La course menée par les Juniors ce matin a sans doute un peu effrayé les amateurs de courses offensives. Et si le circuit de Ponferrada n’était pas aussi exigeant que ce que l’on croyait ? Ou doit-on imputer le sort de la course matinale à un certain attentisme lié à un nombre réduit de tours à couvrir ? La course des Espoirs donne toujours des éléments de réponse quant au scénario de l’épreuve-reine du dimanche, même si ce qui est acquis le vendredi ne l’est pas forcément deux jours plus tard. Comme chacun le sait, ce sont les coureurs qui font la course. Manifestement, les Espoirs voulaient batailler comme il se doit pour acquérir le titre mondial. La course sera donc animée par de multiples offensives et c’est un homme seul qui trouvera la faille pour décrocher le maillot arc-en-ciel chez les moins de 23 ans.
Ce nouveau champion du monde Espoirs ne sera ni Adil Barbari (Algérie), ni Roman Kustadinchev (Russie) et ni Sebastian Schonberger (Autriche). En faussant compagnie au peloton dès le premier tour de circuit, les trois hommes savaient bien que leur entreprise serait compliquée. Les trois minutes d’avance que le peloton leur accorde ne leur permettent pas d’entrevoir à peine l’arc-en-ciel. Le trio devenu tandem après qu’Adil Barbari ait dû lâcher prise ne résistera pas longtemps une fois que la course se sera mise en route. C’est à la mi-course que les premières escarmouches animent un peloton contrôlé par les Australiens pour leur sprinteur Caleb Ewan. Mike Teunissen donne le « la », mais le vainqueur de Paris-Roubaix Espoirs sera vite revu.
En revanche, le peloton laisse filer un groupe de trois hommes composé de Lennard Hofstede (Pays-Bas), Tilegen Maidos (Kazakhstan) et Ruben Zepuntke (Allemagne) qu’accrochent les deux hommes encore en tête. Pierre-Roger Latour tente de recoller à trois tours de la fin pour mettre l’équipe de France dans une position confortable. Mais il ne sait pas encore que la course des favoris va démarrer bien plus tôt que ce que l’on pouvait croire. La faute à un Louis Meintjes (Afrique du Sud) qui dynamite la course à deux tours et demi de la fin.
Sven-Erik Bystrom attend le tout dernier moment et file vers le titre.
Lui qui exploite le règlement selon lequel les coureurs de moins de 23 ans faisant partie d’une équipe continentale pro peuvent participer aux Championnats du Monde Espoirs (contrairement aux coureurs du WorldTour) sera l’élément déclencheur d’une fin de course animée. Le pensionnaire de l’équipe MTN-Qhubeka qui vient de boucler la Vuelta en 55ème position avec une 5ème place à la Camperona est en jambes et il le montre. Reprenant puis dépassant les hommes de tête, celui qui avait déjà terminé 2ème à Florence représente une réelle menace quand son avance flirte avec la minute. Même avec encore 40 kilomètres à couvrir. Il provoque la réaction du Suisse Stefan Kung, champion d’Europe en titre, et la formation d’un groupe de seize hommes dont Dylan Teuns et Loic Vliegen, Alexandre Foliforov et Mathieu Van Der Poel.
Malheureusement, l’entente n’est pas parfaite tandis que le peloton est encore bien organisé sous l’impulsion des Australiens qui tentent toujours de cadenasser la course pour Caleb Ewan. Alors que le groupe est sur le point d’être repris, Kevin Ledanois accélère et parvient à refaire le trou. Mais il ne s’agit là que d’un dernier baroud d’honneur pour le futur professionnel de Bretagne-Séché Environnement qui passe en tête à la cloche avec une grosse dizaine de secondes d’avance. Tout est à refaire, mais les Australiens qui maîtrisent la course depuis le départ prennent peur en constatant que Caleb Ewan n’est plus dans les premières positions. La course est alors complètement débridée. Les attaques se multiplient dans la première difficulté du parcours et le Colombien Brayan Ramirez bascule en tête.
Mais c’est un bolide qu’il voit revenir sur lui avant le sommet de la dernière difficulté du jour situé à moins de cinq kilomètres de la ligne. Le Norvégien Sven-Erik Bystrom, futur professionnel chez Katusha l’an prochain, s’est fait discret toute la journée, pour jeter toutes ses forces dans le final. La stratégie audacieuse du Scandinave finit par payer. Il franchit le sommet avec cinq secondes d’avance. Et c’est ce même écart qui le sépare du peloton sur la ligne. Caleb Ewan sauve les meubles en remportant la médaille d’argent, comme chez les Juniors en 2012, tandis que le compatriote de Bystrom, Kristoffer Skjerping, prend le bronze. Avec Sondre-Holst Enger, 5ème, la Norvège place trois représentants dans le Top 5. Thor Hushovd qui vient de partir à la retraite peut être rassuré : la relève est déjà là !
Classement :
1. Sven-Erik Bystrom (NOR, Norvège)
2. Caleb Ewan (AUS, Australie)
3. Kristoffer Skjerping (NOR, Norvège)
4. Tiesj Benoot (BEL, Belgique)
5. Sondre-Holst Enger (NOR, Norvège)
6. Iuri Filosi (ITA, Italie)
7. Hernando Bohorquez (COL, Colombie)
8. Ilya Davidenok (KAZ, Kazakhstan)
9. Silvio Herklotz (ALL, Allemagne)
10. Mathieu Van Der Poel (PBS, Pays-Bas)