Les amateurs méritent-ils un meilleur suivi des médias ?
Si vous avez suivi notre actualité « Amateurs » de novembre et lu les interviews passionnants de tous les directeurs sportifs, vous aurez noté comme nous que la plupart souligne l’incohérence du calendrier et du format de la coupe de France d’un côté. Par ailleurs, ils souffrent tous du manque de médiatisation des événements majeurs et plus globalement de la coupe de France dont pas mal nous ont souligné qu’entre une belle épreuve locale avec les médias locaux en couverture, est à privilégier au regarde de leurs partenaires collectivités locales et sponsors eux-aussi locaux en général, au détriment d’une manche de coupe de France, trop souvent révélatrice des mêmes profils de coureurs et surtout sans retombées médiatiques.
© COG
Côté organisations, c’est vrai que ne serait-ce que dans la terminologie, difficile de suivre, on a les amateurs, les élites, les DN 1 puis 2 puis 3, les espoirs, si on ajoute que certains sont mobilisés par l’équipe de France en même temps que leurs équipiers représentent le club et que les meilleurs sont stagiaires pros à compter du 1er août, voire les courses où les équipes pros courent avec les meilleures formations amateurs! bon courage à ceux qui démarchent des sponsors potentiels, et doivent les séduire. On le sait « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » et ce qui est facile à expliquer est plus facile à comprendre surtout pour celui (le sponsor qui tente de s’intéresser à la discipline) qui, au départ, connaît peu ou pas du tout. D’où une terminologie plus facile à comprendre et surtout très vite un calendrier facile à suivre entre courses d’un jour et courses sur plusieurs jours, tout ça couplé avec une coupe de France qui soit sur des terrains variés pour mettre en valeur les différents profils de coureurs qui composent légitimement les équipes.
On me dit dans l’oreillette que « les médias sont concernés par le premier chapitre de votre intervention ». Tout à fait d’accord. On parle des coureurs amateurs, ceux qui seront dans les pelotons pros pour les meilleurs d’entre eux (au moins une douzaine par an, quand même !) et feront le Tour de France pour pas mal d’ici peu d’années. Si l’on prend l’ensemble de la palette des médias traitant de vélo régulièrement, on voit que : les nombreux magazines papier traitent tous de la même chose : en gros de tests de matériel, les mêmes produits d’ailleurs le plus souvent, tests de plus en plus galvaudés, et pas seulement sur le forum de 101. Ensuite, ils traitent de moins en moins de reportages, si ce n’est des visites d’usines au profil publi-info, mais des reportages sur des événements terrain, ceux du dimanche, on le voit sur le cyclosport où ça réduit comme peau de chagrin, il y aurait un beau suivi à faire sur les amateurs, dommage !
| © Julie Desanlis
Côté télés, difficile si ce n’est sur les télés locales d’imaginer un suivi régulier type un magazine du cyclisme amateurs, et ne parlons pas des télés nationales. Reste la presse quotidienne qui relaie dans la mesure où les événements se déroulent dans sa zone de chalandise, sinon oublie de traiter les épreuves plus nationales. Et l’internet alors ? Et oui, à part un site qui fait du direct et 101 pas assez régulièrement, trop d’abonnés absents au rendez-vous. C’est fort dommage, car il est bien évident que le cyclisme amateur c’est du haut niveau déjà, un niveau bien au-delà du cyclosport, on est d’accord et pourtant le cyclosport est plus couvert aujourd’hui que le cyclisme amateur.
C’est le moment des bonnes résolutions et des bonnes idées, on l’espère ! Alors côté 101, nous allons prolonger le suivi des néo-pros 2019 où notre objectif de mettre en valeur toute la filière suivie par ces jeunes coureurs pros, a été atteint et même dépassé. Pour 2019, nous ferons en sorte de flasher les principaux résultats du week-end, puis le lundi ou mardi au plus tard, de revenir sur les principaux résultats récents à travers article et photos, et en prime, vous aurez deux interviews de coureurs, organisateurs, directeurs sportifs, …liste non exhaustive, mesdames et messieurs, premiers rendez-vous possibles sur notre agenda début février à caler sur partenariat@velo101.com
L’Étape du Tour a-t-elle vocation à rester dans les Alpes ?
Christian Prudhomme vante chaque automne venu le charme des massifs intermédiaires. Depuis son arrivée aux affaires, le parcours du Tour est plus varié, même si on envie quelques fois l’audace Italienne ou Espagnole. L’Étape du Tour, elle, se cale dans la roue du Tour pour faire rêver le maximum de participants potentiels, d’où les grands cols qui ont fait la légende du Tour et doit chaque année trouver son parcours et sa date, si possible pas trop loin, mais avant, les pros, histoire que chacun, quelques jours plus tard se dise « j’y étais et là, j’en ai bavé ! ».
Les cols qui font et ont fait la légende du Tour sont avant tout dans les Alpes et les Pyrénées si l’on oublie le Puy de Dôme, où s’est sans doute écrit, en 1964, le plus beau duel d’homme à homme qui soit et bien au-delà. Le Géant Auvergnat étant exclu du jeu pour cause de tramway payant, il nous reste sous la dent, les 2 massifs chaque année visités par le Tour. Or depuis 5 ans maintenant et La Toussuire en 2015, les Alpes reçoivent chaque année l’Étape du Tour : Morzine, l’Izoard, le Grand Bornand et Val Thorens en 2019, alors qu’en 2019 justement Peyresourde, Hautacam, Soulor et Tourmalet sont à l’affiche des Pyrénées, rien que ça. Les terrains de jeu sont là, d’où vient cette réticence, cette timidité synonyme de Pyrénées ?
Etape du Tour 2018 | © Etape du Tour
La distance des étapes et la dénivellation ne sont pas à cocher pour trouver l’explication. Peut-être que le coût direct, aux alentours de 200 000 euros, et le coût indirect, au moins la moitié de ce premier budget, sont un premier élément d’explication quand on sait que les retombées médiatiques sont moindres sur une étape qui rassemble des cyclosportifs, certes très performants mais où la vedette du peloton, c’est justement le peloton plutôt qu’un ou des individus vendeurs.
En revanche, côté retours économiques, là est la donne. 15 000 coureurs, leurs familles, tous les exposants, l’organisation, les médias présents, …ça fait énormément de monde à loger, à nourrir, à séduire qui plus est quand une bonne partie du public est internationale donc susceptible de rester plus longtemps et avec un pouvoir d’achat intéressant car venus par les Tour-Operators. Sur les Pyrénées, mis à part Pau ou Toulouse, seules possibilités côté hébergements, mais dont il semble que la première ne veuille plus accueillir l’étape des cyclos et la seconde excentre de façon très importante le départ de l’arrivée si on veut aller chercher les grands cols. Autre point majeur pour l’accueil de l’Étape du Tour, la desserte côté aéroports. Compte-tenu de la proportion d’étrangers sur l’Étape du Tour, à minima 50% venus de plus de 70 pays, vive l’internationalisation du vélo, un ou des aéroports internationaux sont nécessaires à proximité, au moins du départ de la plus grosse cyclo en France. Genève, Lyon, voire aussi les dessertes TGV même si moins importantes pour les cyclistes, répondent beaucoup mieux aux critères que les grandes villes du Sud-Ouest.
Etape du Tour 2018 | © Etape du Tour
Dernier point qui joue sans doute un peu, pour attirer 15 000 coureurs, ce qui est l’objectif de l’organisateur désormais, les Alpes offrent sans doute plus de variété dans l’offre des cols de légende que les Pyrénées. Espérons que cet ancrage ne soit que temporaire, même si on en doute. Les Pyrénées, plus sauvages, plus nature où on a le sentiment si souvent vécu que du gazon a été posé sur la montagne, où les animaux sont souvent nos compagnons de bout de routes ! ont tous les atouts sportifs et environnementaux pour recevoir dignement l’Étape du Tour, c’est indéniable et elles sont lancé le concept : Tarbes-Pau 1993, ne l’oublions pas. Malgré tout, les Alpes l’emportent si on prend en compte presque tous ces critères et qu’on y ajoute ceux évoqués plus haut, le réalisme se doit de l’emporter sur le charme. A suivre pour 2020 et le Grand départ Niçois.