Tu sors d’un Paris-Roubaix juniors compliqué, sur lequel tu as connu une lourde chute. Comment est-elle survenue et a quel moment de la course ?
Bonjour, ça va. Je me suis fait opérer vendredi donc c’est un peu douloureux. Je suis tombé à 20km de l’arrivée à la sortie de Camphin en pèvele, j’étais sur la gauche et à la sortie du secteur il y avait un virage à droite, il y avait trop de terre dans le virage et ma roue avant est partie, ce n’est pas une chute impressionnante mais ma jambe s’est coincée avec mon cadre puis un gars est tombé sur moi.
Malgré tout, tu as décidé de terminer l’épreuve, il faut aller chercher les ressources mentales dans ces moments ?
J’ai tout de suite eu très mal à la cheville. On m’a relevé et j’ai attendu la voiture car mon vélo était cassé, je suis reparti, j’ai eu du mal à enclencher ma pédale mais je ne me suis pas dit que c’était cassé, pour moi la douleur allait passer au fil des coups des pédales. Mon entraîneur m’a également poussé à finir, il me disait » faut finir c’est Paris roubaix ». Évidemment il n’était pas au courant. Pour se faire pardonner il m’a dit qu’il ferait le carrefour de l’arbre sur une jambe (rires).
Les 20 derniers km ont été très longs pour moi j’ai passé le carrefour de l’arbre avec une fracture, j’essayais d’aller le plus possible dans l’herbe pour éviter les secousses mais comme la chute était récente avec l’adrénaline je n’ai pas eu trop mal. Ensuite le secteur 2 a été beaucoup plus compliqué, je roulais à 5km/h j’essayais d’aller sur les petits morceaux de route mais c’était vraiment douloureux dans la tête je me disais « aller, après le secteur c’est fini » ensuite j’ai commencé à avoir froid et les derniers km étaient interminables, j’avais déjà mal en voyant le dos d’âne et puis une fois arrivé sur le vélodrome ça a été un soulagement. Paris Roubaix est une course à part, Il faut être un guerrier toute la course alors c’est ce que j’ai fait : j’ai serré les dents pour terminer cette course mythique.
Axel Laurance à l’arrivée de Paris-Roubaix Junior | © Gus Sev – Photographe
Sans ce fait de course, tu penses qu’un bon résultat était possible ?
Après être tombé j’étais vraiment déçu car je me sentais bien, j’étais encore là pour jouer une belle place sans cette chute, un top 10 aurait été prenable car j’aurais pu faire une belle place au sprint c’est dommage mais c’est le sport.
On l’a vu à l’arrivée sur le vélodrome, tu étais bien entouré, particulièrement par ta famille et tes coéquipiers, c’est un soutien qui est important ?
Oui, encore merci a mes coéquipiers qui m’ont tous encouragé quand je suis arrivé sur le vélodrome, ça m’a vraiment touché, quand j’étais au sol ils ont tous donné leur thermique pour me couvrir. Merci encore à ma famille toujours là pour moi.
S’en est suivi un séjour à l’hôpital, qu’est-ce qui t’a été diagnostiqué et où en es-tu aujourd’hui ?
Sur le vélodrome le médecin de la course a dit fracture avec déplacement, ensuite à l’hôpital on m’a redit fracture puis après les radios ils m’ont dit que je n’avais pas de fracture mais ma cheville était tellement gonflée ils n’ont pas dû voir grand-chose. Puis jeudi je suis retourné faire une radio. On m’a dit suspicion de fracture et tout de suite on m’a emmené faire un scanner et là, fracture nette de la malléole interne. J’ai été pris en charge rapidement et je me suis fait opérer le lendemain. On m’a mis 2 vis et maintenant j’ai 1 mois de plâtre.
Axel Laurance descend de vélo à l’arrivée | © Gus Sev – Photographe
On te revoit d’ici combien de temps dans les pelotons ?
J’en ai à peu près pour 2 mois car après le mois de plâtre je ne pourrai pas poser le pied tout de suite mais juste faire des mouvements. La rééducation sera du vélo donc ça tombe bien et j’espère commencer à courir pour le mois d’août.
Malgré tout, si tu avais un bilan à faire sur la partie de la course que tu as passé « sans embûches », lequel serait-il ?
C’est une course à part quand on entre dans le premier secteur on se dit ça y est c’est parti. J’ai pris énormément de plaisir malgré cette chute. J’étais dans le bon groupe je me sentais bien. Je voulais aider le plus possible Hugo Toumire. Alors le bilan est positif car c’était l’un des meilleurs moments que j’ai passé sur un vélo.
C’est une course qui sera à refaire dans les années à venir ?
Bien sûr quand on goûte à Paris Roubaix on a envie d’y revenir.
Enfin, Hugo Toumire termine deuxième de l’épreuve, du côté collectif, c’était comment ?
Collectivement on était très fort on était nombreux à l’avant et même plusieurs fois on était les mieux représentés. On n’a pas fait d’erreur, il y avait toujours quelqu’un devant et quand la course s’est durcie, on était là. Hugo était très fort il est parti au bon moment et dès qu’il est parti je savais qu’il n’allait pas être loin de gagner.