Mathieu Burgaudeau 2013

Mathieu Burgaudeau (au centre) en 2013 alors au Saint-Jean de Monts Vendée Cyclisme | © Sportbreizh.com

Mathieu, vous souvenez-vous de votre première expérience sur un vélo ?

C’est simple, j’avais deux ans et demi. Je faisais du vélo avec mon père, il m’emmenait régulièrement en faire. A l’époque on s’est vite aperçu que je n’avais plus besoin des stabilisateurs. Le vélo est quelque chose qui est venu rapidement et très naturellement.

Etes-vous issu d’une famille de cyclistes ?

Non, je ne suis pas du tout issu d’une famille de cyclistes. Mon père roulait en VTT mais juste pour le plaisir. La volonté d’en faire en club est venue beaucoup plus tard, vers l’âge de treize ou quatorze ans. J’avais des amis qui devaient faire un triathlon par équipe et j’ai participé avec eux à cette compétition. On m’a prêté un vélo de course pour l’occasion et j’ai plutôt bien « marché » lors de cette épreuve, une première pour moi alors que je ne m’entraînais pas spécifiquement. Cet évènement a été pour le déclic pour prendre une licence. Au-delà de ça, lorsque nous allions rouler en VTT avec mon père, il me disait de pratiquer en club; il voyait que je me débrouillais plutôt bien pour quelqu’un qui ne roulait qu’une fois par semaine. 

Quel fut votre premier club ?

J’ai pris ma première licence au Saint-Jean-de-Monts Vendée Cyclisme lorsque j’étais en cadet. Comme la saison de route était terminée, j’ai commencé par le cyclo-cross au mois de septembre. J’ai enchainé ensuite avec la saison sur route. Ca a tout de suite bien fonctionné puisque j’ai remporté ma première victoire lors de ma deuxième course sur route chez les Cadets. Forcément, ça m’a incité à continuer…

Quelles ont été les autres étapes par la suite ?

Je suis resté au Saint-Jean-de-Monts Vendée Cyclisme durant mes années chez les Cadets et les Juniors. J’ai intégré le pôle espoir de la Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme lorsque j’étais chez les Juniors. J’ai connu mon premier entraineur là-bas, Tony Josselin, qui m’a beaucoup apporté avec la structure du pôle. J’ai fait deux belles années durant lesquelles j’ai pu intégrer l’équipe de France et participer notamment aux championnats d’Europe et aux championnats du monde. Ensuite j’ai intégré l’équipe du Vendée U en Espoir 1. J’ai fait mes deux années chez les Espoirs dans cette équipe, et maintenant je vais passer professionnel au 1er janvier.

Durant cette période, au Vendée U notamment, quels ont été les moments formateurs selon vous ?

Je retiens forcément ma victoire sur le Manche-Atlantique (Mathieu Burgaudeau a remporté cette épreuve en 2017, NDLR). C’est la course qui a été l’élément déclencheur. Grâce à ce succès je me suis dit que j’avais peut-être le niveau pour passer pro. J’avais tout de même fait un beau numéro en fin de course, d’autant plus qu’il y avait du « beau monde ». C’est clairement cet élément qui m’a fait prendre conscience que j’avais le niveau pour aller plus haut si je continuais à travailler sérieusement. Ça m’a donné davantage de motivation pour la suite, et d’ailleurs tout s’est parfaitement bien enchaîné après cette épreuve. J’ai su profiter de cette victoire qui a engendré d’autres succès. Il y a également eu des moments plus difficiles que j’ai su analyser pour mieux rebondir, notamment quelques blessures. L’été dernier je suis tombé sur la Sportbreizh, à la suite de ça je suis resté à l’écart mais j’ai su revenir plus fort et faire une belle fin de saison avec le Vendée U, ou même en tant que stagiaire avec Direct Energie. Cet été j’ai également été arrêté pendant un bon mois à cause de problèmes au dos. Je suis revenu et j’ai remporté une belle étape sur les Trois Jours de Cherbourg alors que je n’étais pas encore à 100%. Tous ces moments plus compliqués m’ont rendu plus fort.

Mathieu Burgaudeau 2015 EDFMathieu Burgaudeau (à gauche) sous les couleurs tricolores en 2015 | © SJM VC

« Les moments difficiles rendent plus fort et permettent d’apprendre »

Ces moments ont forgé votre mental…

On apprend toujours plus sur soi-même lorsqu’on est blessé, lorsqu’on perd, que lorsqu’on gagne. La victoire n’appelle pas forcément à une remise en question parce que tout a bien fonctionné, par contre quand c’est l’inverse on se demande pourquoi ça s’est passé comme ça, pourquoi ça n’a pas fonctionné. C’est comme ça qu’on avance et qu’on arrive à trouver des solutions pour la suite.

Y a-t-il eu des périodes compliquées où vous avez pensé arrêter ? 

Non, pas du tout. Je ne suis pas quelqu’un qui lâche comme ça, au contraire. Je me dis que si ça arrive c’est que ça doit arriver. Ca ne sert à rien de se prendre la tête, il faut faire avec et puis trouver des solutions qui apporteront quelque chose de supplémentaire pour la suite. Les moments difficiles rendent plus fort et permettent d’apprendre sur soi. C’est comme ça qu’on s’améliore. Ces moments sont même très bénéfiques pour la suite.

Quelles sont les personnes qui ont joué un rôle clé dans votre parcours ?

Il y a eu Tony Josselin, forcément. Quand je suis arrivé au pôle espoir, je ne connaissais pas grand chose au vélo, je m’entraînais seul sans connaître certaines techniques, la diététique… Tony (Josselin) m’a apporté son savoir et m’a permis d’évoluer. Ca a vraiment été un très bon entraîneur que j’ai malheureusement dû quitter lors de ma deuxième saison au Vendée U, parce que l’équipe voulait centraliser les entraîneurs. Cette année, j’ai pu bénéficier des services de Maxime Robin, qui est également un excellent entraîneur. Ces deux personnes ont vraiment été importantes pour moi.

Avez-vous pratiqué d’autres sports que le cyclisme ?

J’ai joué au football pendant sept ans et au tennis pendant huit ans. J’avais un assez bon niveau au tennis, j’étais dans les cinq meilleurs régionaux. J’ai toujours aimé le sport et j’en ai toujours beaucoup fait.

Comment vos études se sont organisées en parallèle du cyclisme ?

J’ai passé un baccalauréat ES. On était vraiment bien suivi avec le pôle espoir. Richard Tremblay (responsable du pôle à La Roche-sur-Yon Vendée Cyclisme, ndlr) mettait vraiment l’accent là-dessus. Il faisait passer nos études avant le vélo. Nous étions obligés de nous impliquer dans le domaine scolaire. En plus nos horaires étaient vraiment bien aménagés pour concilier nos études et la pratique du vélo. Après mon baccalauréat j’ai passé un DUT Gestion des Entreprises et des Administrations. J’ai pu bénéficier là aussi d’horaires aménagés pour que je puisse continuer à m’entraîner correctement. Les professeurs ont vraiment été géniaux sur ce point, ça a bien facilité les choses pour mon double projet.

« Je ne veux pas être professionnel juste pour dire d’être professionnel »

Quel regard portez-vous sur le travail accompli ?

C’est un rêve qui se réalise. Je vais être professionnel, c’est bien. Pour autant je ne veux pas être professionnel juste pour dire d’être professionnel. Le but c’est de continuer à être performant comme j’ai pu l’être chez les Cadets, les Juniors ou chez les Espoirs, même si je me doute bien que ça sera compliqué au début. Je ne me mets pas de barrière, je ne m’interdis rien. Je vais travailler comme j’ai l’habitude de le faire pour pouvoir performer et être acteur sur les courses. 

Y a-t-il des courses qui vous font rêver ?

Je ne vais pas avoir d’objectif en terme de résultats cette année, mais des courses comme la Flèche Wallonne ou Liège-Bastogne-Liège me font rêver. J’aimerais vraiment les découvrir. J’espère que j’aurai le niveau pour être aligné sur ces courses, je veux m’en donner les moyens. A plus long terme j’espère gagner chez les pros, forcément.

Mathieu Burgaudeau Vendée Y 2Mathieu Burgaudeau tout sourire avec le maillot du Vendée U | © Nolwenn Geffroy

Pour en revenir à la formation, trouvez-vous que le travail des clubs est assez mis en avant ?

Je pense que ce n’est pas assez mis en évidence. De notre côté nous sommes une « pyramide » avec le pôle espoir de La Roche-sur-Yon, le Vendée U et Direct Energie; chez nous c’est plutôt bien mis en évidence. De manière générale, il faut remercier tous les clubs et tous les pôles car pour quelqu’un comme moi, qui ne connaissait rien au vélo, je n’aurais jamais pu atteindre le niveau que j’ai aujourd’hui sans les l’apport des personnes qui oeuvrent dans ces structures. 

Pensez-vous que les clubs formateurs devraient recevoir une indemnité pour le travail accompli ? 

Je sais que la FFC n’a pas beaucoup d’argent. On a tendance à vite oublier le travail qui a pu être effectué, c’est important d’être reconnaissant du travail accompli. Ces clubs donnent sans compter et reçoivent peu en retour. Je crois que l’objectif principal des clubs formateurs n’est pas là, ils n’éduquent pas pour l’argent, ils le font par passion. Mais dans tous les cas c’est important de respecter ça et de montrer une forme de reconnaissance par rapport à l’investissement fourni.

Avez-vous eu un modèle durant toutes ces années, des personnes qui ont été une source d’inspiration?

En tant que Vendéen, je dirais que toutes les personnes qui gravitent autour de l’équipe professionnelle Direct Energie, et notamment Jean-René Bernaudeau, qui a tout crée depuis les débuts, ont été une source d’inspiration. Sur le plan sportif j’ai toujours admiré Thomas Voeckler qui a eu une carrière incroyable. J’apprécie également beaucoup un coureur comme Julian Alaphilippe. Ma famille a été un facteur très important durant toutes ces années, elle a toujours été un soutien pour moi. 

Propos recueillis par M.L.