Loin des schémas traditionnels des courses professionnelles, les épreuves amateurs ont la réputation d’être nettement plus débridées et décousues. Plus ouvertes, aussi. Sur un circuit comme celui de Chantonnay qui multiplie les bosses, les velléités offensives du peloton peuvent pleinement s’exprimer. Personne ne s’étonnera donc de voir que cette première course en ligne des Championnats de France soit aussi animée, aussi débridée et aussi décousue, plus ouverte encore que de coutume. En conséquence il fallait parfaitement peser ses efforts, choisir le bon moment pour porter son attaque pour gaspiller un minimum d’énergie et surtout, bénéficier de ce petit surplus de chance qui fait la différence pour flairer la bonne échappée et ainsi prétendre à pouvoir porter le maillot tricolore pendant un an.
Les plus expérimentés savent aussi qu’un Championnat de France peut se jouer très rapidement. Des coureurs du calibre de Benoit Daeninck (CC Nogent-sur-Oise) ou Sylvain Georges (Team Pro Immo Nicolas Roux) se dévoilent dès la première boucle. Trop tôt. Thomas Rostollan (AVC Aix-en-Provence) et Fabrice Seigneur (Sojasun Espoir-ACNC) vont les imiter un peu plus loin, mais là encore la tentative qu’ils mènent ne rencontre guère de succès. Elles sont des dizaines comme celles-là à connaître le même sort. Mais le rythme élevé entraîne une sélection par l’arrière, éliminant les plus faibles d’un peloton toujours proche des hommes de tête.
Il faut attendre de passer le cap de la mi-course pour voir une échappée prendre enfin un peu plus de libertés. Quand un coup de vingt hommes représentant une large partie du peloton et comprenant des garçons d’expérience comme Daeninck, Rostollan, Seigneur, Georges (encore eux!) mais aussi Stéphane Poulhiès (Occitane Cyclisme Formation), Romain Bacon (Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin) et des coureurs de valeur comme Romain Campistrous (GSC Blagnac-Vélo Sport 31), Jérémy Cornu (Vendée U) ou Marc Fournier (CC Nogent-sur-Oise) prend le large, on se dit que l’échappée est partie. Mais le peloton ne lâche rien, reprenant progressivement les hommes qui composaient l’échappée tout en devant laisser filer quelques coureurs plus frais. Rien n’y fait, le regroupement général s’opère à deux tours de l’arrivée.
Général, pas tout à fait, car le paquet s’est nettement aminci sur cette course complètement effrénée. Finalement, ce sont ceux qui se sont montrés prudents, ceux qui n’ont pas paniqué et ceux qui n’ont pas lâché leurs forces précieuses en début de course qui vont pouvoir prendre les devants dans les deux dernières boucles autour de Chantonnay. Ils sont alors dix à prétendre à l’or : François Bidard et Nans Peters (Chambéry Cyclisme Formation), Bastien Duculty et Florent Pereira (Team Pro Immo Nicolas Roux), Florian Dumourier (CR4C Roanne), Victor Gousset (VC Toucy), Fabien Grellier (Vendée U), Hugo Hofstetter (CC Etupes) Clément Mary (Sojasun Espoir-ACNC), Mickaël Plantureux (VC Rouen 76). Le peloton, repoussé à 1 minute, ne pourra pas rentrer, même si l’échappée perd des éléments en cours de route.
La bagarre qui anime le final est à la hauteur de l’enjeu. Les adversaires se rendent coup pour coup sur ce final complètement fou mais ils sont cinq à se présenter en tête sous la flamme rouge. Répondant à l’attaque de Mickaël Plantureux, Clément Mary vit son jour de gloire. Le jeune homme de 23 ans qui n’a jamais décroché une victoire en Elite Nationale s’offre un bail d’un an avec le maillot tricolore. Auteur d’un excellent Tour Nivernais Morvan la semaine dernière bouclé en 4ème position, le Breton devance Florent Pereira et Nans Peters.
Classement :
1. Clément Mary (Sojasun Espoir-ACNC) les 173,9 km en 4h08’17 » (42,0 km/h)
2. Florent Pereira (Team Pro Immo Nicolas Roux) m.t.
3. Nans Peters (Chambéry Cyclisme Formation) m.t.t
4. Florian Dumourier (CR4C Roanne) m.t.
5. Mickaël Plantureux (VC Rouen 76) à 11 sec.
6. Hugo Hofstetter (CC Etupes) à 43 sec.
7. Cédric Delaplace (Brest IC 2000) à 46 sec.
8. Jeremy Bescond (Rhône-Alpes) m.t.
9. Julien Bernard (SCO Dijon) m.t.
10. Stéphane Poulhiès (Occitane Cyclisme Formation) m.t.