Amandine, pouvez vous vous présenter à nos lecteurs ? Quel est votre parcours et votre profil cycliste ?
Savoyarde et Mauriennaise, j’ai 34 ans. Je suis cycliste depuis 10 ans. Un exutoire très vite devenu une passion. Le vélo est un épanouissement physique et psychique. Le sport c’est la santé !
J’aime faire des cyclosportives, découvrir de nouveaux endroits, rencontrer des nouvelles personnes, partager ma passion et surtout me dépasser !
Je suis licenciée au COCCF (Club Omnisports de Courcouronnes Cyclisme Féminin) et je tente de relever sans cesse de nouveaux défis. Le prochain sera la réalisation intégrale des étapes du Tour de France avec mon équipe Donnons des Elles au Vélo J-1.
Quel est votre meilleur souvenir de vélo ? Votre meilleur souvenir de Tour de France ?
Chaque sortie sur mon vélo est un souvenir ! Je n’ai pas de meilleur souvenir mais si je dois en retenir un, c’est l’Etape du Tour en 2016 : un plaisir partagé, un sentiment de liberté, la beauté des paysages et tout cela avec l’homme que j’aime ! Que demandez de plus ?
Mon meilleur souvenir du Tour de France, c’était une escapade imprévue dans le Col du Galibier avec mon conjoint et mon fils. Nous avons dormi dans notre véhicule, nous avons peint des messages sur le bitume, attendu les caravanes, couru après les goodies – il n’y a pas d’âge pour se faire plaisir !-, encouragé les coureurs, et bien sûr les filles du Tour la veille, ambiance assurée !
Qu’est ce qui vous a poussé à candidater à Donnons des elles au vélo J-1?
Ce qui m’a poussé ? C’était justement l’été dernier, quand j’ai encouragé les filles de Donnons des Elles au Vélo J-1 dans le Galibier. Il était tard, il faisait froid, j’en ai eu les larmes aux yeux de les voir grimper ce « géant ». Là, je me suis dis l’année prochaine, c’est moi avec vous sur nos vélos ! J’ai donc candidaté en octobre au projet dans le but de participer à une aventure sportive mais avant tout humaine fondée sur le partage et l’échange, mais aussi militante pour le développement du cyclisme féminin.
Qui a créé cette association et dans quel but ?
Claire Floret est à l’origine de ce beau projet. L’idée lui est venue suite au visionnage du film La Belle Echappée d’Eric Fottorino qui a réalisé lui aussi les étapes du tour avec un groupe de jeunes …
Comment se sont passées les qualifications et qui sélectionne ?
Pour candidater, il a fallu faire une présentation originale et à notre image qui réponde à différentes questions : quelles sont tes motivations à participer au projet, quel rôle souhaiterais-tu occuper avant, pendant et après le Tour ?, penses-tu à des idées nouvelles pour faire évoluer le projet ? ….
C’est un comité formé des membres du bureau du Club qui s’est réuni en novembre pour faire la sélection. Cette année, 89 demandes de dossier de candidatures, 33 présentations reçues dans les délais … pour seulement 13 places !
Pour ma part, c’est Antoine, un ami, qui a réalisé une vidéo de moi en drone dans les Lacets de Montvernier, passage star du Tour de France 2015 et 2018.
Connaissez vous les autres cyclistes ? Y aura t-il de la concurrence ?
J’ai eu le plaisir de rencontrer mes coéquipières en février pendant un week-end de cohésion dans l’Essonne : Alexia, Aline, Anna, Aodez, Caroline, Claire, Christine, Lore, Marine, Solène, Stéphanie et Tetiana.
Aucune concurrence entre nous puisqu’il ne s’agit pas d’une compétition et que nous avons toutes le même objectif : Promouvoir le cyclisme féminin !
Quelle sera votre préparation d’ici juillet ?
Un niveau cycliste confirmé est exigé ainsi qu’un entrainement suffisant permettant de pédaler sur 3500 km et plus de 50 000 mètres de dénivelé pendant 3 semaines. Il faut avoir une préparation et une condition physique permettant d’encaisser de longues journées de vélo de 8 à 10h de selle par jour tout en dormant 5 à 6h par nuit.
Je remercie d’ailleurs Vélocoachonline de m’avoir fait confiance et de m’avoir établi un programme d’entrainement.
Toute l’équipe a d’ailleurs eu la chance de participer à un stage d’entrainement et de perfectionnement début mars en Espagne encadré par Vélo2max – Ferrier Academy.
Pendant ce Tour de France féminin, quels seront les points de convergences et/ou de divergences avec le Tour de France masculin ?
Pendant nos 3 semaines, nous serons suivies par Mathieu, le coordonnateur de l’encadrement, des logisticiens, kinés, mécaniciens, photographes, médias, ainsi que par plusieurs véhicules.
Il y a cependant de nombreux points de divergence avec les hommes : les routes ne sont pas fermées à J-1, aucune caravane publicitaire, les transferts se font en voiture et non en avion, beaucoup moins de partenaires … Et surtout, nous ne sommes pas une course, mais espérons attirer l’attention des organisateurs sur ce manque !
Le seul point commun réside dans la présence des supporters passionnés au bord des routes !
Cette 4ème édition, servira de support à une grande fête du cyclisme au féminin sur notre territoire du 6 au 28 juillet 2018. Avec mon équipe, nous fédérerons les femmes cyclistes de la débutante au plus haut niveau au fil des régions traversées pour pédaler avec nous dans le but de changer les représentations en présentant le cyclisme comme un sport mixte.
En tant que femme, avez-vous déjà rencontré des obstacles sur votre route ? Au regard des disparités existantes entre le peloton masculin et féminin d’un point de vue physiologique, ne pensez vous pas qu’un parcours adapté serait plus approprié plutôt qu’un parcours 100% calqué ?
A ce jour, encore beaucoup trop de sexisme existe dans le sport, même si la situation tend à s’améliorer, nous sommes encore loin d’une égalité des sexes ! Pour diverses raisons, le sport féminin reste encore trop confidentiel mais je suis convaincue qu’amatrices ou professionnelles, les femmes ont leur place dans le sport ! Si avec notre équipe Donnons des Elles au vélo J-1, amatrices, nous sommes capables de faire les mêmes étapes que les hommes, les professionnelles le feront ! Il faut le retour d’une grande course par étapes médiatisée en France, réservée aux femmes !
Enfin, selon vous, Jeannie Longo a t-elle fait du bien au vélo féminin ou l’inverse ?
Je retiens que de 1984 à 1989, le Tour de France a fait la notoriété de cette femme. 30 ans plus tard, nous parlons encore d’elle, c’est une grande dame du cyclisme français et elle le restera. Mais aujourd’hui il faut vivre avec son temps et ses nouvelles championnes qui sont, je pense, plus représentatives !
Le mot de la fin ?
Aujourd’hui, mon équipe et moi, nous vous attendons toutes et tous du 6 au 28 juillet 2018 pour nous encourager au bord des routes et sur vos vélos. En attendant, suivez nous sur les réseaux sociaux Donnons des Elles au Vélo J-1.
A l »instar de la campagne de lutte contre les discriminations dans le sport présentée ce jeudi 15 mars 2018 au Ministère des Sports par Madame Laura Flessel Ministre des Sports, espérons que cette belle initiative tende toujours plus à promouvoir le cyclisme féminin dans le cœur des français et de changer certaines représentations parfois préconçues.
Mathilde Duriez, vélo101