Comme l’an passé, l’étape du Grand-Colombier a été décisive dans le classement général final de ce Tour de l’Ain. Parce que c’est la dernière étape d’une part, mais surtout parce que le Grand-Colombier est un col à part. Le « Ventoux du Nord » disent les habitants du coin. Et pour cause. Ce bloc de granit imposant dressé dans la fôret d’Arvière fait peur aux cyclistes pour sa longueur et ses pourcentages à deux chiffres. La dure loi de la montagne a encore frappé cet après-midi. Les plus costauds sont à l’avant, à l’arrière c’est sauve qui peut. Il faut pourtant noter que le Grand-Colombier a été grimpé aujourd’hui par son côté le plus facile, celui d’Artemare. Malgré les deux derniers kilomètres interminables à 11%, la pente moyenne est de 6% pendant 20 km. Par comparaison, le versant d’Anglefort porte bien son nom puisqu’il représente 15 km à 8 % de moyenne, un pourcentage digne de l’Alpe d’Huez. Mais contrairement à l’Alpe, le Grand-Colombier n’a jamais été emprunté par le Tour de France. On espère que cette étape donnera quelques idées aux organisateurs de la Grande Boucle…
Au départ ce matin à Culoz, les coureurs –Tony Gallopin (Cofidis) le premier- étaient bien conscients que tout allait se jouer aujourd’hui. Les dix premiers du général se tiennent en douze secondes. Une broutille avant le menu du jour. Sur les 128 kilomètres de course, le parcours emprunte trois difficultés répertoriées. La côte de Saint-Bois (km 29, 4ème catégorie), la bosse de Champagne-en-Valromey (km 67, 3ème catégorie) et le majestueux Grand-Colombier (km 90, Hors-catégorie). Au sommet, il reste donc 37 bornes pour rallier Belley dont 17 de descente vertigineuse vers Culoz sur une route étroite et au bitume irrégulier. Les vingt derniers étant vallonnés dans les vignobles du canton de Belley. Bref, pour triompher aujourd’hui il fallait avoir gardé des forces. Et pourtant, comme on pouvait y s’attendre, c’est à un départ ultra-rapide dont nous avons eu droit dès la sortie de Culoz. Cédric Pineau (Roubaix Lille Métropole), Arnaud Courteille (Eq. de France espoirs), Thomas Damuseau (Skill-Shimano) et Wesley Kreder (Rabobank espoirs) s’isolent en tête de la course. Aucun favori n’est présent dans l’échappée qui ne compte qu’une minute trente à Champagne-en-Valromey. Tout va donc se jouer comme prévu dans le Grand-Colombier…
Le premier favori à prendre ses responsabilités n’est autre que Jérôme Coppel (Saur-Sojasun). Onzième au classement général, le savoyard veut remporter ce Tour de l’Ain. C’est son objectif. Il fait littéralement exploser le peloton qui revient à allure grand V sur les échappés. Mais la RadioShack d’Haimar Zubeldia ne laisse pas Coppel s’envoler dans le Colombier. La sélection se fait à la pédale, naturellement. Malgré les multiples attaques de Coppel dans le col, c’est un groupe d’une dizaine de coureurs qui passe d’abord au sommet du Grand-Colombier, l’excellent Thibault Pinot (FDJ), 20 ans seulement, en tête. Dans la descente, deux groupes distincts se forment. Le premier est composé de Wouter Poels (Vacansoleil), Haimar Zubeldia, Thibault Pinot, Jérôme Coppel, Johann Tschopp (Bbox Bouygues Telecom), Tejay Van Garderen (HTC-Columbia), David Moncoutié (Cofidis) et Fabrice Jeandesboz (Saur-Sojasun). Le Maillot Jaune Tony Gallopin est dans le second groupe. Un groupe d’une quinzaine de coureurs dont Bouet (Ag2r La Mondiale) et Van Avermaet (Omega Pharma-Lotto).
Durant les trente derniers kilomètres, l’écart entre ces deux paquets oscille autour des trente secondes. Il redescend même alors à 15 secondes à 8 km de l’arrivée, et l’on se met à croire alors qu’un sprint massif clôturera encore l’étape. Mais Coppel, encore lui, n’en finit plus d’attaquer, de relancer. En vain à chaque fois malheureusement. Les huit hommes de tête se disputent donc la victoire au sprint. Et dans le dernier « coup de cul » qui fait office d’arrivée, le Néerlandais Wouter Poels est le plus puissant. A même pas 23 ans, il s’impose devant David Moncoutié, Thibault Pinot et Haimar Zubeldia. Le groupe « Maillot Jaune » arrive avec 38 secondes de retard. Si Tony Gallopin perd instantanément son maillot de leader, il est par contre beaucoup plus délicat de deviner qui a remporté le classement général final de ce Tour de l’Ain. Avant cette étape Zubeldia possèdait en effet dix secondes d’avance sur Poels. Mais avec les bonifications, Poels refait totalement son retard ! Finalement, c’est aux centièmes que se jouent ce Tour de l’Ain, puisque Zubeldia conserve vingt centièmes d’avance sur le Néerlandais. Que ce serait-il passé si Poels n’avait pas levé les bras à Belley ? Une avance infime révélatrice aussi de l’importance du prologue durant ces cinq jours de course. Coppel a d’ailleurs avoué à l’arrivée qu’il était très déçu que la course se soit jouée sur le prologue et que la montagne n’ait pas été mise assez valeur comme l’an passé par exemple avec l’arrivée jugée au sommet du Grand-Colombier. Ceci dit, le top 10 final, avec les Moncoutié, Pinot, Coppel et Tschopp, prouve bien que le Tour de l’Ain sourit aux grimpeurs. Une fois de plus…
Classement 4ème étape :
1. Wouter Poels (PBS, Vacansoleil) les 127,8 km en 3h15’39 »
2. David Moncoutie (FRA, Cofidis) m.t.
3. Thibault Pinot (FRA, FDJ) m.t.
4. Haimar Zubeldia (ESP, Radioshack) m.t.
5. Fabrice Jeandesboz (FRA, Saur-Sojasun) à 3 sec.
6. Johann Tschopp (SUI, BBox Bouygues Telecom) m.t.
7. Jérôme Coppel (Fra) Saur-Sojasun) à 5 sec.
8. Tejay Van Garderen (USA, HTC-Columbia) m.t.
9. Greg Van Avermaet (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 28 sec.
10. Maxime Mederel (FRA, Big Mat-Auber 93) à 38 sec.
Classement complet
Classement général final:
1. Haimar Zubeldia (ESP, Radioshack) en 13h44’32 »
2. Wouter Poels (PBS, Vacansoleil) m.t.
3. David Moncoutie (FRA, Cofidis) à 5 sec.
4. Tejay Van Garderen (USA, HTC-Columbia) à 7 sec.
5. Thibault Pinot (FRA, FDJ) à 10 sec.
6. Jérôme Coppel (FRA, Saur-Sojasun) à 11 sec.
7. Fabrice Jeandesboz (FRA, Saur-Sojasun) à 13 sec.
8. Johann Tschopp (SUI, BBox Bouygues Telecom) à 19 sec.
9. Greg Van Avermaet (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 23 sec.
10. Tony Gallopin (FRA, Cofidis) à 31 sec.