Au fond de lui, Victor Koretzky s’était forcément imaginé d’autres débuts en Coupe du Monde quand, surclassé chez les Elites pour avoir une chance de décrocher sa place aux Jeux Olympiques de Rio, il était passé à côté du rendez-vous de Cairns. Auteur d’un brillant début de saison qui l’avait vu s’imposer coup sur coup à Chelva, à Banyoles et à Marseille, sur la première Coupe de France, mais aussi prendre une 5ème place en Bundesliga derrière Absalon, Schurter, Marotte et Fanger, l’Héraultais de 21 ans se voyait déjà titiller le gratin mondial à Cairns. Mais en multipliant tous les malheurs possibles – un pilote qui l’enferme, une chute violente, une crevaison, des douleurs dorsales, une nouvelle gamelle par manque de lucidité –, Victor Koretzky s’est retrouvé puni au fond de la classe des grands, 55ème en Australie.
S’il a déjà à cœur de se racheter quand reviendra son tour en Coupe du Monde dans deux semaines à Albstadt et trois semaines à La Bresse, Victor Koretzky est revenu aux sources ce matin tandis qu’il prenait le départ des Championnats d’Europe dans la catégorie Espoir à laquelle il appartient pour la quatrième et dernière année. Une catégorie d’âge dans laquelle il avait souvent tourné autour du titre tous championnats confondus… sans jamais le décrocher, médaillé d’argent des France en 2014 et 2015 et encore médaillé d’argent des Mondiaux l’été dernier à Vallnord, où Anton Cooper l’avait battu au sprint.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que le pilote BH ne sera pas passé cette fois à côté de son objectif. L’équipe de France, avec Romain Seigle (2ème à Cairns chez les Espoirs) et Titouan Carod (3ème), partait favorite à Huskvarna, sur le circuit suédois qui reçoit depuis jeudi les Championnats d’Europe de cross-country. Et elle aura tout de suite imposé sa supériorité aux autres nations. Tout du moins s’agissant de Victor Koretzky et Titouan Carod, puisque Romain Seigle s’est fait sortir du jeu dès le départ sur un bris de chaîne (15ème au final).
Jan Vastl (République Tchèque) et Sebastian Carstensen (Danemark) ont bien essayé de suivre le tandem français, mais dès la première montée ce dernier leur a rendu la vie impossible. C’est Marcel Guerrini, le Suisse auteur jeudi du meilleur départ dans le relais des teams, qui s’est emparé de la 3ème position… mais déjà hors de portée du duo de tête, qui en dépit d’une chute bénigne de Titouan Carod dans la deuxième boucle, aura su progresser collectivement pour atteindre le tour final avec 1’44 » d’avance sur son premier poursuivant.
S’il était entendu que le titre européen allait revenir à la France, il fallait maintenant le départager entre Koretzky et Carod, mais on n’aura pas eu à attendre bien longtemps. A l’assaut de la dernière montée de la piste de ski, Victor Koretzky se dresse sur les pédales, jette un œil en arrière, remarque que Titouan Carod n’est pas en mesure de se lever de la selle, et insiste en danseuse pour basculer dans la section descendante avec 6 secondes d’avance déjà. Un profit qu’il augmentera jusqu’à la ligne, à coup de relances énergiques, pour gommer ses frustrations passées et ajouter une première étoile à son palmarès.
Classement :
1. Victor Koretzky (FRA, France) en 1h21’37 »
2. Titouan Carod (FRA, France) à 27 sec.
3. Marcel Guerrini (SUI, Suisse) à 2’36 »
4. Ben Zwiehoff (ALL, Allemagne) à 3’59 »
5. Simon Andreassen (DAN, Danemark) à 4’26 »
6. Milan Vader (PBS, Pays-Bas) à 4’27 »
7. Nadir Colledani (ITA, Italie) à 4’30 »
8. Andri Frischknecht (SUI, Suisse) à 4’36 »
9. Luca Schwarzbauer (ALL, Allemagne) à 5’21 »
10. Matej Prudek (TCH, République Tchèque) à 5’23 »