
5. Kevin Ledanois (France Espoirs) à 1’59 »
6. Maximilian Werda (ALL, Team Stölting) à 2’03 »
7. Nicolas Baldo (Team Voralberg) m.t.
8. Lasse Bochmann (DAN, Cult Energy Vital Water) m.t.
9. Jure Golcer (SLO, Team Gourmetfein Simplon Wels) m.t.
10. Manuel Sola (ESP, Keith Mobel-Partizan) m.t.
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83. Tom Bossis (Chambéry Cyclisme Formation) à 18’11 »