Charlie LeconteComment se passe votre saison jusqu’ici ?

« Plutôt bien. Jusqu’à aujourd’hui nous sommes sur de bons résultats toutes compétitions confondues, que ce soit en 1ere et 2e catégorie ou sur les courses en Belgique. Nous en sommes à 19 victoires, ce qui est un bon résultat sportif. On a répondu présent lors de la première manche de coupe de France (Julien Van Haverbeke prend la 2e place et Thomas Palade la 5e, ndlr). Par contre on a joué de malchance lors de la deuxième manche avec une crevaison à 5km de l’arrivée pour notre sprinter. Le lendemain c’est Thomas Palade qui chute alors qu’il est sur le point de rentrer sur le groupe de tête. Les coureurs étaient très bien physiquement mais il nous a manqué un peu de chance. Quant aux Boucles de la Marne, Julien Van Haverbeke y termine 5e ».

Des résultats plutôt satisfaisants alors ?

« Tout à fait, on est vraiment content. Ce week-end, encore, on était en Belgique sur le GP Color Code où il y avait de belles équipes continentales. Dans l’échappée finale de huit coureurs nous avions encore deux garçons de notre équipe, Jean-Lou Watrelot et Emilien Vandermeersh. Jusqu’ici on est super content de notre saison. »

La prochaine manche de Coupe de France (DN2) se déroulera du 6 au 8 juillet prochain. Avec quel état d’esprit y allez-vous ?

« C’est une manche importante, il y a beaucoup de points à aller chercher. Nos dirigeants nous ont autorisé à partir un jour plus tôt, on y sera donc dès le mercredi soir ce qui laissera le temps aux coureurs de repérer le chrono, d’être massés et au staff de préparer les vélos. On a quand même investi sur cette manche donc j’espère qu’on ne va pas refaire comme sur les Boucles Nationales du Printemps (2eme manche de la Coupe de France DN2 ndlr) car je pense qu’on a les moyens de bien faire ».

Pouvez-vous nous parler de l’équipe, de son potentiel ?

« On a vraiment une équipe très jeune qui compte huit espoirs. Sur l’ensemble du groupe, soit 12 coureurs, 9 ont gagné depuis le début de la saison. C’est une belle récompense pour eux. Je dis toujours aux coureurs que l’important c’est d’être heureux ensemble et ne pas avoir de remords. C’est le discours que j’ai toujours eu. Je pense que c’est un groupe qui est content d’être là ensemble, content des résultats. Et puis on a un beau programme cette saison qui nous a déjà amené sur des courses à étapes, sur Liège-Bastogne-Liège… Et puis quatre de nos coureurs ont participé au Paris-Roubaix sous les couleurs du comité des Hauts-de-France. On vraiment un beau calendrier. »

Il y a une volonté de mixer des jeunes avec des coureurs plus expérimentés ?

« Mon travail que ce soit à Roubaix ou Nogent c’était ça : prendre deux ou trois coureurs expérimentés et que des jeunes derrière. »

Vous disposez également du soutien de Cofidis…

« Pour nous c’est une belle image d’avoir le soutien de Cofidis. Ça nous évite d’avoir le souci de mes collègues qui est de trouver des vélos. On travaille à « n-1 » et on sait qu’on aura 15 vélos haut de gamme en fin de saison. Sur ce point nous n’avons pas de dépenses à effectuer ce qui est non négligeable pour notre budget. Qui plus est ce sont des dons, nous avons donc la possibilité de revendre ces vélos par la suite et ça rentre dans le budget pour une part importante. »

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« Si on a la possibilité de monter, on ne va pas refuser »

C’est votre quatrième saison au sein du club et il y a eu des évolutions depuis votre arrivée. Quel regard portez-vous sur le travail accompli jusqu’ici ?

« Je crois qu’à mon arrivée Dunkerque Littoral Cyclisme n’avait pas une très belle image. C’était un club quelque peu en déclin. Les dirigeants et les partenaires représentent une belle assise pour la structure. Et puis j’ai la confiance de mon président, Laurent Thirionet*, qui n’est quand même pas n’importe qui. Il sait ce qu’est le sport de très haut niveau puisqu’il a été champion du monde et champion paralympique. J’ai sa confiance et j’ai de très bonnes relations avec lui. »

A moyen terme, comment aimeriez-vous voir évoluer la structure ? Quelle direction souhaiteriez-vous lui donner ?

« Si on a la possibilité de monter, on ne va pas refuser. Financièrement on était un peu juste il y a deux ans. La saison dernière on a su équilibrer les comptes et cette année on a commencé avec un budget dans le positif. Lui (Laurent Thirionet) comme moi, on fera tout pour monter si on a cette possibilité et avoir une structure de DN1. »

Vous sentez donc une synergie s’opérer autour du projet ?

« Je n’ai pas trop de contacts avec nos partenaires, à part Cofidis, mais je sais que mon président a de « bonnes touches » sur le littoral avec de bons partenaires. Je pense qu’il y a une volonté de bien faire, une volonté de progresser en tout cas. »

Vous êtes un homme d’expérience dans le monde du cyclisme et vous avez eu beaucoup de coureurs sous votre direction. Lequel vous a le plus impressionné ?

« Il y en a eu tellement que ça va être compliqué de n’en retenir qu’un (rires). J’ai eu le chance, grâce à eux, d’avoir eu de manière interposée le maillot jaune, le maillot vert, et le maillot à pois (rires). Le plus impressionnant c’était peut-être Arnaud Démare. C’était lui, mais aussi des garçons comme Cédric Vasseur, Laurent Desbiens… Mais Arnaud (Démare) est celui qui est au-dessus du lot de par sa façon de se comporter quand il était chez nous avec ses partenaires, son encadrement… »

Vous gardez de bons liens avec vos anciens coureurs ?

« Oui tout à fait. Quand on se voit, il n’y a pas de souci. Je crois qu’il y a encore 8 ou 10 coureurs dans le milieu pro que j’ai eu sous ma direction auparavant. Je pense aux frères Feillu, à Yoann Offredo, William Bonnet, Stephane Rossetto… ce sont des coureurs que j’ai eu la chance de pouvoir diriger, de supers mecs. »

Selon vous, quelle est la différence entre un coureur lambda et un bon coureur ?

« Pour réussir sa carrière, quand on commence le vélo, il faut se dire un jour ou l’autre « je vais être bohémien » parce qu’un coureur cycliste c’est un peu ça. Aujourd’hui on fait le Tour de Murcie, après le Paris-Roubaix… on est toujours avec sa valise. Si au niveau du caractère on est toujours en train de pleurer parce qu’il faut prendre l’avion, parce qu’il faut rouler quand il pleut, ça n’ira pas. C’est le métier qui veut ça. Après, avec l’expérience, on sent si un coureur a les moyens ou non de percer. J’ai toujours été honnête avec mes coureurs en leur disant que si je sens qu’ils ont la possibilité de « monter » alors je ferai tout pour eux, pour démarcher auprès de mes collègues professionnels. Par contre, si je sens qu’ils n’en ont pas les moyens, pour une raison ou pour une autre (pas bien physiquement, être toujours en train de râler, pas content du mécano, de l’assistant ou du directeur sportif…), à un moment ou un autre ça ne passera pas et je leur dis. J’essaie donc de leur inculquer le respect, celui envers les équipiers mais aussi envers l’ensemble de l’encadrement et des dirigeants. Le plus important c’est de pouvoir courir, de participer à de belles courses et de s’épanouir. Après si les coureurs trouvent une ouverture ou si j’en trouve une pour qu’ils puissent « passer au-dessus » alors là on pourra se dire qu’on a bien travaillé. »

Avant de conclure, quel est le programme pour Dunkerque Littoral Cyclisme dans les semaines à venir ?

« Il y a la quatrième manche de Coupe de France (DN2) du 6 au 8 juillet prochain, on sera ensuite dans le centre de la France avant d’enchaîner avec le Grand Prix de Pérenchies. Le week-end suivant nous participerons à une course inter-club en Belgique, le Grand Prix International de Reningelst, et après nous préparerons le Grand Prix Chistian Fenioux (5e manche de la Coupe de France DN2, ndlr). »

Et parmi ces rendez-vous lequel cochez-vous ?

« La prochaine manche de coupe de France et le Grand Prix de Pérenchies parce qu’on est chez nous et que les coureurs sont motivés. »

M.L.

Laurent Thirionet, président de l’équipe Dunkerque Littoral Cyclisme, est champion paralympique en 2004 en poursuite individuelle et en 2008 en contre-la-montre sur route. Il est double médaillé d’or et de bronze, triple médaillé d’argent aux jeux paralympiques entre 2000 et 2012 ndlr