Christian Milesi, porté par les siens | © Freddy Guérin
Avec une douzième place finale, quatorze victoires et trente-six podiums, la saison 2018 du Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme, promu en DN1 en début d’année, est une belle surprise. Son directeur sportif, Christian Milesi, a pris le soin de se confier sur ce cru 2018.
Christian, pour une première saison en DN1, le bilan est plus qu’honorable ?
L’objectif en début de saison était le maintien en DN1. Avec cette douzième place, le contrat est plus que rempli. Au départ, nous n’avions pourtant pas l’équipe la mieux taillée pour la DN1. Mais nous avons fait confiance à la base de l’équipe déjà présente en DN2 l’année précédente. Et même si nous avons connu des hauts et des bas tout au long de la saison, le bilan reste très positif.
Le départ de Frédéric Brun en cours de saison n’a pas dû être facile à gérer…
Nous avions bâti l’équipe autour de lui, c’était notre capitaine de route, une pièce maîtresse de l’équipe, qui nous apportait énormément. Il a fallu se réorganiser dans l’urgence. Mais Frédéric Brun a eu l’opportunité de passer professionnel au cours de l’hiver. Son départ était logique. A l’arrivée, nous avons quand même réalisé quelques coups d’éclats, avec des victoires probantes et de nombreux podiums en première catégorie. Et même en élite !
Le plus beau souvenir de la saison ?
Assurément le doublé de Simon Buttner sur la SportBreizh (3e et 4e étape, ndlr). Ce sont des victoires prestigieuses. C’est pour moi le moment fort de la saison, même si je n’oublie pas non plus la victoire d’étape de Victor Lafay sur le Tour de Savoie Mont-Blanc.
Quel regard portez-vous sur vos jeunes coureurs cette saison ?
Deux coureurs, Rémy Rochas chez Delko Marseille-Provence KTM et Victor Lafay chez Cofidis, vont rejoindre les rangs professionnels l’an prochain. C’est une immense satisfaction pour l’ensemble de l’équipe. J’ai l’impression que la montée en DN1 nous a donné une légitimité supplémentaire. Quand nous recommandons un coureur à une équipe professionnelle, nous sommes davantage écoutés. Et dans une équipe amateur, la formation est une obligation.
Dimitri Bussard, Vincent Arnaud et Antoine Bravard | © Jean François Supié
Cette montée en DN1 a également permis d’accroître le budget de l’équipe ?
La montée nous a permis d’augmenter notre budget de 90 000 euros. Une somme suffisante pour répondre aux exigences fédérales et structurer encore davantage l’équipe. Pour 2019, nous enregistrons l’arrivée de Vincent Terrier comme entraîneur. Au niveau du matériel et du recrutement, cette hausse du budget nous a aussi permis de passer un palier.
Que pensez-vous du format de la coupe de France ? Doit-il évoluer ?
Regrouper les meilleurs coureurs français sur une dizaine de manche dans l’année est une très bonne chose. Le problème, à mon sens, c’est que le cyclisme est un sport d’évènement et non pas un championnat. L’idée de rassembler les meilleurs, je suis d’accord. Mais je ne suis pas d’accord à l’idée de remettre en cause l’avenir d’une structure. Il est difficile d’expliquer aux collectivités et aux partenaires les réels changements d’une montée ou d’une descente. Le format est bon, mais je pense qu’il faudrait assouplir les règles, afin de s’enlever cette pression d’une descente en fin de saison.
C’est un peu l’idée d’une division fermée ?
A l’image de ce qui se fait chez les professionnels, à notre échelle, oui. Avec des critères budgétaires et de formation évidemment. Cela permettrait de renouer avec les particularités locales et régionales. En ce qui nous concerne et comme Chambéry, nous sommes plutôt dans une logique de coureurs typés grimpeurs, alors que la Coupe de France favorise essentiellement les routiers et les sprinteurs. Nous sommes obligés d’aller chercher des coureurs à l’autre bout de la France avec une belle pointe de vitesse plutôt que de favoriser les petits gabarits et les grimpeurs de Rhône-Alpes. Ces profils-là de coureurs sont un peu éclipsés en Coupe de France. Parfois, je suis obligé de dire non à des coureurs issus de la région, pour faire de la place à des coureurs plus en adéquation avec les épreuves de Coupe de France. Et personnellement, je trouve cela vraiment dommage.
Que pensez-vous de la médiatisation du cyclisme amateur en France ? On a parfois l’impression que les cyclosportives attirent plus la lumière…
L’attrait pour le cyclosport est toujours plus grandissant, c’est vrai. Les cyclosportives sont de belles organisations privées qui savent bien se vendre. A nous de nous aligner en changeant de format si nous voulons plus de médiatisation. Mais le cyclisme ne va pas mal en France. On ne va pas se plaindre. Il y a largement assez de place pour tout le monde.
Simon Buttner #2 | © Sportbreizh
Un mot sur les mouvements au sein de l’équipe pendant l’intersaison ?
Le recrutement n’est pas tout à fait terminé, mais nous avons pour l’instant enregistré les arrivées de plusieurs coureurs. Justin Ducret, Romain Guillot et Aurélien Philibert nous ont rejoint pour apporter leur pointe de vitesse, avec des profils qui collent à la Coupe de France. Aurélien Lionnet nous rejoint aussi, afin d’apporter son profil de baroudeur dans les profils plus vallonnés. Nous comptons beaucoup sur lui cette saison. Aurélien est l’un des meilleurs baroudeurs de DN1 et peut légitimement viser une place chez les professionnels. Enfin, nous avons également enregistré les renforts de Corentin Lesage et Thomas Acosta.
Quels seront les grand objectifs la saison prochaine ?
Notre principal objectif reste d’amener les coureurs de notre effectif au bout de leurs projets et de leurs rêves. Certains veulent rejoindre les rangs professionnels, d’autres se faire plaisir à un haut niveau amateur. C’est pour cela que nous n’avons pas d’exigence de résultats auprès de nos partenaires. Nous avons un rôle d’équipe formatrice. C’est ce que nous voulons mettre en avant. Ce qui me ferait le plus plaisir, c’est de voir à nouveau des coureurs passer professionnel à la fin de la saison prochaine.
Propos recueillis par Romain Boisaubert