On parle souvent de la moyenne d’âge des cyclistes amateurs, qui de plus en plus jeunes arrivent dans les formations DN1 avant, pour certains d’entre d’eux, de franchir le Rubicon un jour, la vie de jeune adulte à peine débutée. Aujourd’hui, au Prix Gilbert Bousquet, une des plus belles classiques bretonnes du calendrier, l’âge des « stars » du jour ne dépasse pas la vingtaine d’années. Leurs noms ? Olivier Le Gac, champion du monde Juniors 2010, 18 ans. Geoffrey Millour, vice-champion de France Juniors 2010, 18 ans, tout comme Pierre-Henri Lecuisinier, champion d’Europe et du monde Juniors 2011. Trois « jeunots » à l’immense talent, attendus pour faire parler la poudre dans une édition étonnamment courue sous un magnifique soleil. C’est donc un peloton talentueux qui s’élance de Landivisiau pour 155,4 kilomètres de course.
Peloton qui est scindé en deux dès la première demi-heure de course, la faute à une chute collective et à un certain vent qui a causé de nombreuses bordures. Les groupes sont désorganisés, on s’observe, on essaie de s’abriter du vent, de rattraper le groupe de devant, mais au final vingt-et-un hommes, dont Lecuisinier, Nauleau, Millour et Michael Olejnik, réussissent à prendre suffisamment d’avance, jusqu’à deux minutes, pour ne plus être rejoints avant le circuit final. Alors qu’il reste encore près de huit tours à effectuer, l’avance du groupe de tête n’est plus que de 40 secondes, et ce après la mise en action des coureurs du BIC 2000 qui, à domicile, souhaitent placer le maximum de leurs coureurs en tête afin d’essayer de remporter cette course qui leur a toujours échappé. Le public, très présent, a déjà son chouchou : Olivier Le Gac. Il est si jeune et s’est déjà adapté au monde de la DN1. Il force alors l’allure, avec le soutien des spectateurs. Le groupe de tête a perdu des éléments, rattrapés par une dizaine de coureurs comme Chopin, Saux ou encore Le Vessier. Geoffrey Millour craque, ce n’est pas aujourd’hui qu’il remportera sa première course de la saison.
Il faut attendre le cinquième tour pour que la course prenne une toute autre tournure. Rudy Kowalski et Kévin Desousa s’échappent avec une trentaine de secondes d’avance sur Lecuisinier, Jeannès et consorts. On se dit alors que le Bousquet est peut-être en train de se jouer ! Le Gac perd alors toute chance de victoire. Marqué comme jamais, le jeune Brestois n’est plus dans le groupe de contre. Nous sommes dans le dernier tour : Olejnik, Louyest et Lecuisinier ont rejoint les deux fuyards, la victoire se décidera donc entre ces cinq coureurs ! Louyest tente sa chance à la flamme rouge mais sans succès puisque le champion du monde Juniors, une des attractions de la journée, lance son sprint. On croit à la victoire d’un petit nouveau dans le monde des Elites, mais c’est sans compter sur l’expérimenté Michael Olejnik (Véranda Rideau-U).
A 32 ans, le néo-professionnel polonais fait donc parler sa pointe de vitesse pour finalement s’imposer. Cette fois, les plus expérimentés ont eu raison de la fougue et de l’énergie des grands espoirs du cyclisme français. Alors oui, Lecuisinier, Millour, Le Gac n’ont peut-être pas gagné. Mais on oublie souvent qu’ils n’ont que 18 ans, tout le temps pour apprendre et enrichir leurs palmarès déjà bien rempli. On l’oublie, et pour cause, au vu de ce que ces trois-là réalisent en ce début de saison, il y a de quoi se dire que, finalement, le Rubicon n’est déjà plus si loin que cela. – Mathilde L’Azou
Classement :
1. Michael Olejnik (POL, Véranda Rideau-U) les 155,4 km en 3h39’11 » (42,5 km/h)
2. Pierre-Henri Lecuisinier (Vendée U)
3. Christopher De Souza (USSA Pavilly-Barentin)
4. Rudy Kowalski (VC Rouen 76)
5. Edouard Louyest (UC Nantes-Atlantique)
6. Clément Saint-Martin (USSA Pavilly-Barentin)
7. Matthieu Jeannès (VS Scaër)
8. Stéven Le Vessier (VCP Loudéac)
9. Julien Guay (Roubaix Lille Métropole)
10. Jérémy Cornu (Vendée U)