Cyril Dessel / © Vélo101
L’ECSEL, son club de cœur, qui lui a permis, il y a quelques années, de rejoindre les professionnels. Aujourd’hui âgé de quarante-trois ans et de retour dans son club de toujours dans la peau d’un directeur sportif depuis 2015, Cyril Dessel s’est exprimé, dans son emploi du temps chargé, sur la saison 2018 de son club, tout en évoquant son rôle de directeur sportif à AG2R La Mondiale, qu’il mène de front depuis 2017.
Cyril, quel bilan tirez-vous de cette saison 2018 ?
Le bilan de la saison est plutôt bon. L’objectif en début de saison était d’assurer un maintien rapide en DN1 en visant, dans une fourchette haute, une place entre la dixième et la quinzième place. A l’arrivée, avec ces sept victoires et cette quinzième place finale, nous sommes dans la fourchette basse. Mais en termes de performance générale, nous avons été plutôt bons avec notamment une très belle saison de Jaakko Hanninen, surtout en deuxième partie d’année, et de Maxime Jarnet, grosse satisfaction de la saison. Les jeunes ont beaucoup progressé cette année sous nos couleurs. C’est une immense satisfaction. Tous les coureurs adhèrent à notre discours.
Quel est votre plus beau souvenir cette saison ?
(Il réfléchit) Je pense que c’est cette victoire d’Hanninen en classe 2 devant Rein Taaramäe, un coureur professionnel ! Surtout que Taaramäe sortait de la Coppa Agostini qu’il avait terminé à la deuxième place juste derrière Gianni Moscon. Je savais que Jaakko était en forme, mais de là à battre Rein… C’est vraiment un moment fort de l’année.
Êtes-vous surpris du niveau atteint cette année par le jeune espoir finlandais (3 victoires, meilleur espoir de la saison) et Maxime Jarnet (2 victoires) lui aussi auteur d’une très belle saison ?
Surpris, non. Jaakko et Maxime sont deux coureurs avec un immense potentiel, qui devraient rejoindre les rangs professionnels dans les années à venir. Saint-Etienne est un tremplin pour les jeunes espoirs. Et du fait de mon rôle à AG2R La Mondiale, je croise régulièrement des directeurs sportifs d’autres équipes professionnelles, ce qui donne une certaine crédibilité. Concernant Jaakko, je peux même vous assurer qu’il rejoindra les professionnels dans les mois à venir. C’est une certitude. 2019 sera un tournant pour lui. Il est l’un des meilleurs grimpeurs de sa génération. Mais il doit encore progresser dans le placement pour être plus complet. Cela ne va pas lui faire de mal de poursuivre encore un peu chez les amateurs.
La Team ESCEL | © Julie Desanlis
Un mot sur les arrivées pour la saison prochaine ?
Nous avons recruté quatre coureurs : Jacques Lebreton, Andréa Biondi, Maxime De Poorter et Julien Flachon. Andréa espère se relancer chez nous après une blessure au genou. Il a un profil intéressant, celui d’un pistard, parfait pour la Coupe de France. Maxime, lui, est une valeur sûre, qui a déjà gagné de belles courses chez les amateurs. Il a les capacités pour rejoindre les rangs professionnels dès 2020. Jacques est un jeune coureur, très motivé à l’idée de nous rejoindre. Sur le papier, l’équipe me paraît équilibrée. Il y a un potentiel intéressant dans ce groupe. Il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas l’an prochain.
Il n’y a pas eu de départ pendant l’intersaison. Une volonté de l’équipe de conserver un groupe stable ?
Tous les deux ans, nous renouvelons cinquante pourcent de l’équipe. Nous avons la volonté de nous appuyer sur un groupe plus jeune, pour travailler dans la durée. L’objectif est donc de conserver nos coureurs. C’est une marque de confiance.
Quels seront les grand objectifs, la saison prochaine ?
Le principal fil conducteur sera évidemment la DN1 où nous viserons une dixième place finale. Nous voulons viser un maintien confortable pour s’éviter de courir sous la pression. Les trois premières manches de la saison seront donc déterminantes. Mon souhait est également d’intégrer le Tour de Savoie ou la Ronde de l’Isard, où Jaakko Hanninen pourrait légitimement jouer la gagne. Il serait dommage que l’un des meilleurs grimpeurs de sa génération ne puisse pas être au départ de l’une de ces deux courses.
Personnellement, est-ce toujours un plaisir pour vous d’enfiler cette double casquette ?
(Il sourit) Ce sont deux rôles de directeur sportif, mais dans deux mondes différents. A Saint-Etienne, le discours n’est pas le même. Il faut bien faire la distinction. En face de moi, j’ai de jeunes coureurs. Quand je m’adresse à Romain Bardet ou à Oliver Naesen, les éléments rapportés ne sont pas les mêmes, forcément. Mais je trouve cela complémentaire. Je m’éclate autant à Saint-Etienne qu’à AG2R La Mondiale. J’aime l’adrénaline au départ des manches de Coupe de France. J’aime aussi cette recherche de partenaires, ce suivi à l’entraînement. Chez les amateurs, l’investissement est bien plus important.
Propos recueillis par Romain Boisaubert