Mickaël, vous êtes l’entraîneur de Jean-Christophe Péraud. Comment a-t-il fini le Tour de France ?
Il l’a fini fatigué. Ça a été compliqué avec les chutes en première semaine qui ont assez facilement mis à terre ses envies de bien faire au classement général. Après, il a chassé des étapes. Quelque part, ça a été un mal pour un bien. Il n’a pas été obligé d’être constamment aux avant-postes mais il s’est donné beaucoup de mal pour gagner une étape. Il n’est pas passé loin mais il a fini le Tour assez fatigué.
Sa 2ème place derrière David Millar à Annonay-Davézieux reste le meilleur résultat d’une équipe Ag2r La Mondiale en difficulté ?
Plus qu’un Tour difficile, c’est une saison difficile pour Ag2r La Mondiale. Il y avait deux leaders dans l’équipe. Les faits de course ont fait ensuite que Nicolas Roche est devenu le leader unique. Jicé s’est alors mis à jouer les étapes. Des fois ça ne se joue pas à grand-chose. Il n’a pas manqué grand-chose à Ag2r La Mondiale pour qu’elle sauve son Tour. Maintenant, place aux Jeux !
Il y a trois semaines entre la fin du Tour de France et la course olympique de VTT à laquelle participera Jean-Christophe Péraud le 12 août. Un nouveau cycle recommence-t-il à partir de là ?
On l’a vraiment programmé comme un nouveau cycle, oui, avec trois semaines bien distinctes. Une première semaine orientée sur la récupération et la reprise de marques techniques sur le VTT, une deuxième semaine de travail dans laquelle on se trouve actuellement, et une dernière semaine destinée à la découverte du parcours des JO.
En quoi a consisté la récupération ?
Pour commencer, Jicé a pris deux jours de repos complets. Je lui avais demandé de vraiment couper physiquement et mentalement. Le connaissant, je ne me faisais pas de souci de ce côté-là. Il était très heureux de retrouver sa famille après trois semaines loin de son domicile. Ensuite il a remis en route avec une petite sortie de route, avant de raccrocher le vélo de route pour faire du VTT et du travail technique.
Quand va-t-il arriver à Londres pour reconnaître le parcours ?
Le parcours ne sera ouvert que mardi prochain. Ce week-end, il va partir pour la Belgique avec l’équipe de France. Ensuite les Bleus partiront pour Londres ensemble, dimanche soir ou lundi matin. Ce sera une découverte sans en être une car il a pu bénéficier des vidéos de l’équipe de France. Et puis j’ai eu la chance de pouvoir me rendre deux fois sur le parcours pour faire des photos et une analyse technique du parcours.
Cette reconnaissance, vous l’avez accomplie mètre par mètre ?
J’ai pris beaucoup de photos. J’ai essayé d’apprendre le parcours pour le retranscrire du mieux possible d’un point de vue technique à Jean-Christophe. Ce sont vraiment des éléments techniques que je lui ai fournis. Le parcours est fait de passages techniques sur des cailloux et transitions en terre battue. Ce sont sur ces aspects que Jicé va travailler. Je lui ai notamment dit qu’il était important de savoir faire un bunny-up dans un virage relevé, d’avoir des appuis pour gagner de la vitesse… Il faut aussi qu’il apprenne à prendre des trajectoires bis et pas toujours optimales, étant donné qu’il partira loin sur la ligne.
A quel type de parcours connu par Jean-Christophe Péraud ressemble finalement ce circuit de Londres ?
C’est difficile à dire. C’est complètement artificiel donc ça ne ressemble à rien de connu. Il y a quand même pas mal de passages où l’on peut doubler, mais il faudra faire attention à ne pas vouloir doubler tout le temps et n’importe où mais savoir aussi récupérer.
Jean-Christophe Péraud va-t-il encore s’affûter par rapport à ce qu’on a vu de lui sur le Tour de France ?
Je lui ai demandé de faire attention, même s’il est en période de récupération. Il faut qu’il fasse attention par rapport à la nourriture pour gagner quelques grammes encore, quitte à ce qu’il perde un peu de masse musculaire. On s’est rendu compte qu’il avait pris du poids depuis Pékin et surtout de la masse musculaire, ce qui est lié au vélo de route.
Repartirait-il pour une médaille d’argent ou vise-t-il encore mieux ?
Je pense qu’il serait amplement satisfait par une médaille d’argent. L’une de ses grosses qualités, c’est qu’il est capable de se préparer pour un gros objectif. C’est ce qu’il a toujours essayé de faire. Maintenant, on est un petit peu dans l’inconnue avec cette transition Tour de France-Jeux Olympiques.
Quel serait votre pronostic chez les filles puis chez les garçons ?
Je vais être chauvin, j’aimerais bien voir Julie Bresset sur la plus haute marche du podium. L’absence de la Polonaise Maja Wloszczowska relance la partie. Je vais être assez classique pour la suite : Catharine Pendrel sur la deuxième marche, Gunn-Rita Dahle sur la troisième. Chez les garçons, je miserais sur Nino Schurter devant Julien Absalon, s’il est remis de sa blessure. Après c’est très ouvert. Fontana peut être présent et, soyons fous, peut-être un Jean-Christophe Péraud.
Propos recueillis à Londres le 31 juillet 2012.